Oui, j’ai plongé sous l’Opéra Garnier à Paris !
Une plongée insolite, un lieu exceptionnel où bien peu de personnes s'aventurent : la citerne des sous-sols de l’Opéra Garnier qui sert de réserve d’eau et de lieu d’entraînement à la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris.
Récit et expérience octroyés en exclusivité pour Plongeur.com

ela faisait plusieurs mois que Patrick Venturini préparait un reportage exclusif pour Plongeur.com au sein de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris… ancien pompier plongeur lui-même, c’était pour lui le retour aux sources, et dans le jargon un peu comme "retourner au feu".
Quand il m'a proposé de partager ce projet, j'étais non seulement emballée à l’idée de côtoyer les pompiers, mais surtout de m'immiscer dans ce reportage au goût de "madeleine"...
En raison de nombreux reports de dates, six mois auront été nécessaires pour planifier ce reportage, et au bout... un appel de Patrick : «
Ca y est Carole ! Nous avons une date ! La Brigade nous accueille pendant deux jours complets et nous propose de suivre les pompiers au cours d’une plongée… sous l’Opéra, j’ai dit que tu irais, ça te va ? ».

Ô combien ça me va ! Mais c’est quoi cette histoire d’Opéra ? Alors j'ai effectué quelques recherches et découvert à peu près tout et son contraire. Sous l’
Opéra Garnier, à Paris, passerait la
Grange Batelière, rivière souterraine de Paris, sous l’Opéra il y aurait un lac géant, cette masse d’eau en plein cœur de Paris a inspiré beaucoup de monde, d’écrivains, de cinéastes et l’imagination populaire a encore bien toute ces histoires en tête.
Je m’arrête finalement sur une réalité beaucoup plus pragmatique, pas de cours d’eau, pas de mystère, juste une nappe phréatique découverte lors de la construction du bâtiment en 1861 ! La masse d’eau est alors canalisée et contenue dans un cuvelage en béton. Celui-ci permet non seulement aux infrastructures de résister à la pression des eaux d'infiltration, mais aussi et de mieux répartir les charges des fondations. Aujourd’hui cette citerne est à la disposition des pompiers de Paris comme terrain d’exercice pour la plongée et comme réserve d’eau en cas d’incendie.
C’est beaucoup moins romanesque, mais ma curiosité et mon intérêt pour cette plongée unique n’en sont nullement amoindris !
Le jour dit arrive… la tension monte, j’ai l’impression d’être à Noël, mais là les camions de pompiers sont grandeur nature, et ils escortent ma petite voiture de citadine !
Nous garons les véhicules sur le flanc gauche de l’Opéra, déchargeons les blocs et les sacs de plongée.

Nous entrons dans le bâtiment par une porte de service. Le personnel de l’Opéra est là, impassible et coutumier de ces manoeuvres de pompiers. Nous empreintons ensuite un petit escalier très exigu.
Au premier sous-sol, une porte entrouverte attire l'attention du néophyte : on y aperçoit les rouages de l'Opéra, les énormes poulies de bois qui permettent de manœuvrer les décors, le lieu est vraiment magique… Il ne faut pas trainer, non seulement les clichés sont prohibés, mais je ne suis pas là pour cela … derrière un grillage je vois déjà l’eau qui nous attend !

L'incontournable photo-souvenir.
Je commence à m’équiper, j’enfile la semi étanche, je crains le froid et n’ai pas vraiment envie que cela se voit… les pompiers sourient … et m’annoncent une eau a 20ºC .
Qui a osé me parler de 10ªC ? Certainement les mêmes qui m’ont parlé du
Fantôme de l’Opéra !
Pour le reste du matériel, je suis complètement équipée par les pompiers : un bi avec 1er étage protégé, mes 2 détendeurs, mes 2 manos, le tout greffé sur une superbe stab Medium/Large « C’est votre taille non ? » … bien sûr ! Même si dans le civil je suis plutôt en XSmall, que cela reste entre nous.
Mais surtout j’ai droit au casque des pompiers, alors là je crois que voir ma première squille ne me donnera même pas tant de plaisir tiens !

C’est donc équipée des palmes au casque que je descends l’échelle, entre les toiles d’araignées, menant directement dans la cuve sombre. A la lueur de ma torche, je découvre alors une immense salle, d’environ 50 x 20m, de 3 mètres de haut, le tout parsemé de colonnes. L’eau remplit l’espace jusqu'à 50 cm sous plafond, elle est extrêmement claire, à condition de prendre bien soin de ne pas remuer la fine couche de dépôt jonchant le sol.
Je plonge selon les normes des pompiers en formation, toujours en binôme. Je suis reliée à la surface par un boot accroché à ma stab, une commande, cela assure ma sécurité et me permet aussi de communiquer.
Une autre équipe de plongeurs se joint à nous, ils sont là en exercice « Surface Non Libre » et ont pour objectif de dévider un fil d’Ariane au milieu du dédale de colonnes. Nous sommes dans un autre monde, dans les sous sols de Paris, entre ombres et pénombre, la lumière de nos torches jouant avec les colonnes ne troublant que la quiétude du poisson veillant sur les lieux. Car il y a bel et bien de la vie, hormis mes collègues sapeurs et moi-même, il y aurait trois petits poissons (pas des carpes, ni des truites, juste des petits poissons), j’ai quant à moi seulement vu trois fois le même !

Je resterai une petite heure avec eux sous l’eau, c’est passé vite, très vite, trop vite …
mais j’en ai vraiment profité, j’ai savouré et en sortant de là dedans j’avais a peu prés le même sourire radieux qu’après un ballet de mantas aux Maldives !
[nice_link]Retrouvez les sur le web : Pompiers de Paris[/nice_link]
Reportage : Carole Matinaud et Patrick Venturini pour Plongeur.com