Albert Falco est un des plus vieux plongeurs français, et certainement un des plus célèbres. Depuis plus de quarante ans, ayant plongé dans toutes les mers du monde, il milite pour leur protection. Le film « Vivre pour la mer » lui rend hommage.

e maillot rayé de « Bébert » Falco est presque aussi célèbre que le bonnet rouge du Commandant qui l’a embauché sur la Calypso en 1952. De simple plongeur, Bébert est devenu capitaine du bateau du Commandant Cousteau, et il a joué un grand rôle dans son film le plus célèbre, «
Le Monde du silence ». Il a compté parmi les premiers hommes à vivre sous la mer pendant les
expériences Précontinent I, II et III* et aujourd’hui, à plus de 80 ans, Bebert plonge encore et toujours, partageant son temps entre la calanque de Sormiou (Marseille) et la Martinique.
Il y a une dizaine d’années,
Remy Boisset, un jeune caméraman travaillant sur la Calypso rencontre Bébert. Il est séduit par la passion du vieil homme pour la mer et cherche à lui rendre hommage. Mais Rémy est ni cinéaste, ni producteur, et son projet est resté à l’état de rêve pendant de longues années.
Le film «
Vivre pour la mer » a enfin vu le jour comme résultat d’une collaboration entre
Remy Boisset, caméraman terrestre pour le film,
Albert Saladini, journaliste à France 3 télévision, et
Jérôme Espla, caméraman sous-marin et producteur privé.
D’abord conçu comme une série de reportages, le film n’a trouvé sa forme finale qu’au montage, explique Jérôme Espla : «
Au début, je ne devais assumer que les images sous-marines pour le compte de l’Association ‘Earth and Sea Images’ qui ont reçu quelques subventions pour faire le film. Je trouvais la démarche intéressante, et j’ai fini par m’investir beaucoup. Ce film n’est pas vraiment un documentaire, mais un hommage à Bébert. C’est un homme incroyable. »
1 :
Romain Lhoste (responsable sécurité plongeur en recycleur), Falco et Jérôme Espla.
2 :
Falco et Rémy Boisset à la caméra.
« Vivre pour la mer » suit Albert Falco en plongée en partant de la calanque de Sormiou où il a appris à plonger avec son « grand frère » Georges Beuchat, jusqu’à la réserve de Scandola (Corse).
Certaines séquences ont bénéficié de gros moyens techniques, comme la rencontre entre Bébert et le Prince Albert de Monaco.
Jérôme Espla continue : «
Le courant est passé tout de suite. Bébert avait déjà croisé le Prince mais c’est la première fois qu’ils ont eu le temps de se parler. Ils sont restés assez longtemps ensemble. Bébert est resté sur sa faim pour certaines questions de fond qui sont restées sans réponse, mais le Prince est aussi un homme politique. »
Une autre rencontre fascinante, filmée de façon très naturelle, est celle avec Laurent Ballesta.
«
Laurent était curieux des plongées de Bébert pour comparer les lieux et leur évolution. Ils ont beaucoup plongé aux mêmes endroits du monde. C’était une rencontre très enrichissante, même s’ils n’étaient pas toujours d’accord sur l’avenir. Bébert est un idéaliste, assez vieille école avec une approche très ‘humaine’, tandis que Laurent est un scientifique avec une démarche très ‘science’. »
3 : Falco et Thierry Houard du Parc de Port-Cros.
4 : Falco et Jérôme Espla à la caméra.
Il y a de très belles images, et des moments poignants, mais le point fort de ce film est l’interaction quasi symbiotique d’un homme avec un milieu qu’il a aimé et fréquenté depuis si longtemps. De l’amour pour une vie de mer.
* Les expériences Précontinent I, II et III, menées par Jacques-Yves Cousteau ont eu lieu respectivement en 1962, 1963 et 1965. Il s’agissait de « maisons » sous la mer, pas très éloignées de la côte, où des plongeurs vivaient sous pression. Précontinent III, au large de St Jean Cap Ferrat était à 100 mètres de profondeur et a servi non seulement pour de futurs travaux off-shore, mais pour les missions spatiales.
Le DVD « Vivre pour la mer » (52’) est disponible en ligne chez Poisson-Lune productions et www.earthandseaimages.com. Il est aussi distribué par certains FNAC, Décathlon, Cabesto et magasins de plongée et Turtle Prod.
Toutes les photos sont (c) Poisson-Lune productions.