Brigitte Lenoir en images et vidéo : premier objectif atteint avec -154m
Le rendez-vous est prévu à 110 mètres. Accompagné d’André, nous aurons pour tâche de lui apporter un soutien psychologique. Elle sera déjà seule durant toute la descente et la phase initiale de retour vers la surface. Dans un environnement froid et sombre, le simple fait de rencontrer quelqu’un est réconfortant.
Le Neuchâtelois parle par expérience. Il a lui-même déjà atteint 160 mètres au lac de Thoune. Comment envisage-t-il le projet de Brigitte ?Au départ j’étais un peu dubitatif, lui conseillant de progresser par étapes. Mais elle s’est préparée dans les règles, s’entourant de gens compétents.
André Warrisse complète : « Elle a aussi choisi la meilleure machine pour y parvenir. Enfin, vu que je plonge aussi en Meg, mon regard est sans doute un peu biaisé », plaisante-t-il.
Le stress du départ Sur la plage arrière du bateau, la Montheysanne finit de s’équiper. En plus de son recycleur, elle emporte quatre blocs de secours. Poids total : plus de 100 kilos. A 12h41 elle entame sa descente le long d’une corde filant jusqu’à 165 mètres. Une période de stress intense commence alors pour un personnage clef de l’opération : Bernard Gay. Ambulancier, il officie comme directeur de plongée. C’est lui qui, en fonction de l’heure d’immersion de Brigitte, envoie les plongeurs de soutien. Plusieurs véhiculent des gaz supplémentaires au cas où… Run-time dans une main, talkie-walkie dans l’autre et l’œil sur le chronomètre, il détaille : «Si un problème devait survenir, nous avons pré-alerté la Réga et le caisson de décompression de Genève.» Il est 13h17. Brigitte est à l’eau depuis 35 minutes. Selon le planning, elle devrait se trouver à 51 mètres, ayant déjà commencé sa décompression. De fait, un parachute orange muni d’une plaquette crève la surface : « 50 mètres, tout ok ! »[youtube d4DGvoFBSPk] Vidéo : Gianni Di Marco (bubbles emotion) Impossible de savoir si les 160 mètres ont été atteints. Bernard Gay respire : « Quatre plongeurs sont désormais avec elle. » Mais la remontée vers la surface sera encore longue. Près de deux heures et quart… Sur la barge, la tension retombe. Mais pas pour tout le monde. Scrutant les eaux verdâtres, Jean Woeffray, papa de Brigitte n’est pas tranquille. « J’ai confiance en ses capacités. Mais je ne peux pas m’empêcher de craindre un problème technique…» 46 minutes de retard...
Transitant via les plongeurs de soutien, les informations arrivent au compte-goutte. La Montheysanne a atteint 154 mètres. Soit le nouveau record féminin en recycleur. « Elle est désormais au palier de six mètres », explique Bernard Gay. « Si un problème de décompression devait survenir maintenant, il ne serait pas aussi grave que s’il s’était produit plus bas. Il concernerait les articulations ou la peau, mais plus le système nerveux…». A 15h30, branle-bas de combat. La jeune femme devrait sortir dans quatre minutes. La nouvelle est cependant bien vite démentie. « Il lui reste encore 46 minutes de palier…» qui semblent s’égrener au ralenti.Finalement, elle sort la tête de l’eau. A ses côtés, émerge aussi Jean-Luc Morier. Instructeur de plongée technique de l’école Deepquest, il est l’homme de l’ombre, celui qui a aidé Brigitte à planifier sa décompression et à rendre le projet possible. Même si sa combinaison a pris l’eau, il rayonne : «Je devrai mieux dormir ce soir qu’hier», avoue-t-il. « Tout le monde a joué son rôle. Quant à la suite des opérations, Brigitte se rendra le mois prochain dans notre base de Dahab pour franchir 200 mètres. En août, elle visera 225 mètres. » Bernard Gay complète : «En Mer rouge, les conditions de visibilité et de température sont bien plus clémentes qu’ici. On peut dire que Brigitte est prête. Elle a mis toutes les chances de son côté. »
Je ne voulais pas abandonner Brigitte Lenoir s'exprime sur ses soucis techniques : Vu de la surface, aucun incident n’a semblé perturber l’opération. Sous l’eau cependant, tout ne fut pas de tout repos pour Brigitte Lenoir. « La descente s’est déroulée sans accro jusqu’à 60 mètres. Arrivée dans cette zone, ma machine a cessé d’injecter automatiquement du gaz pour compenser l’augmentation de la pression. Il devenait très difficile de respirer. J’ai tenté d’utiliser le système manuel et ai dû remonter de quelques mètres. Tout a fini par rentrer dans l’ordre. » Mais la mésaventure se répète dans la zone des 100 mètres. « Je me suis dit que je ne pouvais pas abandonner. J’ai réussi à résoudre les problèmes, mais j’ai perdu du temps .» Un autre élément a failli compromettre la plongée. Les détendeurs des deux petites bouteilles devant alimenter la combinaison étanche et le gilet stabilisateur sont partis en débit continu, risquant de la propulser vers la surface. « Ils étaient munis de mécanismes d’arrêt, que j’ai dû enclencher. Ce fut un moment de stress et cela m’a malheureusement empêché d’atteindre les 160 mètres. » Car Brigitte remarque alors qu’elle est en retard de 140 secondes sur son run-time. « A ces profondeurs, une minute égarée implique plus d’une demi-heure de palier supplémentaire. » D’où les 46 minutes de retard au final. La Montheysanne reste cependant focalisée sur son objectif ultime. « J’ai plongé plusieurs fois dans la zone des 120 à 130 mètres. Je n’ai jamais été confrontée à des soucis de ce type. Nous allons les analyser. Je vais sans doute devoir effectuer une nouvelle plongée de vérification avant de me rendre en Egypte. » Echangez avec Brigitte Lenoir sur le forum : posez lui toutes vos questions. www.Deep230.ch Site centralisant toutes les informations sur les records E-mail pour contacter l'équipe : contact Deep 230Ils soutiennent activement cet événement :
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