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Passer du compact au reflex
Le compact est l’appareil photo numérique le plus répandu chez les amateurs de photo sous-marine. Il permet d’obtenir d’excellents résultats et les superbes photos publiées sur Plongeur.com en sont souvent la preuve. De plus, le matériel est relativement peu encombrant, maniable et (presque) abordable financièrement. Et enfin, dernier avantage, les compléments optiques grand-angle ou macro peuvent être montés et démontés directement sous l’eau, contrairement au reflex qui vous condamne à utiliser en plongée l’objectif que vous avez choisi. En d’autres termes, si vous montez un objectif macro, vous ne ferez que de la macro. Mais pour moi, là comme en d’autres circonstances, et je ne suis pas un cas unique, la tentation du : « à quoi bon faire simple quand on peut faire compliqué » a été plus forte. Donc, étant photographe avant d’être plongeur au point de ne plus vouloir plonger sans appareil photo et fidèle à la devise du Shadock moyen, je n’ai pas résisté longtemps, le seul frein dans ma fuite en avant vers le reflex (et les emm….ments) ayant été mes problèmes de vision de près qui pratiquement m’interdisent sous l’eau d’utiliser la visée optique.
Le Live-View ? C’est quoi ce truc ?
Le Live-View est simplement le nom donné à la fonction consistant pour un APN, à afficher en permanence sur son écran la scène visée à travers l’objectif. Cette possibilité est un des avantages de tous les compacts du marché dont une grande majorité ne dispose plus de viseur optique, ce dernier ne pouvant encore être utile qu'en plein soleil, ce qui n’est vraiment pas le cas sous l’eau. C’est le capteur qui génère cette image mais dans le cas des reflex, le problème se complique car le capteur est en permanence masqué par le rideau d’obturation qui ne s’ouvre et par le miroir qui ne se relève qu’au moment de la prise de vue. Donc, sauf à relever le miroir et ouvrir le rideau en permanence, ce qui a pour effet immédiat d’inactiver la mesure de la lumière et l’autofocus, exit le Live-View sur les reflex numériques jusqu’à ce que Olympus propose début 2006 une solution innovante avec le E-330 et ses deux modes de visée sur écran.
Printemps 2006 : la révolution Olympus.
Dans ma quête du reflex idéal pour plongeur presbyte (en voila une drôle d’idée comme critère de choix!!), je suis resté un bon moment en arrêt sur l’Olympus E-330 et son caisson (réf. PT-E02). Il était et est toujours à aujourd’hui (début 2008), le seul reflex disposant d’un Live-View alimenté par un deuxième capteur CCD dédié uniquement à cette fonction, peu consommateur en électricité et sans échauffement, donc utilisable en continu. Sur ce terrain, outre tous les compacts du marché qui disposent en standard de cette fonction, les seuls concurrents actuels sont ses deux frères E-410 et 510 ainsi que l’EOS-40D, le tout nouveau Nikon D300 et aussi probablement d’autres moins connus tels que Sony et Panasonic. Mais aucun n’a de capteur supplémentaire pour alimenter l’écran ACL ce qui leur impose toujours les contraintes citées plus haut (miroir relevé et rideau ouvert) et leurs conséquences immédiates dont notamment l’inactivation de l’AF et de la mesure de la lumière ainsi que l’échauffement du capteur principal qui limite sa durée d’utilisation à quelques secondes ou à quelques minutes maximum.
C’est clair : le E-330 est unique. Mais hélas !, il est déjà considéré comme un ancêtre obsolète dont plus personne ne parle. Le monde de la photo numérique est impitoyable, même pas deux ans qu’il est sur le marché et il fait déjà partie du passé.
Sur le plan marketing, il a été présenté par Olympus au début 2006 comme étant l’aboutissement du reflex le plus adapté à la photo sous marine, avec sa visée à la manière d’un compact sur son écran de 2,5 pouces (215000 pixels) et à ses deux programmes adaptés à la photo sub. Il va sans dire qu’il dispose aussi de la panoplie complète des attributs de tout reflex qui se respecte dont le format RAW, le déclenchement instantané, les objectifs interchangeables, la dynamique des images et, cerise sur gâteau, le nettoyage du capteur automatique par ultrasons.
Je cite Olympus : « Equipé d’un caisson étanche, le E-330 sera le reflex le mieux adapté à vos prises de vues sous-marines. Vous pourrez désormais maintenir un contact visuel avec votre sujet, réussir tous vos clichés, en regardant directement ce que vous photographiez sans avoir à coller le viseur du caisson étanche sur votre masque de plongée. L’écran LCD vous apportera toujours confort et liberté ».
Un autre signal fort a été donné par Ikelite et ses confrères (Fantasea, etc…) qui ont misé sur ses perspectives de brillante carrière et ont chacun développé un caisson dédié.
Mais d’entrée, Olympus a malheureusement frappé un peu fort en matière de prix, à la fois sur l’APN lui-même, dans les 1100€ en 2006 avec un zoom standard 14-45mm (équivalent 28-90mm), mais aussi et surtout sur le caisson de la marque, plus de 1300€ et quelques 400€ le moindre hublot (3 différents + un dôme). Il s’est donc heurté de plein fouet au D80 et autres EOS plus performants avec leurs 10 Mpix et leurs gammes d’objectifs et de caissons beaucoup plus larges.
Autre handicap supplémentaire, en théorie en tout cas, son capteur CMOS au format 4/3 (17,3x13mm) de 7,5Mpix qui semble bien petit par rapport à celui de ses concurrents (de surface 40% moindre que celui du D80) et qui multiplie par deux les focales (équivalents 24x36).
Heureusement, en restant aux basses sensibilités (bon jusqu’à 400 Iso et exploitable jusqu’à 800), la qualité des images est largement à la hauteur des attentes et la comparaison rapide avec celles d’un D70 et son 18-70mm standard pencherait même à mon goût, en faveur du E-330.
Enfin, dernier point là aussi un peu dissuasif, son TTL compatible uniquement avec les flashes Olympus (FL-20 et FL-36) ou avec les flashes Ikelite pour le caisson de la marque équipé d’un convertisseur de signal.
Mais dans ses messages de promotion ciblés vers la photo sub, Olympus ne met en avant que le FL-36 alors qu’il y a aussi le petit FL-20 et nous verrons plus loin qu’il est possible de mettre en œuvre une solution très efficace autour de ce dernier.Live-View: indispensable ou gadget superflu?
Ce reflex qui, début 2006, était présenté comme une véritable révolution, à semble-t-il fait long feu et est parti aux oubliettes. Son concept de visée sur écran, unique en son genre et exceptionnel pour un reflex, n’a pas suffit à le faire sortir du lot. Et quand un APN part aux oubliettes, son prix suit le mouvement et ne tarde pas à dégringoler en quelques mois, à la manière des processeurs de PC, le tout amplifié dans la zone Euro par la baisse du Dollar.
Le critère majeur qui devait assurer son succès, le Live-View, n’a pas eu l’effet escompté. Pourquoi ? mystère !!... Peut être parce que les « pros » et « amateurs avertis », clients habituels des reflex, ne veulent pas entendre parler d’une visée à la « pépère » sur grand écran et préfèrent coller leur masque sur une espèce d’œilleton riquiqui dans lequel, quoi qu’ils en disent, ils ne voient rien sur les DSLR un peu anciens et pas grand-chose sur les nouveaux. Et peut être aussi parce que, parmi les photographes sous-marins qui s’intéressent aux reflex, les jeunes champions de la vision de près sans lunettes, capables de distinguer à l’œil nu un poil de 1mm sur la patte d’un crabe sont plus nombreux que les seniors presbytes ou myopes et n’ont de ce fait pas besoin de Live-View. Donc, un marché limité aux P4 (Papys Plongeurs Pépères et Presbytes) ne pouvait être que voué à l’échec.
Pour moi qui en peu de temps ai basculé d’un groupe vers l’autre et qui suis maintenant à un stade de presbytie bien avancé, je trouve particulièrement confortable de pouvoir viser avec le masque à 30cm du caisson. Dans mon cas, ce critère est déterminant, au point que je m’étais un moment, juré de rester au compact jusqu’à la sortie du prochain reflex avec un vrai Live-View. En passant, un conseils aux presbytes : n’hésitez pas à augmenter de 30% la valeur en dioptries des verres correcteurs de votre masque par rapport à vos lunettes terrestres si vous voulez conserver la même distance de vision de près. Ma correction terrestre actuelle est de +3D et mon masque à des verres de +4D.
Donc, suite à une longue période de réflexion puis après être passé à deux doigts de basculer vers un classique D80 + caisson et enfin, fortement encouragé par le cours du Dollar, j’ai finalement craqué pour l’Olympus. Soit dit en passant, avec un budget identique à ce que m’aurait couté un caisson Ikelite pour le Nikon.
Ouverture des cartons
Tout a déjà été dit dans les nombreux essais consacrés au E-330 et je ne m’étendrai pas sur sa qualité de fabrication, son ergonomie, ses menus, son superbe écran orientable de 2,5 pouces, son nettoyage du capteur à ultrasons, son capteur CMOS de 7,5Mpix, son algorithme de traitement du bruit moins bon que la concurrence, son AF un peu lent (avec la première version du firmware), etc.., ni sur ses accessoires (batterie LiIon, chargeur, câbles, logiciels, etc…).
Un détail intéressant : Une de ses particularités est qu’il mesure la lumière même avec un objectif entièrement manuel et même sans objectif du tout !!. Il faut aussi savoir que le tirage mécanique Olympus (distance entre le plan du capteur et le plan de joint boitier/objectif) est de 38,67mm et est donc inférieur à celui de Nikon (46,5mm) ce qui veut dire qu’à l’aide d’une bague adaptatrice, il est possible de monter tous les objectifs Nikon sur tous les boitiers Olympus à monture 4/3. Donc, les collectionneurs comme moi d’anciens objectifs Nikon peuvent les utiliser (sur terre bien sûr, pas sous l’eau) sans être obligés d’acheter un D-200 ou un D-300. Même intérêt pour les collectionneurs Pentax K (45,46mm), Minolta AF (44,5mm) et Canon EOS (44mm).
Quelques liens :
Revue Chasseur d’images de mars et avril 2006 (Classé 4 étoiles) http://www.megapixel.net/reviews/oly-e330/e330-genf.php http://www.letsgodigital.org/en/12271/olympus_scuba_dive_review/ http://wetpixel.com/i.php/full/olympus-evolt-e-330-dslr-and-10bar-housing-review/ http://wetpixel.com/i.php/full/olympus-e-330-housing-comparisons/Habitué aux diverses productions Olympus, je me doutais que la qualité serait au rendez-vous et c’est bien le cas. L’ergonomie de la navigation dans les divers menus correspond aux standards utilisés par la majorité des constructeurs. Finalement, pour résumer ma première impression, et bien je dirai que l’E-330 est tout simplement un gros compact avec toutes les qualités et possibilités d’un reflex. Mais entre nous, je dois vous avouer aussi que je le trouve plutôt laid…..
A peine déballé, le E-330 a eu droit à une mise à jour de son firmware avec la dernière version disponible sur le site Olympus avec l’aide du logiciel Olympus Master (CD). Plusieurs avancées intéressantes sont proposées dans cette version dont un renforcement de l’efficacité de l’AF et l’activation de l’AF et de la mesure de la lumière en mode Live-View B par simple pression sur le bouton AEL/AFL.
Par contre, le caisson m’a beaucoup impressionné. Il est positionné chez Olympus dans la série E comme « Expert ? », autrement dit le haut de gamme de la marque. C’est du sérieux.
J’ai débuté la photo sous-marine il y a quelques années avec un petit compact Olympus (Z-240) et son caisson (réf. PT-021 si ma mémoire est bonne). Déjà, la qualité était présente et visible avec par exemple les crochets de fermeture en Inox et une simple comparaison avec un caisson Canon tout en plastique fixait bien les idées.
Avec le PT-E02, c’est encore un cran largement au dessus. Pour résumer, on ressent la même impression de qualité technique qu’un caisson Ikelite mais avec la légèreté, l’encombrement réduit et le design en plus. Bon, me direz-vous, ce n’est pas bien difficile d’être plus beau qu’un caisson Ikelite et de plus, les poissons s’en moquent. Les poissons, peut être mais pas moi qui ai toujours été sensible au techno-design...
Sa taille et son poids réduits par rapport aux autres caissons reflex se remarquent immédiatement.
En effet, l’E-330 n’est pas haut à cause de son système de visée dont tous les éléments internes sont placés latéralement, y compris le miroir principal. Résultat, pas de « bosse » sur le haut du boitier qui rentre parfaitement dans le caisson avec à peine quelques millimètres de débattement juste de quoi glisser un ou deux sachets de siccatif. Du vrai sur mesure !!.
Le caisson ne pèse que 1,850kg auquel il faut tout de même ajouter 570g de hublot.Donc, je le dis à nouveau : je trouve le PT-E02 magnifique. Son énorme hublot PPO-E01 adapté en longueur au 35mm macro et au 14-45mm, est une belle pièce (belle mais chère et un peu lourde) en alu anodisé noir et sa mise en place ne pose aucun problème, en suivant bien les consignes de la notice.
Quatre grenouillères en inox maintiennent la face arrière et l’étanchéité est assurée par deux joints toriques (rouges, couleur préférée d’Olympus pour les joints).
Dernier point important : toutes les commandes du E-330 sont reportées de manière parfaite, y compris le rideau d’obturation du viseur optique, très utilise en position Live-View A, pour éviter de perturber la mesure de la lumière.
Cette qualité s’explique : il ne faut pas oublier qu’Olympus est la seule marque qui produit à la fois des DSLR et le matériel sub qui va avec. L’adaptation du caisson au boitier est donc irréprochable.
Seul petit bémol, le bouton poussoir qui permet, en manuel, de passer du réglage de la vitesse à celui de l’ouverture est un peu petit et pas blocable. Autant en terrestre, on peut l’activer d’une seule main avec l’index alors que le pouce est sur la molette de réglage, autant sous l’eau, ça va être plus compliqué, bien qu’avec la pression, on peut espérer que le bouton sera moins dur à enfoncer. A voir….
Le problème du flash
Comme vous vous en doutez, impossible de déployer le flash du boitier dans le caisson et c’est bien dommage.
Olympus a rectifié depuis le tir sur son dernier caisson de la série E, le PT-E03 (pour le E-410) dans lequel le flash du boitier peut se déployer entièrement et ainsi commander un flash externe par fibre optique
Donc exit les INON et autres SEA&SEA en liaison par fibre optique. La seule solution mise en avant par Olympus est le flash cobra de la marque (FL-36) avec son caisson étanche qui coûte la peau des fesses. Il y a aussi la solution Ikelite avec un flash Ikelite bien sûr. Je n’ai essayé ni l’une ni l’autre et je ne me prononcerai donc pas.
Mais dans le tableau de compatibilité Olympus, ils y a aussi le FL-20 avec son caisson beaucoup plus abordable (limité à -40m et ce sera largement suffisant pour moi qui déteste descendre en dessous de 30m).
Enfin, convaincu que je suis par le S-TTL INON, je tiens absolument à me servir de mon D-2000.
Comment mixer tout ça et obtenir une solution efficace et fiable ?- Première solution : Le FL-36 et son caisson. Non retenue, (voir ci-dessus).
- Deuxième solution : Le FL-20 et son caisson + l’INON D-2000.
Le mini flash Olympus FL-20 (NG=20), très bon marché et son caisson (PFL-01 livré avec le câble de liaison), connecté au E-330, reproduit vaillamment les pré-éclairs du TTL. Son seul petit défaut est qu’il a un peu de mal à se recharger rapidement en cas d’éclair à puissance maxi. Il lui faut en effet 5 secondes mais sans risque de déclenchement prématuré sur le E-330 qui est inactivé.
Il suffit donc de placer correctement la fibre optique de l’INON et le tour est joué. Résultat : deux flashes en TTL avec un NG total de 40, ça devrait bien le faire.
Et effectivement, que ce soit en M, P, S ou A, ça le fait !!. Le seul problème est d’arriver à caser les deux flashes, soit l’un à coté de l’autre comme un seul flash avec une fibre optique très courte, soit d’un coté et de l’autre de l’APN mais avec une fibre optique beaucoup plus longue.
Je choisis la plus logique et efficace mais aussi la plus encombrante, c'est-à-dire les deux flashes sur deux bras à rotules de part et d’autre de la platine.
Les deux flashes étant loin l’un de l’autre, la longueur de la fibre optique INON est insuffisante. Un rapide calcul montre que cette dernière, avec son tire bouchon de 40 spires qui ne permet pas d’aller au-delà de 70cm de distance, a une longueur réelle de presque 1,5m. La solution est donc de la remplacer par une fibre droite de 1,3m qui de plus aura l’avantage de ne pas atténuer le signal optique à cause de ses spires.
Le déflecteur INON W18 est fixé sur un support adapté (par mes soins) au caisson du FL-20 et collé au double face qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, résiste bien à l’eau de mer. Mais attention, pas le double face destiné à coller des pins sur le frigo de la cuisine, il faut choisir du double face destiné à des collages extérieurs.
Les flashes INON ont toujours été bien copains avec les APN Olympus et cette configuration ne fait pas exception à la règle. Le FL-20 est assimilé au flash interne de l’APN et se comporte comme tel, avec la différence notable que ses réglages sont accessibles directement sur sa face arrière ce qui évite les manipulations sur le caisson du E-330. Ses réglages se limitent en fait à 4 positions : OFF, TTL, Auto et Manuel grâce à un interrupteur rotatif.
La position TTL est la plus confortable en utilisation. Le pré-éclair et l’éclair principal sont répétés par le D-2000 réglé sur S-TTL et le résultat est sans faille, dans la limite d’une distance raisonnable avec le sujet car il ne faut pas oublier que les 2x20NG sont divisés par deux sous l’eau. La correction des sous ou surexpositions sera assurée par le réglage de l’EV-Control du D-2000, exactement comme dans une utilisation avec un compact et son flash intégré mais il est aussi possible de corriger le niveau d’exposition directement sur le E-330 en modifiant la puissance du FL-20 qui se répercute sur le D-2000.
En position Auto sur le FL-20, pas de pré-éclair et son éclair est modulé par la cellule située sur sa face avant (ne pas oublier d’enlever son cache) et le D-2000 peut rester en position S-TTL.
En position Manuel, pas de pré-éclair et le FL-20 émet un éclair maximum. Le D-2000 peut à ce moment là être positionné en auto, manuel ou en full (sans oublier son petit aimant).
Cette expérience de couplage montre clairement que le D-2000 s’adapte à beaucoup de situations et aucune raison n’empêche à priori de renouveler l’expérience avec d’autres marques telles que le SB-800 de Nikon par exemple.
La platine maison
Le caisson est livré avec une dragonne de maintien coté déclencheur et c’est tout. Aucune platine ou poignée, sauf celle proposée en option par Olympus. Donc, direction l’atelier. Avec des chutes d’alu de 6mm d’épaisseur, en quelques coups de scie à métaux, de marteau et de perceuse, la solution sur mesure est vite fabriquée. Un guidon de VTT en alu se transforme en poignées ergonomiques idéalement positionnées et les bras INON trouvent leur place naturellement. Un peu de gaine thermo-rétractable colore l’ensemble. Petite astuce, un tube alu de 6mm est placé sur l’avant de la platine et il permet de guider et protéger la fibre optique. Autre détail gênant : les empreintes des vis de fixation du caisson sur la platine (5 en tout) sont au pas US (UNC ¼-20 ½). Pour les curieux, ca signifie « diamètre ¼ de pouce (6,35mm), pas UNC 1/20 de pouce (1,27mm), longueur ½ pouce (12,7mm) ». C’est tout simplement le même genre de vis que celles nécessaires à la fixation de n’importe quel appareil photo sur n’importe quel trépied. Mais ce n’est pas au Castorama du coin qu’elles se trouvent. Le concessionnaire Harley-Davidson le plus proche n’en avait pas lui non plus et j’ai donc été contraint de les commander directement aux USA.
Lampe pilote FISHEYE Fix Mini
Un petit commentaire sur cette lampe pilote à Leds (x8) que je trouve particulièrement bien pensée et bien faite et je regrette de ne pas l’avoir connue plus tôt. Ses avantages sont doubles : d’une part son prix particulièrement bas et d’autre part son principe de fonctionnement. En effet, elle s’éteint toute seule pendant deux secondes dès le premier éclair de flash (pré-éclair notamment). Elle ne perturbe donc pas la mesure de la lumière par le TTL. Son seul défaut est qu’elle s’éteint aussi avec les éclairs de flash des copains. Sa puissance est étonnante mais elle n’est bien sûr pas faite pour explorer une grotte. Elle est alimentée par 4 piles bâtons au format AAA et à une autonomie théorique de 6 heures.
Fixée sur le caisson dans l’axe de l’objectif le plus haut possible, elle est facile à orienter. Son faisceau lumineux est plutôt puissant et très directif, parfait pour la macro ou la photo de près jusqu’à 1 mètre.
Le Live-View sous l’eau
Le caisson dispose en standard d’un view-finder mais inutile de préciser que malgré son grossissement de 50% il est quasi inutilisable, le viseur du E-330 n’étant pas un modèle de luminosité. Heureusement je n’ai pas du tout l’intention de l’utiliser sous l’eau.
Le Live-View est disponible de deux manières. Celui qui m’intéresse est appelé « mode A ».Dans ce cas, le reflex est totalement opérationnel (AF et mesure de la lumière en fonction, miroir baissé prêt à déclencher) et c’est le deuxième capteur qui alimente l’écran ACL. L’image affichée n’est pas d’une grande qualité et ne correspond pas tout à fait à la réalité, c'est-à-dire à ce qui sera réellement photographié. Elle est en effet tronquée d’environs 10% de sa surface et passe en noir et blanc dès que la lumière devient faible malgré le réglage possible de sa luminosité. Mais peu importe, puisque le but (mon but) est de pouvoir viser tout en préservant les fonctions d’AF et de déclenchement rapide, pas de réaliser une composition parfaite ni de visionner des images entre amis au bistrot du coin.
L’autre mode (B) est quasi inutilisable sous l’eau. En effet, l’image est de bonne qualité car elle est issue du capteur principal mais le rideau est ouvert, le miroir est relevé et l’AF ainsi que la mesure de la lumière sont inactivés. De plus, la consommation électrique est importante ce qui diminue l’autonomie. Il est essentiellement destiné à la photo terrestre en mise au point manuelle (macro sur pied par exemple) avec une fonction de zoom digital x10. Mais sa durée d’utilisation doit être limitée dans le temps à 8mn consécutives (préconisation Olympus) pour éviter l’échauffement du capteur et la génération de bruit supplémentaire sur la future image.
Sur les deux derniers reflex Olympus (E-410 et E-510), seul le mode B est disponible car ils n’ont pas de deuxième capteur. Pourquoi ??? A mon avis Olympus doit préparer un bon coup avec un futur modèle car ce serait incompréhensible qu’ils abandonnent un concept aussi intéressant pour la photo sub.
Objectif Zuiko 14-45mm f/3,5-5,6
Le 14-45mm est livré en standard dans le kit et est compatible avec le hublot PPO-E01. Donc, autant essayer de l’utiliser. Monté sur le E-330, il devient (en équivalent 24x36) un 28-90mm en terrestre et un 37-120 en sous marin, soit l’équivalent de n’importe quel compact mais sans possibilité d’ajouter des compléments optiques. Pas vraiment intéressant, sauf peut être pour photographier dans l’eau une compétition de surf. De plus sa distance de MAP mini (35cm) ne permet pas de s’approcher suffisamment. Son autofocus à moteur interne est rapide et précis mais un peu bruyant.
Objectif Zuiko 14-42mm f/3,5-5,6
Le 14-45mm est maintenant remplacé par un 14-42mm plus moderne avec une baïonnette en plastique et de qualité optique équivalente. Son seul avantage est sa légèreté et sa distance de MAP mini qui passe à 25cm et qui atteint un rapport 0,5 en équivalent 24x36 (objet de 70mm en pleine largeur). Il est aussi plus court ce qui permet de monter un complément optique grand angle et de l’utiliser avec le hublot PPO-E01. Ce complément optique acheté pour quelques Dollars sur Ebay transforme le 14mm en 9mm avec un vignetage important mais facile à réduire en zoomant jusqu’à 11mm. De plus, la distance mini de MAP n’est pas modifiée et le rapport de grossissement passe à 0,6 (objet de 58mm en pleine largeur). Le piqué de l’image n’est pas altéré. Donc, pour résumer, j’ai maintenant un zoom 11-27mm macro (rapport 0,6) soit un équivalent 22-52 en 24x36. Aurais-je trouvé l’objectif à tout faire ?
Objectif Zuiko 35mm macro, f/3,5
L’idéal aurait été bien sûr le Zuiko macro 50mm de focale plus longue, plus lumineux (f/2) mais aussi plus $$$$$ et n’ayant un rapport de grossissement que de 0,5 (en 24x36).
Mais le 35mm est tout de même un super outil. Dans sa construction, il ne fait pas aussi « pro » que le 60mm micro de Nikon mais en matière de performance, il n’a rien à lui envier. Monté sur l’E-330, il se transforme en 70mm et sous l’eau, il devient un 90mm.
Ramené à la taille de son capteur (17,3mm de large), il permet d’atteindre allègrement le rapport 2/1 (1/1 en 24x36) et son AF à moteur interne est très rapide. En terrestre avec un éclairage moyen, il passe d’une MAP infini à 15cm (rapport 1/2 affiché sur le tube de la lentille frontale soit un rapport 1 réel) en moins d’une seconde et son piqué est excellent. Le rapport 2/1 (1/1 24x36) est atteint avec l’objet à 8cm de la lentille frontale ce qui donnera environs 12cm sous l’eau. La minuscule araignée fait à peine 4mm de long. Son piqué est excellent et après agrandissement, on distingue parfaitement les poils de quelques dixièmes de mm sur les pattes.
Rapports d’agrandissement: précisions
Quand le rapport d’agrandissement d’un objectif macro est indiqué dans ses caractéristiques, il est important pour bien imaginer le résultat obtenu, de préciser aussi, à quelle taille de capteur il est correspond.
Quand on parle du rapport 1/1 avec le capteur de 17,3x13mm du E-330, ça veut dire qu’un objet de 17,3mm occupe la totalité de la largeur de l’image. En comparaison, on arrive au rapport 1/1 avec un reflex argentique quand un objet de 35mm occupe toute la largeur du film. Donc, en 24x36, pour qu’un objet de 17,3mm occupe la totalité d’une diapo 35mm, il faut monter au rapport 2/1. Par exemple, le célèbre 60mm Micro Nikon qui nous vient de l’argentique, atteint le rapport 1/1 sur un film 24x36 et cet objectif monté sur un D70 (capteur de 24mm) permet d’atteindre l’équivalent 24x36 du rapport 1,5/1.
Tout cela pour dire que le rapport 1/1 du Zuiko 35mm (indiqué dans ses caractéristiques et qui s’affiche sur le tube de l’objectif) est celui obtenu avec un film 24x36 et que ramené sur le capteur du E-330, le rapport d’agrandissement est du double (objet de 18mm pleine page), ce qui est énorme en photo sub et bonjour les crevettes géantes de 2cm !!!!
Voir aussi : http://www.naturepixel.com/macro_rapport_1-1_taille_capteur.htmPremier contact avec H²O
L’ensemble prêt à plonger composé du caisson et son hublot, du E-330 avec le 14-45mm, du D-2000, du FL-20, de la lampe pilote, de la platine et des deux bras INON, pèse 6,1kg. Dans l’eau douce, sa flottabilité est négative avec un poids apparent de 500gr. Son volume est donc de 5,6 litres et son poids apparent en eau de mer devrait passer à 350gr (différence en densité d’environs 2,8%). Mais s’agissant du matériel photo, je n’aime pas les flottabilités négatives, surtout quand on se balade face à un tombant avec 100m sous les palmes. Donc, deux ou trois poignées en mousse sur les bras INON devraient résoudre le problème. En plus, elles permettront de protéger la fibre optique.
Astuce : Mesure du poids apparent
Mais comment mesurer simplement le poids apparent dans l’eau ?. C’est facile avec l’aide d’Archimède. Prenez une bouteille en plastique vide et accrochez-la au caisson avec une ficelle puis mettez le tout dans l’eau. La bouteille va rester en surface et s’enfoncer jusqu’à compenser le poids de l’ensemble. Il suffit de repérer jusqu’ou la bouteille s’enfonce pour en déduire son volume immergé et donc le poids de l’eau déplacée qui est égal au poids apparent. Vous pouvez aussi remplir la bouteille par étapes jusqu’à obtenir la flottabilité nulle. Converti en volume d’eau, le volume d’air restant dans la bouteille donne le poids apparent. La différence entre le poids apparent ainsi mesuré (dans l’eau douce) et le poids réel donne le volume de l’ensemble (5,6 litres dans le cas présent) auquel il suffit d’ajouter environs 2,8% pour obtenir le poids de l’eau de mer (Méditerranée) correspondante, soit 5,75kg. Concernant le pourcentage à appliquer, je laisse aux puristes le loisir de le moduler en fonction de la salinité (de la mer du Nord à la mer Noire en passant par la Rouge).
Dans de l’eau pour de vrai
Après les essais de flottabilité dans la piscine à 3°, qui ont permis entre autre de montrer l’étanchéité de l’ensemble (c’est la moindre des choses mais c’est aussi le principal), les premières immersions ont eu lieu dans un espace bien protégé et dans une eau à 32° (merci Bruno).
Pour ce premier contact en (presque) conditions de plongée, j’ai limité l’essai à la photo de près avec le 35mm. Les sujets utilisés sont une sirène pirate aux formes opulentes, une épave de Messerschmitt BF109 de la dernière guerre et une chouette en or massif prélevée directement sur le trésor de Rakam le Rouge.
Après dépouillement de la cinquantaine d’images, il s’avère que j’ai eu très peu de cas de mauvaise exposition. Le couple FL-20 + D-2000 fonctionne parfaitement. Les quelques cas de dysfonctionnement sont des sous-expositions et l’explication est simple. Nous étions 3 dans un bassin de 2,5m sur 4m à mitrailler en permanence et nos éclairs de flash déclenchaient aussi les flashs des copains. J’ai eu le cas ou mon D-2000 a été déclenché par un éclair extérieur alors que j’appuyais sur le déclencheur et il n’a pas eu le temps de se recharger complètement ce qui a généré une sous-exp.
L’AF du 35mm, aidé par la lampe, est rapide et précis et son piqué remarquable (1/160ème, f/8) est mis en évidence par les agrandissements ci-dessous :
Le Live-View mode A est parfait et le délai de déclenchement est celui d’un reflex, donc immédiat. Concernant la rapidité de l’AF, je m’attendais au pire après avoir lu les premiers essais réalisés au printemps 2006. La nouvelle version du firmware a probablement amélioré ses performances qui sont a mon gout excellentes : rapidité, précision, que demander de plus ?
Une autre particularité, propre aux reflex est la possibilité d’asservir le déclenchement à la mise au point. En d’autres termes, il est possible de choisir de ne déclencher que si l’AF est OK, donc de ne prendre la photo que si elle est nette. Résultat, en macro, vous visez avec l’écran, vous appuyez à fond sur le déclencheur et vous attendez sans vous préoccuper de rien d’autre que de maintenir le cadrage sans bouger. Si vous êtes trop près (ça arrive avec le 14-42mm), il suffit de reculer doucement tout en maintenant le déclencheur enfoncé et la photo se prend toute seule.
Ce dispositif est aussi très commode en macro terrestre à main levée.Une deuxième séance quelques jours après à permis de valider la solution du 14-42mm et de son complément grand angle. Les images en macro montrent le rapport de grossissement possible dans la limite du raisonnable (distance avec la vitre du hublot et permettant au flash d’être encore opérationnel). Aucune perte de piqué n’est perceptible.
Pour résumer, en attendant des tests plus poussés dans des conditions plus réalistes et avec de l’eau un peu plus salée, voici mes premières conclusions :
Conclusion :
les "plus"- Le caisson Olympus PT-E02 est un modèle du genre.
- L’AF du E-330 est suffisamment précis et rapide.
- Le déclenchement du E-330 est de ce fait immédiat.
- La lampe Fisheye Fix Mini s’entend bien avec l’AF.
- Le 35mm macro est un super objectif.
- Le Live-View mode A est un vrai bonheur de presbyte.
- Le D-2000 est bien copain avec le FL-20, lui-même étant très ami avec le E-330.
- Rapport qualité /prix exceptionnel (en 2008).
les "moins"
- ... je ne sais pas
Si vous avez des problèmes de vue, presbytie ou autre, avec une furieuse envie de changer votre compact pour un reflex sans trop vous ruiner, et si vous voyez passer un E-330 et son caisson à un bon prix, soit en occasion soit en neuf, n’hésitez pas, tout est bon chez lui et il n’y a rien à jeter. !!!
Complément de dernière minute : Un rapide aller/retour en Mer Rouge par téléportation à permis de ramener quelques images de vrais poissons.
Le Live-View en action (et les secrets d'une plongée peu profonde)
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