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[CR Caisson - Très Long] 5h30 à 18m, ma plus belle plongée de la côte varoise


Tentacule

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Préambule

Bonjour à tous,

 

Vous l’attendiez tous, alors le voila !

 

Comme vous le savez peut-être (ou pas) j'ai été victime d'un ADD au début du mois de juin. Je tenais à vous faire part de cette "expérience" non pas dans un but de recherche de sensationnel mais en tant que "retour d'expérience". En effet, je ne savais pas vraiment avant que cela ne m'arrive ce que c'était que de faire un ADD et du caisson, maintenant, je sais un peu plus :)

Mais aux vues du nombre de questions que l'on m'a posées, je me dit que je n'étais pas le seul à ne pas savoir.

Voici donc un CR qui se veut le plus factuel possible.

A aucun moment je ne souhaite que l'on remette en cause ou en questions les personnes qui m'ont accompagnées dans cette expérience.

Voila, je ne veux pas de troll, pas de polémique, seulement vous faire part de mon histoire et si vous le souhaitez échanger avec vous.

 

Bien qu'il soit assez facile de trouver où et avec qui cela m'est arrivé, je préfère faire un CR "anonyme".

On va donc dire que j'étais à "St Tropez", dans le club "Plongez dans l'eau" dont le patron s'appelle Antoine.

 

Sachez aussi que ce CR est TRES long (15 pages word), du coup, j’essaierai dans les prochains jours (semaines) de mettre un résumé pour ceux qui n’auraient pas le courage de tout lire, mais je vous promet rien la dessus :)

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Introduction

 

Nous sommes donc le dimanche 8 juin, je suis arrivé sur mon lieu de vacances la veille en train, j'ai passé une bonne nuit, pas trop courte et je ne suis pas plus fatigué que ça (c’est à dire que j’ai toujours cette fatigue latente qui est une seconde nature chez moi, mais c’est tout).

J'ai passé mon N4 une semaine auparavant, je ne suis donc pas dans un cas de plongée de réadaptation. Par contre, ca fait longtemps que je n'ai pas enfilé mon étanche, mon bi ni ma wing :) Ca fait d'ailleurs du bien de les retrouver, tout comme mon tuyau long et mes palmes pas si longues justement.

Bref voila, il est 8h15 on arrive au port et on part pour faire le Togo.

On est une dizaine de plongeurs on vient de différents horizons on a tous au moins un peu d'expérience : disons que le plus "jeune" a 200 plongées, et les plus vieux en ont un millier voire 5 ans de recycleur derrière eux.

Niveau minimum : N3, voire même peut être N4, je sais plus, peu importe...

On fait les présentations, on se serre tous la paluche et on prépare les run-time.

On a prévu comme config :

  • un Bi2x10 ou 2x12 de trimix 20/30
  • une déco (7L ou S80) de NX 40
  • une déco d'O2

Le run time est fait sous V-Planner (VPM-B, conservatisme +4)

On prévoit 18 minutes au fond.

On fait les palanquées, je suis avec X et Y :)

En discutant avec eux, ils me disent qu'ils ont fait un run time hier soir, dans leur chambre et qu'ils souhaitent partir sur un temps fond de 25 minutes.

Je consomme assez peu et mon Bi 10 devrait suffire. 25 minutes au fond donnent un temps de plongée total de 63 minutes, bref c'est acceptable. On part donc là dessus.

Je recopie le nouveau runtime à un autre endroit de ma plaquette, si jamais je suis pas bien au fond, je leur ferai signe qu'on fait que 18 minutes.

J'ai décidé cette année de faire une déco avec un Suunto D9. Cet ordi ne gère pas l'hélium, mais en partant sur des mélanges normoxiques, avec une remontée très lente et des premiers paliers rajoutés dès 30m, ca fonctionne, parait-il, assez bien. J'avoue aujourd'hui (et j’avouais déjà hier) ne pas être très expert dans cette cuisine ; jusqu'à présent, pour moi la déco, c'était ce que me donnait l'ordi ou ce que me donnait le run time sans adaptation !

Je décide donc de partir sur le run time et de voir ce que donne l'ordi à titre d’info.

On se met à l'eau on descend jusqu'à 58, et on attaque notre balade sur le Togo. Toujours aussi belle cette épave ! J'avoue que j'en profite qu'à moitié car c'est la première depuis longtemps où je suis équipé comme un vrai plongeur tek, et je m'étais réhabitué à la config humide-stab-12L-tuyaux courts-pas de décos.

Mais la plongée se passe bien!

Au bout de 25 minutes on remonte et on suit le Run-time! Premier palier vers 33m, passage sous NX40 à 30m, tout va bien. Je change de gaz sur l'ordi qui m'enlève quelques minutes de paliers.

Je suis toujours le runtime et utilise l'ordi juste comme ca.

On continue la remontée et on se rend compte qu'on s'est trompé de bout. À 9m, il n'y a plus rien qu'une bouée noyée mais pas de bateau. On finit donc les paliers en pleine eau.

J'avoues que je tiens plus ou moins bien ma profondeur, je suis un peu pataud avec tout ce bardas et j'ai un petit souci d'étanche : j'ai maigris et elle je purge toute seule par la collerette. Rien de bien méchant mais c'est un peu relou. (Comme quoi, vaut mieux ne pas maigrir :D )

On passe sous O2 à 6m, pas de soucis. Je change de Gaz sur mon D9 qui me divise mon temps de paliers par 2 !

On finit de suivre le run time et mon ordi repasse en NO DECO a la même seconde que le run time ! c'est beau :D

On sort de l'eau.

On capelle 50m pour aller au bateau, on remonte et on rentre au port.

Malgré les quelques légères difficultés et le fait que "c'est la première donc on profite pas à mort", je suis content de refaire de la "vraie plongée" chose que je n'ai pratiquement pas fait depuis octobre à cause du N4 :)

On pique nique sur le port, on va boire un café, on parle plongée, bien entendu mais d'autres petits trucs aussi.

On part se faire une petite sieste dans la voiture d'environ 20min, ca permet de recharger un peu les batteries.

On passe devant le bateau d'un corailleur avec un caisson de recompression dessus, on m'explique qu'en fait, ces plongeurs là ne font qu'une partie de leur déco dans l'eau. A un moment, ils se déshabillent dans l'eau, remontent sur le bateau, ils ont quelques minutes entre "la vie et l'add" pour aller dans le caisson et finir les paliers au sec! Incroyable. Il faut vraiment avoir la foi !

Du coup on parle un peu caisson et je dis cette phrase qui finalement sera de circonstance : "Ici le caisson est à Toulon, c'est pas loin, au moins si j'ai un carton, je suis rassuré..." je croyais pas si bien dire...

 

L'après midi on part faire le torpilleur, c'est une épave sur 48m, une belle petite plongée d'après midi quoi !

On a topé le trimix du matin à l'air, moi j'avais 120b à la sortie, mon Bi 10 est gonflé à 230b, j'ai donc un Trimix très léger : 21/15. Autant dire de l'air ou presque !

On envisage un temps fond de 20 minutes avec 1 seule déco à l'O2 (pas de nitrox)

Le run time est le suivant :

  • 48m : 20 min
  • 30m : 21 min (moi aussi j’ai trouvé ça bizarre)
  • 27m : 22 min
  • 24m : 24 min
  • 21m : 25 min
  • 18m : 27 min
  • 15m : 30 min
  • 12m : 35 min
  • 9m : 42 min
  • 6m : 48 min
  • 4m : 54 min

Je me dis que j'adapterai en fonction de l'ordi cette fois, enfin un tout petit peu.

On descend, la plongée se passe très bien te je prends plus de plaisir que le matin : normal, j'ai repris un peu mes marques !

L'épave n’est pas grosse mais on y voit tout de même un congre, des galathées, et plein d'autres trucs sympas...

20 minutes et 30 secondes, on remonte, on a un tout petit peu glissé sur le runtime (30 secondes).

On remonte doucement. Je suis content d'avoir un D9 car il est taré à 10m/min même au fond donc j'ai en quelque sorte une garantie de ne pas remonter vite et de bien évacuer l'hélium !.

On rattrape le Run time en arrivant à 24m à la 23e minute

On commence la déco, tout va bien !

Je suis mes collègues et je fais mes paleirs.

A partir de 15m, je me mets environ 50 cm au dessus de la profondeur du run-time, histoire de faire "plaisir" au D9. C'est surement très con mais c'est ma réflexion du moment.

Arrivé à 9m, on a 7 minutes à faire selon le Runtime, l'ordi lui me donne encore beaucoup de paliers mais me dit que je peux aller à 4m. Du coup j'ai le réflexion suivante : L'hélium s'éliminant très vite, il a quasiment disparu depuis 15m. L'ordi lui me calcul 79% d'azote alors que j'en ai 65%, du coup il est pénalisant pour l'azote. Donc si je suis l'ordi, ca devrait le faire.

Du coup j’adapte un peu en restant 5 minutes à 8m puis en remontant à 6 pour passer sous O2. De toutes façons, j'ai pas prévu de sortir avant mes collègues, donc je rattraperai sur 6 ce que j'ai pas fait sur 9...

La encore j'ai des soucis d'étanche et je suis pas très habile cet après midi, mon palier est assez oscillant et je suis pas super fier de moi. Je repasse quelques fois les oreilles à cause de ça, bref c'est pas top.

Du coup, en résumé, l’adaptation est (j’ai retracé la courbe sur l’ordi)

• Suivi du run time jusqu’à 12m-35 minutes

• Ensuite, palier à 8m de 5 minutes (ce qui nous amène à 40 minutes)

• Remontée à 6m. Passage à l’O2 sur le bloc puis changement de Gaz sur le D9

• Palier à 6m pendant 5 minutes. (on est à 45 minutes)

• Remontée à 4m (le D9 m’autorise 3m et à 6m il arrête pas de gueuler dès que je suis à 6,1m…)

• Remontée vers la surface au bout de 10 minutes à 4m soit 55min. j’ai fait tous les paliers du D9 et même les 3 minutes « de sécu » je sors en même temps que le run time

 

Durant les paliers à 4m, j’ai commencé à avoir une petite douleur au bras droit au niveau du biceps. J'ai la même à gauche depuis 3 mois suite à un faux mouvement donc j'y prête attention mais sans plus. Je garde un oeil dessus quand même.

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L’accident et l’évacuation au caisson

 

On finit la déco, on remonte doucement en surface.

Je respire de l'O2 2minutes en attendant le bateau.

Je remonte dessus, je suis inquiet, ma douleur a pas disparue. Elle s'intensifie même légèrement. Je ne suis pas serein avec ce truc, je demande donc à Antoine (le patron) de m'ouvrir mon étanche. Il me demande si je veux de l'O2, je lui dis oui. ca doit faire environ 5 minutes que je suis sur le bateau, donc sorti de l'eau depuis moins de 10 minutes

Je m'assoie, je respire l'O2. Antoine me demande si je veux qu'on appelle le CROSS, je réponds "je sais pas, attendons de voir si ca évolue"

Moins de 5 minutes après, ma main droite commence à me picoter très légèrement, je le dis à Antoine et on décide d'appeler le CROSS.

J'entends un vague PAN-PAN, PAN-PAN, PAN-PAN à l'autre bout du bateau, je suis plus préocupé par mes sensations.

Mes 2 binomes m'aident à enlever mon étanche.

A peu près au même moment, les autres plongeurs du bateau remontent à la surface (pratique d'avoir tous les même run time ! on sort au même moment :) )

Je commence à sentir les picotements s'intensifier un peu et gagner mon avant bras droit.

On surveille les 2 autres de la palanquée, ils vont bien ! RAS

On me passe 250mg d'aspirine dans un verre d'eau et on me donne une grande bouteille d'eau plate, j'en bois un peu mais j'avoues que j'ai quand même un truc principal en tête : DE L'O2!!! Même si 30 secondes sans O2 ne changent rien, j'ai quand même à chaque fois que je lâche le masque tout de suite envie de le reprendre...

Le temps que tout ce petit monde finisse de se déséquiper, on m'aide à aller à l'avant du bateau, afin que je puisse m'allonger et que j'ai de l'espace.

Je pense qu'à ce moment, je suis sorti de l'eau depuis 15-20 minutes.

On rentre au port.

Pendant le retour, on s'occupe bien de moi:

On m'allonge à l'avant, on me couvre pour pas que j'ai froid, on me force à boire de l'eau, je continue l'O2.

 

Photo004%20%5b800x600%5d.jpg

 

Les picotements commencent à toucher ma main gauche.

Je stresse un peu.

Un des plongeurs est pompier et me "diagnostique" un peu : je peux encore parler, je sais mon age, quel jour on est, bref, je suis lucide. J'arrive à serrer la main, a pousser avec les jambes, j'ai encore des sensations quand on me chatouille les pieds et les mains.

Sur une échelle de la douleur, je dis que je suis à 3. En fait, après coup, je pense que j'étais à 1 parce que j'avais vraiment pas mal, mais c'était juste "gênant et flippant"

On m'informe qu'on rentre au port et qu'un hélico viendra m'évacuer.

L’hélico, c'est quand même la classe ! :froglol :

Mais là, je suis surtout soulagé que ca soit pas une ambulance car le caisson est proche par les airs mais loin par la terre...

Les picotements gagnent mon avant bras gauche et les autres s'intensifient.

J'ai donc les 2 mains et les 2 avants bras qui picotent, un douleur légère au biceps droit qui vient je sais pas d'où et une douleur au biceps gauche qui vient de mon faux mouvement d'il y a 3 mois, ce qui est bizarre c'est que je ressens la même douleur à droite et à gauche :confus:

On me dit de me caler, que ca va aller, que c'est peut être rien qu'une grosse frayeur ou un coup de froid pour me rassurer.

Beaucoup de gens m'entourent ce qui me rassure un peu quand même.

J'arrive même à faire une blague ou deux (faut pas déconner, je suis pas encore mort quand même, faut bien rire :tromaran: )

Au fond de moi, j'ai pas mal les boules de me dire que je pourrais pas plonger pendant 3 mois et que je pourrais pas finir la semaine de plongée. C’est sur qu'à ce moment, on pourrait dire qu'on s'en fout, que c'est pas le sujet du moment, mais quand même j'ai ca dans le tête... c'est humain...

Les picotements commencent maintenant à toucher mes pieds, je doit être sorti de l'eau depuis 40 minutes environ.

Malgré ça, j'ai toujours mes sensations partout, en gros ca m'a l'air d'être un accident sérieux mais pas extrêmement grave, enfin, c'est ce que je me dit

On relève mes paramètres de plongée, heure de sortie, gaz respiré, run time, etc...

A force de respirer de l'O2 et de boire, ca commence à aller mieux. Je me détends un peu et je me dis que c'est peut être en train de se terminer.

Je suis un peu "blanc comme un cul" mais je commence à retrouver le sourire

On m'entoure toujours bien, je dis à celui qui est à ma gauche de noter sur mes paramètres que j'ai "troqué" 2 minutes à 9 au trimix contre 2 minutes à 6 à lO2. (oui, c’est pas tout a fait ce que j’ai fait, mais certaines de mes adaptation ont été faites un peu involontairement à cause de mes soucis d’étanche, et puis j’ai l’esprit un peu confus la dessus)

On me demande pourquoi, je réponds "je sais pas, pour suivre le D9"

On arrive (enfin! en fait c'était pas long, mais on trouve toujours ca long quand c'est soi la victime) au port. Je vais beaucoup mieux, pratiquement plus rien.

Ca doit faire 1h que je suis sorti de l'eau

Les pompiers me prennent en charge : Nom, prénom, age, etc...

On me met dans une sorte de civière cocon.

Comme affaires, j'ai avec moi mes 2 ordis, Une tablette avec mon run time, mon portefeuille et mon portable. Comme fringues, un bas de jogging et 1 t-shirt

On me sort du bateau de façon un peu acrobatique, pas facile de passer du pont au port

On me met dans l'ambulance en attendant l'hélico qui n’est pas encore arrivé.

Les gendarmes appellent mes parents, un compagnon de plongée appelle ma copine. Ce que je ne sais pas encore, c'est que je ne vais pas pouvoir leur parler avant 6 ou 7h et qu'ils vont donc beaucoup, mais vraiment beaucoup s'inquiéter... :(

Après coup, vu mon état de lucidité à ce moment là, j’aurais du appeler moi-même :)

Toutes ensembles, mes sensations de gène reviennent petit à petit. Les picotements regrandissent, mains, jambes, pieds, bras. Je suis toujours sous O2, comme depuis le début.

Je commence à m'inquiéter parce que c'était parti sur le bateau. Je commence à trouver le temps long et l'hélico n’est toujours pas là.

Je dois être sorti de l'eau depuis 1h20

L'hélico arrive enfin.

L'ambulance démarre, je dis au revoir à mes compagnons de plongée.

Mes sensations de picotement s'intensifient

On me transporte vers l'hélico. Comme la civière cocon est chiante à manipuler et que je vais a peu près bien, on me porte juste par le drap de la civière et on me mets dans l'hélico.

Je suis allongé, du coup, je vois pas grand-chose… :(

 

Photo005%20%5b800x600%5d.jpg

on décolle.

De ma place, je vois défiler la balise du port puis les montagnes, on vole vraiment bas.

Mes picotements sont toujours là. Ils ne s'intensifient plus trop, c'est vraiment pas douloureux et très supportable, mais ce n'est bien sur pas "normal"

Le vol doit durer environ 15 minutes, mais depuis le temps que ca ne va pas, ca me semble une éternité.

Le militaire à l'arrière me fait des sourires réconfortant en me disant "on arrive bientôt"…

Je trouve quand même ça très long…

On arrive à l'hôpital, l'hélico se pose sur le toit, cela doit faire 1h40 que je suis sorti de l'eau. Un brancard m’attend.

Les infirmiers se demandent comment me mettre sur le brancard.

Comme je me sens encore pas trop mal le leur dit que je vais y aller tout seul sur le brancard.

Je me mets debout, aidé d'un pompier et je me mets sur le brancard.

On m’enlève le masque à oxygène, et les pompiers le gardent. Ca me plait pas trop mais bon, je leur fait confiance

C'est parti à travers le dédale de l'hôpital.

Ascenseur, couloir, porte, couloir, ascenseur, couloir, porte, couloir, porte…

 

 

Ayé ! je vois le caisson! :bounce :

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Le diagnostic

 

On me fait entrer dans une petite salle à coté pour m'ausculter.

Il y a un infirmier et un médecin hyperbare.

Je me rends compte à ce moment que j'arrive pas à lire son nom : j'ai pas mes lunettes ! Ca va me faire chier pendant tout mon séjour à l'hôpital...

On me met une perfusion et on me fait une prise de sang

On m’enlève mon bas de jogging

Le diagnostic démarre :

Qu'est ce qui vous est arrivé ? Que ressentez vous ? Quelle profondeur ? Quel mélange ? etc...

Je lui explique le profil du matin, je lui donne les gaz, le temps de plongée, puis je lui explique celui de l’après midi, les gaz, la profondeur, le temps, la déco, les 2 minutes de modification dans la plannif, le petit mètre d’écart sur les paliers de 15 et 12, bref tout !

Il voit mon D9 et me dit "ah zut je viens d'acheter un D6, ca me rassure pas" petit clin d'œil ;).

Il me fait des tests de reflexes : mains, bras, genoux, pieds, cremastériens, etc. Tout est là, sauf 1 reflexe au pied gauche : Quand il me tape sur la plante des pieds, mon pieds "oscille" de façon a priori lâche, du moins c’est ce qu’il me dit. On m’a appris après coup, que ca arrive chez un nombre non négligeable de personnes, je sais pas si c’est vrai ou pas, je vous le donne tel quel !

Il me fait faire des tests de mobilité : serrez ma main, poussez sur les jambes, tirez sur les jambes, etc. Tout est là!

J’en suis donc toujours au même point pour moi : Des sensations de picotement dans les 4 membres assez fortes, mais à part ca, tout va bien !

Le médecin est inquiet surtout à cause de mon reflexe absent.

Il m’explique

« C’est un accident de décompression, c’est une certitude ! »

« De quel type ? »

« A priori médullaire cervical, mais je ne peux pas vous le garantir, c’est peut être cérébral. »

Voulant savoir de quel gravité est mon accident je lui sort cette phrase magique :

« Mais c’est grave ou bénin ? » :D

« Ah non… ca c’est pas benin ! »

« OK, oui, je me suis mal exprimé… mais c’est de quel niveau de gravité »

« Je sais pas, faudra que je regarde, je peux pas vous dire précisément, mais ca devrait aller »

Je suis pas super rassuré… « Bon, OK… »

« Actuellement, votre accident est en train d’évoluer, on va donc faire du caisson, ca peut disparaître, ca peut rester, ca peut s’aggraver, j’ai bon espoir, mais je vous en informe quand même, c’est le principe de risque accepté »

« Bon, bah que voulez-vous que je vous dise, j’accepte ! :) »

Il m’explique ensuite que l’on va partir pour une recompression sur une profondeur de 30m pour une durée de 8h (Table Comex30) MAZETTE ! 8heures… « bon, bah OK »

Ensuite, il me demande depuis combien de temps je suis sorti de l’eau, je lui dit de me passer mon ordi qui est sur la paillasse et je regarde, ca fait de mémoire 1h54 (en tous cas, je suis sur que le chiffre était entre 1h50 et 2h00)

Il me demande si j’ai envie de pisser, je lui dit que oui et il me dit « bon bah essayez, comme ca fait peu de temps que vous êtes sortis de l’eau, si vous arrivez à pisser, on va changer la procédure. »

On me file donc un « pistolet » qui est une sorte de tube avec un ballon au bout. Je me mets en condition pour faire pipi. Le médecin me tape la discute « Le togo, quelle belle épave quand même ! » J’avoue que je suis pas très loquace mais je lui réponds gentiment et on parle un peu plongée. Ca me décontracte

J’ai réussi à faire pipi

Il me dit que c’est bon signe et qu’on va donc changer la procédure : on part pour 5h30 à 18m (Table Comex 18). Rien qu’en pissant, j’ai gagné 2h30 de caisson, si j’avais pu repisser un 2e coup et regagner 2h30, je l’aurait fait ! :D

L’infirmier va préparer le caisson

Il m’explique un peu en détail la suite :

On fait 5h30 de caisson, il est 18h, je sortirai donc à 23h30.

Ensuite, ils me garderont la nuit en observation à l’hôpital

Demain matin je ferai 1h de caisson en « consolidation », je serai pas tout seul, il y aura sûrement d’autres personnes avec moi

Après cela, ils me feront un DTC ! Non non, ce n’est pas ce que vous pensez, c’est un Doppler Trans-Crânien, qui a pour but de dépister les FOP. Il m’explique que vu mon accident, j’ai 80% de chances d’avoir un FOP. A ce moment là, je m’en contre fout !, je veux juste que les picotements partent.

Enfin, il m’explique que comme il me l’a déjà expliqué, mon accident évolue (oui oui je sais et ca me rassure pas, je voudrai pas finir en légume). Le but premier du caisson ne va pas être de faire disparaître les picotements mais d’assurer que l’accident ne s’aggrave pas. Il va donc falloir que je sois très à l’écoute de mon corps et que je les prévienne de toute évolution. Ce qui est important, c’est surtout que ca ne s’aggrave pas, on se fout que ca disparaisse…

Je retiens bien le message et je peux vous garantir que j’ai bien été à l’écoute de mon corps. Même un poil de cul qui se dresse, je le sentais !!!! :D

Je lui dit OK et on part dans le caisson

 

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Le caisson

 

Depuis que je suis à l’hôpital, je n’ai pas quitté le brancard, et je suis donc inséré dans le caisson avec mon brancard et ma perf. Je ne vais pas quitter le brancard pendant encore 5h30.

Le caisson, vu de dedans est une sorte de cylindre de 2,5m de long sur 1,8m de diamètre. Je vois pas grand-chose parce que j’ai pas mes lunettes.

Le médecin est avec moi pour le début. On part pour la recompression.

Le caisson commence à chauffer sévère (normal, on nous comprime) et il fait super chaud. Le médecin me dit qu’après, il va au contraire faire froid parce que pas de chauffage !

Je passe mes oreilles doucement, on descend très doucement. Au bout d’une minute, on doit être à 4m. C’est cool parce que sinon, il aurait fait encore plus chaud et les oreilles seraient peut etre moins bien passées.

On arrive à 18m, fin de la descente !

Le médecin me met un truc au bout du doit avec une lumière rouge, je crois que c’est pour mesurer les gaz du sang et le rythme cardiaque (les médecins me confirmeront)

Ensuite il me met un masque à oxygène. C’est un gros masque avec un joint mou autour pour qu’il soit bien étanche sur le nez et la bouche. Il y a une sorte de BAVU dessus, je suis branché d’un coté pour l’entrée d’oxygène et de l’autre pour la sortie.

ET oui ! je ne suis pas recomprimé à l’O2, mais à l’air pour éviter d’avoir une atmosphère avec une PPO2 trop élevée.

L’O2 est seulement dans le masque. Je démarre avec un mélange Héliox, puis après ca sera O2 (enfin, je sais pas précisément, faudrait regarder la procédure C18)

Il me demande si les picotements disparaissent.

« Non »

« Bon, ok, pas de soucis »

Il me dit qu’il va me quitter et que d’autres personnes viendront au fil du truc me voir. Ils ont un œil sur moi, donc je dois leur dire si ca évolue.

On doit déjà être remonté sur 15m

Je lui demande s’il a pas un truc à lire pour faire passer le temps. Il y a un bouquin qui traine derrière et il me le passe.

Il me file aussi une couverture pour le cas où j’aurais froid, je suis quand même en T-shirt et caleçon

Le médecin sort par un sas derrière moi que je ne vois pas et il est remonté par la personne en charge de la gestion du caisson.

Je regarde le bouquin, ça a l’air d’être un livre d’amour ! SUPER ! je vais bien m’éclater :D

J’essaie de lire la première page mais je passe mon temps à relire en boucle les 10 premières lignes sans les comprendre, j’ai la tête ailleurs.

Je pose le livre et essaie de dormir un peu. J’y arrive pas mais je somnole tout de même un peu.

J’ai froid, je mets ma couverture

Mes picotements sont toujours là et quand on me remonte un peu (je vois l’aiguille de profondeur diminuer sans pouvoir lire les chiffres) j’ai une sorte de petite douleur dans le mollet gauche. C’est léger, mais c’est présent. Je le dis à l’infirmer à travers le hublot qui va prévenir le médecin. Ca ne l’inquiète pas. Moi oui…

Je continue à glander tout en m’écoutant et en me demandant depuis combien de temps je suis la dedans (et oui j’ai pas de montre)

Au bout d’un moment, on doit être sur 9m et l’infirmier vient me voir au hublot pour me demander si ca va, je lui fait un beau OK de la main et je lui demande l’heure. Une voix me répond dans les hauts parleurs du caisson « encore 4h30 »

Je suis content, ca a été long, mais pas trop cette première heure…

J’ai chaud, j’enlève la couverture

Je prend mon pistolet à coté de moi et je fais pipi un 2e coup (j’ai bu presque 1,5L sur le bateau, faut évacuer)

15 minutes plus tard, l’infirmier se fait comprimer pour me rejoindre dans le caisson. J’ai pas fait gaffe mais j’ai déjà « bu » toute ma perf.

Il me la change et reste un peu avec moi. Il m’explique que c’est un vaso dilatateur pour que les bulles s’évacuent mieux.

Je lui demande si je vais devoir garder le masque pendant les 5h30, réponse « oui parce que c’est la qu’est l’O2… »

Il me dit aussi qu’ils me voient et m’entendent dans le caisson car y’a une caméra et un micro, je les avais pas vu, c’est tout flou…

Il me demande si ca va, je lui dit oui et je lui demande si ils ont pas un magazine à me passer parce que je m’emmerde un peu. Il demande à la nana en charge du pilotage du caisson et elle me trouve « Le Point » avec Sarko en couverture. Allez, j’achète ! L’infirmier le récupère à travers un petit sas miniature sur le coté et me le passe.

Il me demande si je veux qu’ils préviennent quelqu’un

« OUI ! ma copine ! »

Je leur donne le numéro et leur dit de lui dire que ca va.

(A priori, ils ont jamais appelé… mais c’est l’intention qui compte)

Il me dit « bon courage » et remonte.

C’est parti pour lire la vie de sarko !

Je lis sans trop retenir ce que je lis, mais ca fait passer le temps.

J’ai froid, je remet ma couverture (décidément, j’arrête pas de changer d’avis…)

On remonte à 6m, re-petite douleur dans la jambe. J’arrive toujours à bouger tous les membres, bref ca va, les picotements ont même bien diminué. Je préviens l’infirmier qui va voir le médecin. Verdict : Ca ne l’inquiète pas… Moi si…

Je demande l’heure : « encore 3h30 » super… j’en ai fait 1/3… ca va être chiant mais bon…

Je continue ma lecture

Un voix me dit dans le micro que j’ai le bonjour de P et J (c’est 2 potes à moi qui sont médecins) et qu’ils se chargent de prévenir mes parents. Je leur réponds un OK.

Je suis vraiment content, car ca signifie pour moi :

• Qu’ils ont pu appeler l’hosto et avoir les infirmier ou le médecin

• Qu’ils savent donc que ca va

• Qu’ils vont pouvoir rassurer tout le monde…

J’ai les larmes aux yeux.

Je tache de dormir un peu. Je somnole légèrement.

Je sors 20 minutes plus tard de mon état groggy. Les picotements commencent à revenir plus fortement. Dommage ils étaient presque partis. Je suis inquiet, je rappelle l’infirmier, mais c’est encore la même chose « ca inquiète pas le médecin »

Je reste donc sur mon brancard qui commence à me faire mal au dos et j’attends que ca passe…

Le temps est long et je recommence a m’exaspérer de mon corps qui me fait les montagnes russes du picotement : ca pique, ca pique plus, ca re-pique…

Finalement, ca passe doucement…

 

[…]

 

Là, j’ai un trou sur ce qui se passe parce que entre le « encore 3h30 » et le « encore 2h30 » qu’on vient de m’annoncer, je sais plus ce qui s’est passé, ca s’est presque passé comme ça…

En tout cas, ca fait maintenant 3h que je suis dans ce fichu tonneau en métal et j’ai ENFIN plus de picotements…

Mais par contre, avec ce masque à oxygène et ce gout métallique d’O2 dans la bouche, je commence à avoir une gerbe d’enfer…

J’appelle l’infirmier qui vient me faire une piqûre de « prinperan » (orthographe ?) pour me calmer… Il me dit « tenez bon, plus que 2h… »

Moi j’aurais dit « encore 2h » vu comme je suis

Le problème, c’est que la gerbe passe pas vraiment et que je suis en train de passer ma pire 1/2h dans le caisson : J’en ai super marre, j’ai des hauts le cœur et des relents, j’ai des sueurs froides, j’ai chaud, j’ai froid, j’ai re-chaud, j’ai des spasmes, bref un mauvais moment. J’en envoie valser la couverture, le magazine, le bocal a pipi (vide !) et je me contorsionne sur le brancard.

Puis je me force à me calmer et j’essaie de dormir. J’y arrive pas mais la nausée finit par passer légèrement. Je garde une gerbe latente qui me quittera plus jusqu’à la fin.

A partir de là, plus rien de spécial, tout va bien, j’ai plus de picotements,

Il me reste 1h30 à tenir, je commence à en voir le bout.

Là, j’ai l’idée la plus nulle de toute ma vie : je me dit que La Marseillaise dure 1 minutes (Je le sais parce que c’est grâce à ça que je mesurais mes temps de RSE au Niveau 4 : Tu chantes la marseillaise en entier et t’es sur d’avoir fait tes 45 secondes, même si t’as chanté vite). Et donc que j’ai qu’à la chanter 90 fois et puis voila :)

Bon très clairement, je l’ai chanté 1 fois et ca m’a saoulé… :D :froglol :

Je recommence donc à lire le point (j’aurais préféré le n°4 d’Abloc !!!!)

Il y a un article sur les familles recomposées et le rôle que doit jouer la belle mère dedans… Absolument passionnant, j’ai rien retenu !

Après, il y en a un autre sur l’histoire d’un jeune israélien qui est parti en Afrique combattre les braconniers… ça aussi, ça valait le coup !

De toutes façons, je sais même plus trop ce que je lis, tout ce que je sais, c’est qu’un page de magazine pleine, à la vitesse ou je la lis, c’est en gros 5 minutes, du coup, à la fin de chaque page, j’ai 5 minutes de moins à attendre… comme j’ai pas de montre, ma montre du moment, c’est « Le point »…

« Encore un grosse demi heure me dit la petite voix »

Ca y est, je me sens heureux de me dire que c’est la fin.

Je glandouille un peu, l’infirmier vient finalement me voir au bout d’environ 25 minutes en me disant qu’ils m’épargnent la fin parce que c’est difficile de respirer dans le masque sur les derniers mètres…

On remonte, il fait froid dans le caisson (normal, on décomprime)

La porte se dépressurise.

L’infirmer dit « SURFACE » et ouvre la porte…

Ca y est c’est fini :)

 

Je voudrais juste revenir sur un point quand même par rapport à ce caisson. Je ne voulais pas non plus en mettre 50 pages, mais le point que j’ai retenu, c’est que c’est vraiment très très long de dedans parce que :

• On est coupé du monde extérieur (et surtout de ses proches)

• On ne peut même pas parler avec les infirmiers (ou si peu)

• Le masque à Oxy est assez gênant à la longue

• Le brancard n’est pas vraiment équipé qu’un matelas dunlopilo ;)

• On s’inquiète pas mal sur son état et on a pas de personne a qui le dire…

Voila, c’est vraiment ce qui m’a le plus fait « souffrir » dans le caisson

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2e diagnostic et nuit à l’hôpital

 

Le médecin me récupère à la sortie du caisson avec un grand sourire en me disant : « Bon, s’il avait du se passer quelque chose, ca serait déjà arrivé ». Ca rassure :)

On retourne dans la salle de diagnostic.

On m’apporte un téléphone en me disant « c’est pour vous »

C’est mon pote médecin.

Je lui raconte vite fait le truc, lui dit que j’ai bien eu mon petit mot dans le caisson, que ca va bien, et que ca m’a fait très plaisir, etc. On décide d’en parler plus en détail à un autre moment mais je suis content de savoir qu’il a bien informé mes parents.

Il me passe ma copine qu’il a soutenu depuis quelques heures, je la rassure sur mon état de santé et sur le fait que je vais très bien. Je m’excuse aussi et surtout de lui avoir fait peur. On reste quelques minutes au téléphone et je rends le téléphone à l’infirmier.

Le médecin me dit « ca fait plaisir quand ca se finit comme ça », ce à quoi je lui réponds que je suis bien d’accord…

On recommence le diagnostic dont le résultat est exactement le même qu’avant le caisson, les picotements en moins…

L’absence de réflexe au pied gauche intrigue le médecin qui me dit « tiens, c’est bizarre. Ca devait être comme ca avant le caisson, dommage car c’est ce qui m’avait le plus inquiété… »

Moralité, mon accident était peut être un peu moins grave que ce qu’il croyait au début…

 

Je lui demande s’il a finalement pu calculer le degré de gravité de mon ADD.

« oui ! Alors ca se mesure sur une échelle qui va de 1 à 22… on considère que c’est un accident dit "A fort potentiel" à partir de 7. Vous êtes à 3 »

 

Petit joueur… :froglol :

Bon par contre, venez pas me demander pourquoi de 1 à 22, j’ai rien compris, a priori ca se mesure selon tout un tas de critères du genre : état à l’arrivée, état à la sortie, type d’add, etc…

 

Bref tout ca pour dire que j’ai fait un ADD pas du tout bénin mais pas non plus d’une gravité trop accrue…

 

Il m’explique la suite : « cette nuit on vous garde en observation, on vous a réservé une chambre, demain matin vous ferez encore 1h de caisson puis on vous fera le DTC (Doppler Trans-Crânien) pour détecter un éventuel FOP : vu votre type d’accident, il y a environ 80% de chances pour que vous en ayez un. Ensuite, vous pourrez repartir…)

 

Je lui demande si mon ADD risque d’évoluer (en mal) pendant la nuit, ce à quoi il me répond que c’est possible, mais extrêmement rare, il a eu le cas 1 seule fois en 15 ans…

Je suis à peu près rassuré.

 

J’enfile mon bas de jogging, je me mets dans un fauteuil roulant et l’infirmier m’emmène à ma chambre : J’ai la n°13 ! La classe, heureusement que je suis pas superstitieux, car c’est d’un gout douteux :D

 

Je bois un coup, je m’allonge, j’essaie de téléphoner mais les portables captent pas… j’essaie de dormir, mais j’y arrive pas…

 

Un infirmière passe me voir et me demande si ca va, je lui dit que oui mais que j’arrive pas à m’endormir, du coup, elle me propose un cachet que j’accepte avec plaisir. C’est pas non plus une dose de cheval car je fins par m’endormir mais doucement.

 

 

J’ouvre les yeux, je regarde ma montre, il est 4h30… super, j’ai dormi 4 petites heures… j’essaie de me rendormir mais j’y arrive encore pas. Je me rendors vers 5h et me réveille vers 6h…

Je soulève mes draps et constate que popol est bien réveillé lui aussi. C’est bon signe je dois être guéri :D

Cette fois, je décide que ma nuit est finie, je me lève, vait faire un tour dans la salle de bain et commence à tourner en rond dans ma chambre.

J’ai plutôt le sourire, je vais bien, j’ai super mal au dos à cause du brancard, j’ai l’impression d’avoir picolé toute la nuit et dormi dans les cailloux tellement j’ai le reste du corps en bouillie, mais dans l’ensemble, je sens bien que ca va :)

 

Vers 7h30, je fais des acrobaties sur le bord de la fenêtre pour capter 1 barrette sur mon téléphone et appeler tout le monde. J’arrive à capter un petit bout et moyennant quelque coupures, j’arrive à joindre :

• Ma copine pour lui dire que ca va super bien et que je devrais rentrer le lendemain

• Ma mère pour la même chose et qu’elle appelle mes grands parents pour qu’ils viennent me chercher à l’hôpital (ils sont sur Nice)

• Mes compagnons de plongée pour leur donner des nouvelles et leur dire que je rentre dans l’aprem !

• Ma cliente car bien qu’étant en vacances il fallait que je lui envoie un fichier, ce que j’a pas pu faire et pour lui dire que je vais revenir bosser plus tôt que prévu :) (c’est beau la conscience pro !!!)

 

Puis je recommence à faire des tours dans ma chambre. Avec ma perf a roulette qui me suit… c’est presque rigolo :hehe:

 

Une infirmière vient me voir pour prendre ma température et ma tension.

 

Puis un autre pour faire ma toilette. Je lui dis que ca va pour l’instant et que je verrai plus tard si besoin…

 

Je glandouille encore un moment, j’en profite pour rincer mes ordi et l’ardoise qui sont encore tout salés…

 

Jusqu’à 9h…

 

Finalement, un nouveau médecin vient me voir pour faire le point. Comme je lui dis que ça va super, il hésite à me faire faire la 2e séance de caisson. On décide quand même de la faire pour pas aller à l’encore de son confrère de la veille…

Il me dit que je devrais sortir vers 10h – 10h30 environ.

Je prends mes clics et mes clacs et je quitte la chambre…

On me file des sur-chaussures pour mettre par-dessus mes chaussettes car j’ai pas de chaussures :D

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2e tour dans le caisson et DTC

 

Cette fois ci, on est 2 dans le caisson et on est assis. On part pour 1h à 15m.

Et j’ai rien à lire ce coup-ci, donc c’est chiant !!!

Le début se passe bien, c’est un peu comme hier, ca comprime donc ca chauffe, puis ca se refroidit, et on s’y fait chier… :D

Au bout de 20 minutes environ, les picotements reviennent… Là je peste contre cette décision de me faire refaire du caisson alors que ca allait très bien…

Je préviens l’infirmière qui est restée avec nous dans le caisson (comme c’est qu’une heure, elle reste tout le temps. D’ailleurs, c’est à elle le bouquin d’amour que j’ai jamais réussi à lire). Elle prévient le médecin. Mes picotements coïncident avec le changement de gaz (passage de l’O2 à l’air)

Ca l’inquiète pas, moi si…

L’infirmière me dit que du coup, on a bien fait de faire la séance et que j’en avais besoin.

Je suis pas du même avis, mais bon, moi je fais de la médecine de comptoir, donc bon… :froglol:

Durant les 40 minutes qui suivent, les picotements ont fait que croitre, moi j’ai fait que m’inquiéter de plus en plus alors que l’infirmière s’inquiétait de moins en moins en me disant de me détendre… Walou ! Impossible de me détendre, ca allait et ca va plus !!! :grrr !

Une nouvelle fois, je redeviens très à l’écoute de mon corps et sens chaque poil de cul qui frisse…

Bref, le compte à rebours que j’ai mis sur le D9 me semble interminable et j’ai hâte de ressortir…

J’arrête pas de bouger mes membres pour m’assurer que tout fonctionne. Ca semble effectivement fonctionner mais j’ai l’impression d’être revenu 16h en arrière et d’être à l’avant du bateau, le bruit de la mer et mes compagnons en moins…

Finalement, on remonte de 6m à la surface, assez rapidement car de la fumée se forme dans le caisson et même des gouttelettes d’eau en suspension, c’est rigolo…

SURFACE !

On ressort du caisson…

J’ai des picotements partout… 8(

On va dans une nouvelle salle de diagnostic pour le DTC.

Petit à petit les picotements diminuent doucement.

 

On commence à faire le DTC.

Alors, ce truc c’est pas compliqué, on agite une seringue pleine de sérum pour faire des microbulles dedans, on l’injecte dans le sang (moi j’ai pas eu de piqure, ils sont passés par la perf :D)

On vous fout de la vaseline sur le crâne et on y colle le dopler (on le pose contre le tête quoi) Si ca fait bip, c’est que les bulles des veines sont remontées par les carotides et donc qu’elles sont pas passées dans le filtre pulmonaire, d’où un shunt droite gauche, soit pulmonaire, soit cardiaque.

On fait 2 fois ce test, une fois au repos, respiration normale, une autre fois en soufflant dans un tube pour augmenter la pression intra-thoracique et simuler un vasalva ou un effort…

Premier test, on entend 2 petits bips, rien de significatif, qu’il y ait 2 bulles ou rien, c’est pareil. (en gros, y’a trois niveaux : Qqes bulles – Qqes dizaines de bulles – Une « tempête de neige »)

Je suis plutôt content, je suis même confiant et me dit que j’ai pas de fop…

 

On refait le test en soufflant. Il faut monter à 40mmHg et j’arrive pas à pousser à plus que 25-30, mais déjà c’est le carnaval de la bulle !

On arrête le test là, j’ai bien un shunt, c’est sûr…

Allez, vlan, mange ça, tu y avais cru, et bah non perdu… ( :baston: )

 

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Un peu comme si une gonzesse vient vous chauffer en boite avant de se barrer. Au début t’y crois pas, puis t’as un espoir, puis tu te le mange en pleine poire :tromaran:

 

Le médecin me file un mouchoir pour m’essuyer, je m’essuie le front, repose le mouchoir et me passe la main dans les cheveux… beurk… j’ai tout plein de vaseline… c’était donc pour ça le mouchoir :D

 

On fait quelques prises de sang puis on va dans le bureau du docteur qui m’explique le tout.

 

« Vous avez un shunt. Il faudra faire une Echographie TransOesophagique pour voir plus précisément la taille du fop. En fonction de la taille, s’il est petit, on n’a pas encore prouvé qu’un petit fop est + dangereux que pas de fop, donc vous pourrez replonger.

S’il est gros, vous pourrez plus plonger à l’air ni au trimix.

En revanche, vous pourrez plonger au Nitrox >40% O2, de préférence à 50% et si vous plongez à 30m à 40% ca sera 1 plongée dans la journée… »

 

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Bon c’est déjà ça, et sur le moment, je me dis que ca m’ira bien. De toutes façon, à ce moment, j’ai plus envie de continuer la plongée… (ca a bien changé depuis :hehe: )

Il me conseille aussi de faire une IRM cervicale pour contrôler…

 

Je pars ensuite faire le parcours du combattant dans l’hôpital pour aller aux services administratifs et filer mes papiers de sécu. (J’ai rien payé, c’est vos impôts et les miens :hehe: )

 

Puis je vais dans la salle d’attente attendre mes grands parents, je lis UFC Que choisir magazine, j’appelle le boulot, ma copine, des potes, bref je m’occupe.

 

Vers 12h, je quitte l’hosto, pas mécontent de partir …

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La fin de l’histoire

 

Dans la voiture, j’ai mal partout et j’ai des petites douleurs qui me lancent par moment, je ne suis pas serein car j’ai peur que ça recommence, surtout après les re-picotements du matin dans le caisson.

Le médecin m’a bien dit que ça craignait rien et que ça allait se stabiliser, mais ça m’inquiète quand même.

Finalement, rien ne se passera en fait…

On met 1h à retourner à l’appart, mes grands parents me déposent et rentrent chez eux car ils ont un truc à faire.

Je me pose tranquillement, je me fais des pates car j’ai pas mangé depuis 24h, mais j’arrive pas à manger, je me décapsule une bière, mais j’ai du mal à la boire, bref je suis un peu naze…

J’appelle mon pote avec qui je devais partir plonger le 14 juillet pour lui raconter l’histoire et annuler…

J’appelle mon assurance plongée pour me faire rapatrier sur paris mais c’est compliqué : Ils veulent appeler le médecin de l’hôpital avant de me rapatrier et disent qu’ils me rappelleront demain matin. Moi je leur dis que quoi qu’il arrive, demain je remonte, avec ou sans eux…

Du coup j’appelle mon autre assurance (accidents de la vie) qui me fait le même cinéma. Du coup le les laisse toutes les 2 en concurrence, on verra bien.

J’essaie de dormir mais j’y arrive pas trop, du coup, je me repose légèrement.

Mon pote médecin m’appelle et je lui détaille un peu plus l’accident.

Vers 16h30, je me lève et je décide d’aller retrouver mes camarades au port. Je me prends une bonne grosse glace au passage et je les retrouve. Le bateau vient d’arriver. Je leur raconte le truc, on papote en rangeant le matos.

Ils sont plutôt content de me voir sur pates et avec presque la forme !

Une fois le matos rangé et les explications données, je dis au revoir à ceux qui ne sont pas dans mon appart et je rentre dans mes pénates…

 

On passe la soirée à 4, à parler plongée, plongée sout, à déconner, et boire de la bière, bref une super soirée, j’en oublie tous mes soucis (merci les amis ;) )

Le patron du club passe nous voir et me rembourser une partie de mon acompte, c’est les vacances plongées les moins chères de ma vie !!! Il me dit qu’il espère me revoir l’an prochain ! Moi aussi… :)

 

Le lendemain matin (le mardi) je choppe un car pour aller à la gare de toulon. L’assurance me rappelle (la 2e) et me dit qu’elle va me rappatrier. Mais y’a une grève SNCF :(

Du coup j’ai 3 choix :

• Avion demain car ils attendent 3j après l’accident pour me faire repredre l’avion

• Train en 1e à 18h

• Train en 2nde (plus de 1e) à 14h.

Je prends le 3e.

A l’arrivée, l’assurance m’a réservé un taxi (je leur ai dit que j’avais 2 stations de métro et que ça servait à rien mais ils ont insisté…)

Je rentre chez moi, je passe acheter un bouquet de fleur pour ma moitié.

 

Mes parents passent me voir, je leur raconte le truc et leur que je vais bien.

 

Puis ma moitié rentre à la maison. :bounce:

 

Le surlendemain, je suis au boulot, un peu, voire bcp fatigué

 

Le jour d’après je suis dans l’avion à 7h du matin pour une réunion à bordeaux, bref la vie a repris son cours…

 

Durant toute la semaine, je me suis trainé un gros mal de dos et des petites douleurs vives mais courtes qui survenaient par-ci par là. Après un bon WE de repos, tout est passé…

 

Depuis tout va bien. On est mi juillet, j’ai même plus l’impression qu’il m’est arrivé qqch.

J’ai super envie de replonger, je pense un peu qu’à ça.

 

J’espère pouvoir replonger pour de vrai (pas à 15m au Nx), si je peux pas, je sais vraiment pas ce que je vais faire… enfin, on verra bien

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Epilogue – examens complémentaires

 

Je suis allé faire mon ETO et mon IRM la semaine dernière.

Bon l’IRM c’est facile, tu t’allonges, ça fait un barouf de malade et puis c’est fini…

Les résultats sont normaux, j’ai pas de séquelles :gne :

 

Concernant l’ETO. Ca c’est un peu moins drôle. Ca se fait en 2 étapes :

D’abord une ETT (trans thoracique) avec une poire qu’on vous appuie sur le ventre et on vous fait passer des bulles comme pour le DTC. Ca ça va, ça fait juste un peu mal quand il appuie la poire fort sur une cote…

Ensuite l’ETO, alors là, on vous anesthésie la gorge, on vous injecte un peu de cocaïne dans les veines pour vous calmer, on vous maintient la bouche ouverte avec un bout de plastoc puis on vous fait avaler une sonde grosse comme le pouce. Digne des plus mauvais films pornos… Comme m’a dit le médecin, « c’est pas très sex » :D

Ca fait pas mal du tout mais c’est super désagréable, et on garde une sorte de légère douleur dans la bouche quand on mange pendant 1 jour ou 2.

En sortant, on a la tête dans le cul avec l’injection. C’est mon père qui m’a ramené.

 

Les résultats sont un peu étranges :

-------------------------------

Echogénicité : Bonne, ETO moyennement tolérée (sedation 1.5mg d'hypnovel)

1. Passage tardif (>5eme cycle) franc mais non massif droit gauche de bulles ne semblant pas être majoré après vasalva. SIA de morphologie normale en 2D (ETO)

2. VG de dimension et de cinématique segmentaire normale. FEVG=65% Pressions de remplissages VG normales

3. Pas de valvulopathies

4. OG et AG non dilatés. Pas de CS, Pas de Thrombus

5. Aorte initiale non dilatée. Pas d'atherome aortique notable

6. VD non dilaté de fonction systolique normale. PAPS=35mmHG

7. Péricarde sec

Au total : shunt droit-gauche evoquant un shunt intra-pulmonaire

-------------------------------

En gros, J’ai bien des bulles qui passent. Mais pas tout de suite (après le 5e cycle) et à l’ETO, il s’avère que ma paroi est lisse et étanche, donc pas de FOP…

Du coup, il suspecte un shunt pulmonaire. Je passe un scanner demain, on verra bien

Si j’ai pas de shunt pulmonaire, alors là, ça sera le flou total, du coup, on conclura à un fop quand même car c’est le plus probable.

Du coup, d’un point de vue plongistique, c’est encore très incertain…

On verra bien…

 

De toutes façons je vous tiens au courant :)

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Remerciements

 

Sans donner forcément de noms, je voulais vraiment remercier tout le monde, à savoir :

• Les 9 autres Zozos avec qui j’ai plongé pour s’être aussi bien occupé de moi sur le bateau

• Le patron du club et sa femme pour la même chose et pour leur accueil

• Tout le petit monde de l’hôpital qui était super gentil

• Mes potes qui ont prévenu ma famille

• Les 3 Zozos avec qui j’ai passé une super soirée le lundi, loin de mes soucis

• Celui qui m’a remonté mon matos que j’ai pas récupéré.

• Tous ceux du forum qui m’ont appelé ou que j’ai vu depuis

• Tous ceux du forum qui m’ont écrit

• Bref tout le monde…

 

Voila, un grand merci à vous tous, vous avez tous été parfaits… :bravo:

 

A bientôt sous l’eau :)

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Tellement réaliste ce CR que j'ai des picotements de partout, je suis pale comme un linge , je me demande si je ne vais pas arrêter la plongée .... Putain ! 5h de caisson pour un clostro c'est inhumain

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Merci Julien, c'est vraiment très instructif.

Déjà que quand tu m'a appelée et que tu m'as racontée tout ça en attendant ton train à la gare j'avais été impressionnée mais le voir comme ça avec tout les détails c'est...ppffff.... :nerveux: J'imagine (enfin je tente de) bien le mélange d'inquiètude et d'ennuie.

 

En tout cas je suis plus que ravie que tout aille bien mais ça j'ai pu le constater de moi-même y a pas longtemps :top:

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Bonjour

 

Merci pour ce CR très complet ; je salue la prise en charge efficace depuis ton comportement et celui de ton entourage jusqu'au traitement qui t'ont probablement dirigés vers une sortie sans séquelles. Bon courage pour la suite .

 

Amicalement

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