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26/10/2007   par Plongeur.com

Qui enfant n’a pas rêvé un jour d’aller voir au delà de la surface, ce qui s’y trouvait, tel le Capitaine Némo de Jules Verne et son Nautilus ou encore Tintin explorant en scaphandre pieds-lourds les restes d’un vaisseau pirate dans «le trésor de rackham le rouge», nous avons tous fait des voyages imaginaires au fond des océans. La pointe bretonne vous offre les clefs de ces secrets.

 

De l’imaginaire à la réalité

epaves_iroise3.jpgSS Saracen, Columbian, War Balloon, Emile Allard, Forest Castle, Kenilworth, Nero, Le Kleber… Autant de noms, de mystères et autant d’histoires… Ces noms qui ne disent rien aux promeneurs de nos côtes escarpées, et pourtant s’ils pouvaient imaginer que sous ce miroir gisent à jamais les épaves englouties de la Mer d’Iroise. De part sa géographie, ses courants, ses tempêtes, son emplacement stratégique durant les conflits mondiaux, la pointe Bretonne fut le théâtre de centaines de naufrages qu’ils soient de simples bateaux de plaisance, de pêche ou de grosses unités de commerce jusqu’au plus puissants navires de guerres. Il faut descendre assez profond pour trouver des épaves intéressantes en Mer d’Iroise. Celles qui sont proches de la côte sont irrémédiablement détruites par la puissance du ressac et de la houle et disparaissent en quelques années.

 

Plonger sur une épave est une aventure

epaves_iroise4.jpgLorsque l’on plonge sur une épave, il faut au préalable s’immerger dans l’histoire de cette dernière. Avant d’être épave, il fut navire, peut être un des plus beau de son époque comme le paquebot Forest castle coulé sur une roche en 1905, ou alors un des plus puissant comme l’était le Croiseur cuirassé Kleber, Navire amiral de la flotte française d’Afrique, qui malgré ces 130 m et 538 hommes d’équipage sombra en 1917 en heurtant une mine posée par un des premiers U-boot allemand. La plongée sur épave avant d’être technique se veut historique et bon nombre de plongeurs éclairés ont passé des heures à étudier les documents relatifs aux naufrages de nos côtes. Soit aux archives départementales ou nationales soit les récits des pêcheurs, les articles des journaux de l’époque et les comptes rendus d’assurances. Le plongeur «épave» est un curieux, un passionné qui veut comprendre comment et dans quelles circonstances ces navires majestueux ont sombré dans les eaux sombres de la Mer d’Iroise. Lorsque nous plongeons à la rencontre de ces "mémoires englouties" référence au livre du même nom de Marec et Jonin, l’aspect historique nous dévoile une autre dimension de la plongée, certes la beauté de la faune et la flore est toujours présente et s’offre à nos yeux, mais nous ne pouvons ignorer les sort des hommes disparus pendant les naufrages, lorsque l’on découvre des objets familiers (une lampe, une assiette, une bouteille, un bouton, voir un bijou comme sur le Columbian - 65m) nous imaginons le visage de celui à qui appartenait ce bien. L’imaginaire fait le reste. En passant près de la barre de l’Elektra, bateau grec qui a sombré le 1er mars 1963, nous imaginons le capitaine donnant le cap à son barreur, en découvrant les canons du Kleber - 48m, nous voyons les marins s’activer autour de ces tubes d’acier prêts à tirer sur un ennemi imaginaire lui aussi. En descendant sur le S/S Saracen, navire de 115 m de longueur posé sur du sable et gisant sur un fond de - 55 m, nous avons le sentiment qu’il va lâcher les amarres pour poursuivre son dernier voyage. Mais l’imaginaire ne doit pas occulter que ces plongées particulières sont dangereuses. Les visites sont souvent rapides. Les épaves de la Mer d’Iroise se méritent. A plus de 30 m, les plongeurs expérimentés ne peuvent prolonger leur visite au delà d’une vingtaine de minutes. Et ils doivent observer entre 10 et 15 minutes de paliers de décompression à la remontée afin d’éviter tout accident de plongée.

Durée de vie limitée

Les épaves sont éphémères et sont appelées à disparaître rongées par l’eau de mer et malmenées par les tempêtes et forts courants de la pointe Bretonne. En fonction de la profondeur et du courant, la durée de vie d’une épave peut varier de manière très sensible. Le Baliseur français coulé en 1943 face à St Mathieu avait pour particularité d’avoir au dessus de son pont une grue encore en place après 62 ans d’immersion. En 2005, cette grue de plus de 12m de long s’est affaissée emportant une grande partie des restes du navire. "Les épaves ont des âmes" disait P. Strazerra, photographe et metteur en scène de ces épaves. L’âme disparait au fur et à mesure que le navire se disloque. Il se peut que dans quelques dizaines d’années, grâce au développement des moyens de surveillance de la Mer d’Iroise, nous ne pourrons plus plonger sur ces épaves ; la mer aura fait son oeuvre et il ne nous restera plus qu’a plonger dans nos souvenirs d’épaves englouties.

Alain Flour - CSA Plongée

Epaves mer d’iroise

Une épave retouve son nom 87 ans après son naufrage

Le 21 octobre 1918, le Vapeur Lake Borgne (navire américain - 1918) se dirige de Brest vers l'Angleterre quand il coule dans le chenal du four. En 1921, l'épave positionnée face au Trézien est nommée Aviso Arras - du nom du navire qui l'a découvert, première erreur. En 2003, des plongeurs passionnés, Brest Recherche Plongée et le Club CSA, écarte la piste de l'aviso. Ils constatent une différence notable entre l'aviso Vauquois, coulé au Conquet et l’épave dite "Arras". Suite aux différentes plongées et aux recherches qu'ils ont effectuées, ils découvrent une plaque de plomb indiquant «Navy Radio, US Light & Heat Corporation» 1918. Ce qui oriente considérablement les recherches jusqu'à ce que lumière soit faite en 2005. La plaque du constructeur est retrouvée coincée entre deux tôles ; elle porte le nom du chantier, Globe Shipbuildin et le numéro de série 102. C'est ainsi que le Lake Borgne retrouve son nom 87 ans après son naufrage.

Hugues Priol ?


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