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12/04/2010   par Plongeur.com

Brigitte Lenoir en images et vidéo : premier objectif atteint avec -154m

En atteignant 154 mètres au large de Saint-Gingolph samedi, Brigitte Lenoir est devenue la femme ayant plongé le plus profond en recycleur. Cap désormais sur les 225 mètres à Dahab. Samedi 10 avril, 10h30, port du Bouveret. La vedette du Sauvetage s’approche. Sur les quais, une troupe décharge plusieurs voitures. Bien vite, une montagne de matériel s’entasse : des bouteilles étiquetées avec soin et des machines d’un aspect plus complexe. Grâce à l’une d’elles – un recycleur nommé Mégalodon – Brigitte Lenoir veut établir le record du monde féminin de profondeur. Elle fera sa tentative cet été à Dahab où elle visera 225 mètres mais se prépare dans le Haut-Lac. But du jour : 160 mètres.
Brigitte lenoir : deepest woman
S’affairant autour de son «Meg», la Montheysanne est inquiète. Alors qu’elle vérifie l’étanchéité du système, une micro-fuite se fait entendre. L’un de ses binômes vient à sa rescousse. Le Fribourgeois André Warrisse démonte certains composants et les nettoie. Quelques minutes permettront de régler le problème.
Brigitte lenoir : deepest woman
L’embarquement commence en direction de la falaise du Fenalet, au large de Saint-Gingolph. Plusieurs bateaux, dont celui de la Palanquée de Clarens ainsi que la barge d’Intrasub sont au rendez-vous, avec toute l’équipe de soutien, soit une trentaine de personnes. La tentative a été minutieusement préparée. Pour encadrer Brigitte, pas moins de seize plongeurs sont mis à contribution. Parmi eux, Yvan von Buren de Neuchâtel. Il devra de rejoindre la jeune femme lors de sa remontée.

“Brigitte align =Le rendez-vous est prévu à 110 mètres. Accompagné d’André, nous aurons pour tâche de lui apporter un soutien psychologique. Elle sera déjà seule durant toute la descente et la phase initiale de retour vers la surface. Dans un environnement froid et sombre, le simple fait de rencontrer quelqu’un est réconfortant.

Le Neuchâtelois parle par expérience. Il a lui-même déjà atteint 160 mètres au lac de Thoune. Comment envisage-t-il le projet de Brigitte ?

“Au départ j’étais un peu dubitatif, lui conseillant de progresser par étapes. Mais elle s’est préparée dans les règles, s’entourant de gens compétents.

 

André Warrisse complète : « Elle a aussi choisi la meilleure machine pour y parvenir. Enfin, vu que je plonge aussi en Meg, mon regard est sans doute un peu biaisé », plaisante-t-il.

Le stress du départ Sur la plage arrière du bateau, la Montheysanne finit de s’équiper. En plus de son recycleur, elle emporte quatre blocs de secours. Poids total : plus de 100 kilos.

Brigitte lenoir : deepest woman

A 12h41 elle entame sa descente le long d’une corde filant jusqu’à 165 mètres. Une période de stress intense commence alors pour un personnage clef de l’opération : Bernard Gay. Ambulancier, il officie comme directeur de plongée. C’est lui qui, en fonction de l’heure d’immersion de Brigitte, envoie les plongeurs de soutien. Plusieurs véhiculent des gaz supplémentaires au cas où… Run-time dans une main, talkie-walkie dans l’autre et l’œil sur le chronomètre, il détaille : «Si un problème devait survenir, nous avons pré-alerté la Réga et le caisson de décompression de Genève.» Il est 13h17. Brigitte est à l’eau depuis 35 minutes. Selon le planning, elle devrait se trouver à 51 mètres, ayant déjà commencé sa décompression. De fait, un parachute orange muni d’une plaquette crève la surface : « 50 mètres, tout ok ! »

[youtube d4DGvoFBSPk] Vidéo : Gianni Di Marco (bubbles emotion) Impossible de savoir si les 160 mètres ont été atteints. Bernard Gay respire : « Quatre plongeurs sont désormais avec elle. » Mais la remontée vers la surface sera encore longue. Près de deux heures et quart… Sur la barge, la tension retombe. Mais pas pour tout le monde. Scrutant les eaux verdâtres, Jean Woeffray, papa de Brigitte n’est pas tranquille. « J’ai confiance en ses capacités. Mais je ne peux pas m’empêcher de craindre un problème technique…» 46 minutes de retard...

Brigitte lenoir : deepest woman

Transitant via les plongeurs de soutien, les informations arrivent au compte-goutte. La Montheysanne a atteint 154 mètres. Soit le nouveau record féminin en recycleur. « Elle est désormais au palier de six mètres », explique Bernard Gay. « Si un problème de décompression devait survenir maintenant, il ne serait pas aussi grave que s’il s’était produit plus bas. Il concernerait les articulations ou la peau, mais plus le système nerveux…». A 15h30, branle-bas de combat. La jeune femme devrait sortir dans quatre minutes. La nouvelle est cependant bien vite démentie. « Il lui reste encore 46 minutes de palier…» qui semblent s’égrener au ralenti.

Brigitte lenoir : deepest woman

Finalement, elle sort la tête de l’eau. A ses côtés, émerge aussi Jean-Luc Morier. Instructeur de plongée technique de l’école Deepquest, il est l’homme de l’ombre, celui qui a aidé Brigitte à planifier sa décompression et à rendre le projet possible. Même si sa combinaison a pris l’eau, il rayonne : «Je devrai mieux dormir ce soir qu’hier», avoue-t-il. « Tout le monde a joué son rôle. Quant à la suite des opérations, Brigitte se rendra le mois prochain dans notre base de Dahab pour franchir 200 mètres. En août, elle visera 225 mètres. » Bernard Gay complète : «En Mer rouge, les conditions de visibilité et de température sont bien plus clémentes qu’ici. On peut dire que Brigitte est prête. Elle a mis toutes les chances de son côté. »

Brigitte lenoir : deepest woman

“Je ne voulais pas abandonner  Brigitte Lenoir s'exprime sur ses soucis techniques : Vu de la surface, aucun incident n’a semblé perturber l’opération. Sous l’eau cependant, tout ne fut pas de tout repos pour Brigitte Lenoir. « La descente s’est déroulée sans accro jusqu’à 60 mètres. Arrivée dans cette zone, ma machine a cessé d’injecter automatiquement du gaz pour compenser l’augmentation de la pression. Il devenait très difficile de respirer. J’ai tenté d’utiliser le système manuel et ai dû remonter de quelques mètres. Tout a fini par rentrer dans l’ordre. » Mais la mésaventure se répète dans la zone des 100 mètres. « Je me suis dit que je ne pouvais pas abandonner. J’ai réussi à résoudre les problèmes, mais j’ai perdu du temps .» Un autre élément a failli compromettre la plongée. Les détendeurs des deux petites bouteilles devant alimenter la combinaison étanche et le gilet stabilisateur sont partis en débit continu, risquant de la propulser vers la surface. « Ils étaient munis de mécanismes d’arrêt, que j’ai dû enclencher. Ce fut un moment de stress et cela m’a malheureusement empêché d’atteindre les 160 mètres. »  

Brigitte lenoir : deepest woman

Car Brigitte remarque alors qu’elle est en retard de 140 secondes sur son run-time. « A ces profondeurs, une minute égarée implique plus d’une demi-heure de palier supplémentaire. » D’où les 46 minutes de retard au final. La Montheysanne reste cependant focalisée sur son objectif ultime. « J’ai plongé plusieurs fois dans la zone des 120 à 130 mètres. Je n’ai jamais été confrontée à des soucis de ce type. Nous allons les analyser. Je vais sans doute devoir effectuer une nouvelle plongée de vérification avant de me rendre en Egypte. »   plus.jpg Echangez avec Brigitte Lenoir sur le forum : posez lui toutes vos questions.   www.Deep230.ch Site centralisant toutes les informations sur les records E-mail pour contacter l'équipe : contact Deep 230
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Texte : Nicolas Maury Photos : Daniel Saldana et Christelle Tomaselli Vidéo : Gianni Di Marco

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