Lenaïg alias "Tiptup" en direct de l'Antarctique (2)
L'île aux Pétrels, où est installée la base DDU (voir mon compte rendu précédent), est le lieu d’implantation de la principale colonie de manchots Adélie. Nombre de spécimens de cette espèce se trouvent également sur les îles et îlots alentour et dans le reste de l'archipel de la Pointe Géologie. Ils sont aussi présents en d'autres lieux de l'Antarctique mais c'est en Terre Adélie qu'ils sont les plus nombreux.
Pour cela, elle ne compte qu'un membre par couple, celui qui couve l'oeuf ou le poussin. Il faut donc multiplier ce nombre par 2 pour connaître le total des adultes qui se sont reproduits. Puis il faut encore multiplier ce nombre par 2 du fait que chaque couple donne naissance, en général, à 2 poussins. Enfin, il reste encore les adultes qui n'ont pas réussi à s'accoupler et se baladent entre les nids de la colonie.
En pleine saison comme actuellement, on arrive à une estimation finale de 150.000 à 200.000 manchots Adélie dans tout l'archipel. Je vous laisse imaginer le bruit que génère une telle colonie. A cela s’ajoute encore l'odeur de guano, qui n’est pas des plus délicates. Quand vous combinez tous ces éléments, le tableau est incroyable. Si possible, je prendrai un moment pour vous montrer les poussins de la colonie. Ils sont un spectacle à eux seuls.
Pendant la semaine, nous avons aussi eu la visite d'une troisième espèce de manchot : le manchot à jugulaire (voir photo ci dessous). C'est un manchot de la taille d'un Adélie, ou légèrement plus gros, et qui se différencie par un plumage de tête différent de celui de l'Adélie. Il porte comme un casque composé de plumes noires avec une lanière noire qui passe en arrière de l'oeil et jusque sous le menton. Sa queue, avec des plumes plus longues, est également différente de celle de l'Adélie. Sans relever du fait exceptionnel, la présence de ce manchot est assez inhabituelle ici. Ils vivent en principe du côté de la Péninsule antarctique, soit complètement à l'opposé de la Terre Adélie. Cependant, régulièrement un ou plusieurs individus viennent se poser quelques heures à quelques jours à DDU. Ce sont souvent des immatures qui se baladent dans tout l'océan austral pendant quelques années avant de retourner à leur colonie de naissance chercher un partenaire et se reproduire. Cette semaine, j'ai aussi eu la chance de voir un léopard de mer ! C'est un grand phoque carnivore qui se nourrit principalement de manchots et qui, à l'occasion, pourraît être très dangereux pour des plongeurs. Celui que j'ai vu est venu directement se nourrir sur la colonie d'Adélie. Nous avons eu le droit d'assister au spectacle de son repas. Après avoir attrapé un malheureux manchot, il le secouait hors de l'eau pendant plusieurs minutes pour en arracher des morceaux de viande. Pendant ce temps là, les autres Adélie n'osaient pas retourner à l'eau, s'agglutinant en bordure des plaques de banquise. Le léopard a rodé dans le coin pendant quelques heures avant de disparaître finalement du secteur. Comme vous le voyez, décrire l’atmosphère de cette terre du bout du monde n'est pas facile. J’espère juste que cet épisode sur « les manchots news du quartier » vous a autant passionné que moi. Lors du prochain compte rendu je vous décrirai les conditions de vie sur la base DDU et je vous expliquerai l’objet de ma mission. A très bientôt pour un nouveau compte-rendu adélien. Vous pouvez poser vos questions sur le post suivant du forum. Lenaïg s’efforcera de répondre à chacun de vous dans la mesure des ses disponibilités, sa connection internet étant très limitée.
Credits photos: Lenaïg Hemery et Bruno Jourdain Remerciements particuliers à Bruno Jourdain du Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement qui est en ce moment même sur la base DDU avec TipTup
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