Ce que je ne comprends pas c’est le besoin de la Fédé à s’exclure volontairement des standards internationaux de la plongée, et notamment de la plongée loisir.
Il est vrai que la FFESSM a été précurseur dans la plongée au niveau international, il y a 50 ans. Mais elle s’est trop endormie sur ses lauriers, et alors que les autres agences certificatrices de plongeurs cherchaient à démocratiser la plongée sous-marine, la FFESSM a cherché, à contrecourant, à faire de la plongée un sport d’élite.
Je me souviens avoir lu que le fondateur de PADI trouvait stupide de demander à des gens qui voulaient simplement mettre la tête sous l’eau, de faire 1 km de nage en un minimum de temps avant de pouvoir apprendre la plongée. C’était également la façon de faire aux Etats-Unis il y a 50 ans, basée sur les standards des nageurs de combat de l’armée.
Le problème c’est que la FFESSM a toujours cette vision des choses : pour elle, un bon plongeur c’est un champion de natation, on doit faire au minimum chaque semaine des séances de longueurs en piscine,… un peu stupide tout de même. Moi ce que je veux c’est plonger, pas faire des longueurs en piscine.
Alors des solutions existent, elles sont très simples. Mais tant que la Fédération ne voudra pas regarder ce qu’il se passe ailleurs, elle se trouvera malheureusement de plus en plus isolée. Il serait tellement simple de créer un niveau 1 équivalent à l’open water, un niveau 2 équivalent à l’advance open water (plongée à 30 mètre), puis un niveau 3 qui serait équivalent à son niveau 2 actuel et ainsi de suite,… Ca permettrait à ceux qui ont appris la plongée loisir à l’étranger de ne plus se sentir exclu dans leur propre pays.
D’ailleurs la Polynésie française reconnait sans problème les autres certifications. Pour elle, l’advance open water est l’équivalent du niveau 1 en termes de profondeur (29m) et le rescue est équivalent au niveau 2 (49m). Tous les standards sont mentionnés dans une délibération, et des prérogatives en termes de profondeur sont accordées à chacun des niveaux :
http://www.sjs.gov.pf/IMG/pdf/Delib_92-176_AT_du_20-10-92.pdf
Par principe la France et les français considèrent que ce qui se fait ailleurs est forcément moins bien. C’est un problème de culture emprunte de jacobinisme et chauvinisme. On estime toujours qu’une entreprise française qui va s’installer à l’étranger, c’est une chance pour ceux qui la reçoivent : ils vont voir notre savoir faire. Par contre une entreprise étrangère qui vient s’installer en France est toujours suspectée de vouloir profiter des subventions publiques ou de vouloir faire des profits mirobolants sur le dos des pauvres travailleurs français. Pourquoi ça ne serait pas une chance pour nous aussi ?
Dans la plongée c’est pareil, il y a un postulat selon lequel les brevets délivrés à l’étranger ou par une autre organisation le seraient, non pas en fonction des compétences du plongeur, mais de son porte-monnaie… C’est sûr qu’avec cette façon de pensée, on se fait des ennemis partout.
Ce gâchis avec une Fédé, qui ne veut ni évoluer, ni reconnaître les certifications des autres organismes pour conserver son précarré français, fait qu’elle est de plus en plus isolée à l’international, ce qui est dommage et inutile. Elle a tellement à apprendre aux autres sur la plongée avec décompression, ce qui reste tout de même de la Plongée loisir et peut rassurer des plongeurs qui par mégarde seraient allés au-delà des limites de temps. Une fois encore, c’est son refus obstiné de ne pas vouloir reconnaitre les systèmes d’apprentissage par niveau des plongées sans décompression (dispensés par les autres organismes), systèmes devenus les « standards internationaux » de la plongée, qui l’isole chaque jour davantage. Pourtant il faut reconnaître que les plongées avec une vraie décompression, notamment sous les Tropiques, sont plutôt très rares.
Aussi incroyable que cela puisse être, les clubs à l’étranger notamment sous les tropiques, quand ils ne sont pas français, ne connaissent pas la FFESSM. Et non, personne ne nous a attendus.
Et aussi bizarre que cela puisse vous paraitre, le monde de la plongée tourne très bien sans la France.
En cela, la caricature suivante est horriblement (et malheureusement) bien trouvée :
La mondialisation est une réalité. Et la plongée et les plongeurs n'ont pas de frontières ! Les hommes circulent, discutent, évoluent, et plongent… Seuls les vieux français s’obstinent à croire que tout le monde nous envie et ne pense qu’à nous copier. La vérité, c’est que partout on se moque de nous avec nos couteaux attachés au mollet et nos profondes à 60m avec de l’air.
Comme je le disais précédemment, le système français de l’apprentissage de la plongée a cependant toute sa pertinence. Et je trouve réellement dommage qu'elle se bloque sur les plongées sans décompression... Je me dis que la Polynésie y est arrivée... C'est un peu la France aussi.