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Zone mortelle...!


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Tout d'abord un grand bravo pour ton niveau de plongeur, parce que rien qu'à la lecture du programme qui était prévu, même en supposant que tout se passe comme prévu, je suis déjà impressionné (tu l'as compris, je ne suis pas plongeur sout). Et puis surtout bravo pour la façon dont tu as géré l'accident, gardé le contrôle, et analysé la situation pour ensuite établir un plan d'action qui t'a permis d'en sortir vivant.

Et puis merci pour ce témoignage circonstancié. C'est courageux, et généreux de nous faire profiter de ton expérience.

Quant aux conclusions, c'est vrai que c'est étonnant. L'ADD n'est pas très convaincant, compte tenu du profil des plongées. L'oedème pulmonaire vient plus naturellement à l'esprit. Ton hypothèse tient la route, mais elle n'explique pas la mousse rose (qui fait évidemment davantage penser à une surpression ou un oedème). Mais qu'est-ce que j'en sais, je ne suis que secouriste... Si le diagnostic évolue, tient nous au courant.

Je te souhaite de te rétablir rapidement, et de ne plus jamais vivre une plongée comme celle-là.

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Merci pour ce partage d'expérience.

Chapeau pour ton sang froid, tes analyses et les décisions que tu as prises, tout seul, derrière ton siphon.:chinois:

 

Concernant la nature de ton accident, d'après les infos que tu nous rapportes, j'avoue également ne pas être convaincu par le diagnostic d'ADD. Et je partage plutôt cette phrase :

La première chose qui nous vient à l'esprit, tout du moins à celui d'Hervé, c'est un oedeme pulmonaire.

L'oedème pulmonaire d'immersion (OPI) est aussi la 1ère hypothèse qui m'est venue à l'esprit. Après, n'ayant pas tous les éléments en main, je ne peux qu'en rester au stade de l'hypothèse ...

 

Je te souhaite également un bon rétablissement.

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http://codep01.ffessm.fr/IMG/pdf/oap_codep_01.pdf

 

 

Clinique de l’OAP

 

 Terrain

 49 ans et plus

 souvent condition physique médiocre

 HTA et valvulopathie

 

(J'écarte la 3e... mais quid de la 4e?)

 

Circonstances de survenue

 

 Température de l’eau

 Stress (examens, émotions…)

 Travail physique intense

 

(Tu avais les 3!)

 

Signes cliniques dans l’eau:

 

 Gène respiratoire, dyspnée

 Toux, crachats mousseux ou hémoptoïques

 Perte de connaissance, arrêt cardiaque

 Hypoxie +/- réversible sous inhalation O2

 Radiographie et scanner toujours pathologiques

 

(Tu en valides 4 sur 5?)

 

 

Conclusion:

 

 Pas si rare, potentiellement mortel, surtout si récidive

 Physiopathologie mal connue ( OAP altitude)

 Hospitaliser, réaliser bilan sérieux

 Déclarer (anonyme) à la commission médicale et de prévention

 Problème de la reprise de l’activité plongée (cas RABA)

 

Article médicale de 2013:

 

La survenue d’un œdème pulmonaire d’immersion, parfois mortel, a été occasionnellement décrite lors de plongées sous-marines. La pathogénie de cet accident rare n’apparaît pas clairement. A l’occasion, on a pu mettre en évidence une dysfonction myocardique réversible sans toutefois qu’on ait pu établir si elle était la cause ou la conséquence de l’œdème pulmonaire.

C’est ce qui a conduit Gempp et coll. à analyser rétrospectivement les dossiers de 54 patients consécutifs (âge moyen : 46 ± 13 ans; femmes : n = 18 soit 33 %) hospitalisés sur une période de 5,5 ans, pour un œdème pulmonaire aigu d’immersion.

Le diagnostic de dysfonction myocardique a été porté sur l’association d’une élévation du taux de la troponine et la présence de modifications de l’ECG et/ou d’anomalies de la cinétique pariétale à l’échocardiographie.

Dans tous les cas, les symptômes se sont complètement amendés dans les 72 heures, mais la situation clinique de 3 patients a nécessité, dès leur admission, la mise sous ventilation assistée et le contrôle pharmacologique de l’état l’hémodynamique.

Une dysfonction myocardique réversible a été retrouvée chez 15 sujets (28 %); elle était associée à un âge > 50 ans (odds ratio [OR] 5,5 ; intervalle de confiance [iC] 95 % [1,5 à 21] ; p= 0,013), à la présence d’une hypertension (OR 8,2 ; IC 95 % [2,1 à 32] ; p= 0,002), d’un diabète (OR 22,1 ; IC 95 % [1,1 à 458 ; p=0.002) et d’une augmentation du taux des peptides natriurétique > 100 pg/ml pour le BNP et > 350 pg/ml pour le NT-pro-BNP) (OR 9,1 ; IC 95 % [2,4 à 35] ; p=0,001).

Un suivi d’un mois, obtenu chez 49 patients, a permis de mettre en évidence une hypertension artérielle permanente méconnue chez 9 des 15 patients qui avaient une tension élevée pendant leur hospitalisation.

Le mécanisme exact de la dysfonction myocardique n’est pas clairement élucidé. Elle pourrait être la conséquence d’une activation sympathique accrue et d’une hypoxie tissulaire liée à une diminution de l’apport en oxygène à travers la membrane endothéliale alvéolaire ; en effet, elle était réversible en 3 jours et ne s’accompagnait pas d’une maladie coronaire comme l’ont attesté la coronarographie ou le test d’effort réalisés chez les 15 sujets qui ont présenté une dysfonction myocardique transitoire.

En conclusion, cette série française (Toulon, Brest, Clamart), la plus importante jamais publiée montre qu’une dysfonction myocardique réversible n’est finalement pas si rare chez les plongeurs sous-marins qui font un œdème pulmonaire aigu d’immersion.

Globalement, le pronostic à court terme n’est pas défavorable mais l’on ne peut prédire la survenue d’une insuffisance cardiaque sévère qui peut être mortelle. Il est donc conseillé de surveiller étroitement les plongeurs âgés qui peuvent avoir des facteurs de risque cardiovasculaire latents.

 

 

Dr Robert Haïat

 

Gempp E et coll. : Reversible Myocardial Dysfunction and Clinical Outcome in Scuba Divers With Immersion Pulmonary Edema. Am J Cardiol., 2013; 111: 1655-1659

 

 

 

Finalement, 23 ans de carrière, c'est pas si mal!

 

Toute les bonnes choses ont une fin. La vie nous fait des cadeaux parfois, faut juste savoir les écouter et en prendre bonne note. Y a souvent pas de deuxième chance.

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Finalement, 23 ans de carrière, c'est pas si mal!

 

Toute les bonnes choses ont une fin. La vie nous fait des cadeaux parfois, faut juste savoir les écouter et en prendre bonne note. Y a souvent pas de deuxième chance.

 

Tout d'abord merci pour ces messages de sympathie et d'intérêt. Ca fait toujours plaisir...!

 

Guillaume, merci pour ces infos. Je ne te cache pas que j'ai eu le temps d'éplucher pas mal de littérature sur le sujet...! Attendons l'avis des médecins spécialistes. Les médecins et professeurs du CHU de Besançon n'ont pas vu d'Oedeme. J'ai un doute, un gros doute donc je sollicite l'avis d'un médecin spécialiste et reconnu comme tel de la plongée. Même si un certain nombre d'éléments laissent supposer qu'il pourrait s'agir de cette pathologie, nous ne sommes pas médecin. Même des médecins avertis ne sont pas persuadés de l'évidence de cette pathologie..! Alors, nous simples plongeurs ????

 

Ensuite, si oedeme, il y a eu, il ne devait pas dans le fond être bien gros. Car d'une part, j'ai pu effectuer une seconde plongée. Ensuite, les médecins n'ont pas dépistés les signes flagrants qui auraient pu conduire à une conclusion tranchée en ce sens...!

 

Enfin, si je dois arrêter, j'arrêterais, je me "contenterait" de spéléo sèche. Il ya des kilomètres de première à faire partout dans le monde..! Mais ça je vais attendre les conclusions médicales et quelques semaines pour laisser à mes petits poumons le temps de retrouver leur forme initiale. Car, je suis absolument persuadé que je n'en ai pas terminé avec la plongée et la plongée souterraine...!

 

Et puis pour les Jokers...! Je dois en avoir pas mal en réserve...! J'ai grillé le premier à 6 ans en passant sous une voiture. Alors...! Après j'ai bien du en griller encore 3, avec certitude...! Donc là, je dois en être au cinquième...! Je ne sais pas combien j'en ai, mais de toute façon j'ai une ligne de vie honteusement longue...!

 

Cordialement

 

pe

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  • 3 semaines après...

Bonjour,

Absent pendant plus d un mois j'avais un accès difficile à internet là où j'étais donc j'avais pu apprendre cet accident et me rassurer que tout allait bien. Je voulais juste te remercier pour ce partage et surtout te souhaiter le meilleur rétablissement possible.

En espérant te rencontrer un jour sous terre (avec ou sans siphon).

Brice

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:+1: Comme Brice , je ne découvre qu'aujourd'hui ton fil et je voulais , moi aussi , te remercier pour la franchise de ton récit et te souhaiter bien sûr un complet rétablissement ! Te dire également mon admiration devant la technicité de vos plongées sout et devant le sang-froid nécessaire à ce type d'immersions ... :chinois: ...

 

Par contre , ce que tu décris est un copié-collé au niveau symptômes d'une expérience que j'ai vécu en 2006 en plongée loisir lors d'une plongée sur le Grec .... pas de diagnostic lors du passage au caisson à Toulon car tout était redevenu normal hormis une toux persistante .... mais découverte dans le mois qui a suivi d'une coronaropathie avec suspicion , à postériori , d'un OPI lors de cette plongée .

 

Ceci dit , chaque cas est singulier et je n'ai aucune compétence médicale pour émettre une hypothèse concernant ton accident . Je souhaite simplement que ton âge et ta condition physique te permette de reprendre le dessus plus facilement encore que le papy ponté que je suis ..... :confus: .... mais , pour info , j'ai totalement arrêté les cigarillos depuis l'opération !

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Les médecins et professeurs du CHU de Besançon n'ont pas vu d'Oedeme. J'ai un doute, un gros doute ...

Pas d'oedème lors des examens à l'hôpital, ça ne veut pas dire pas d'oedème sous l'eau !

C'est d'ailleurs une des caractéristiques de l'oedème d'immersion (OPI), de se résorber assez facilement une fois sortie de l'eau.

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  • 1 mois après...

OAP. Un autre témoignage.

 

Bonjour

 

j'apporte aussi mon témoignage sur ce sujet. Je créé un nouveau post pour ne pas "parasiter" le précédent, bien que le sujet soit le même.

 

J'ai donc été victime d'un OAP, dans des circonstances différentes.

Aujourd'hui, 2 mois après, je suis en super forme, mais je dois encore attendre un peu avant de replonger.

Je suis en train de terminer les derniers examens médicaux pour compléter l'enquête sur les origines éventuelles de cet accident.

Les causes sont diffuses, comme dans chaque accident, il y a une convergences de plusieurs éléments qui conduisent à l'accident.

 

Voilà, je vous livre le récit écrit à l'époque, à chaud...!

 

" Zone mortelle... !

 

Je vais vous raconter ma dernière plongée. Une plongée pas comme les autres, une plongée d'exploration, toujours plus engagée qu'une « simple plongée promenade ». Cette plongée, j'ai la chance de pouvoir vous la raconter. La chance un peu, ensuite, il y a aussi l'expérience, des années de pratique intensive. Car, cette plongée, elle aurait pu être ma dernière. Vraiment et sans exagération, la lame de la faucheuse est passée à quelques centimètres. J'ai connu des incidents, certains sérieux, mais jamais comme cette fois. En vingt trois ans de plongée et dix sept ans de plongée souterraine, j'étais toujours parvenu à passer à travers les mailles du filets. Pas cette fois.. ! Non seulement, je ne suis jamais passé aussi près de la correctionnelle, mais en plus j'ai vécu un véritable accident de plongée. Comme toujours, la conjonction de différents facteurs conduisent à ce genre de situation. J'ai toujours partagé les bons moments, alors il n'y a pas de raison que je ne partage pas les mauvais... ! En plus, si mon cas peut servir à faire évoluer la connaissance générale au sujet de la pratique de la plongée souterraine et à provoquer certaines réflexions, ça n'en sera que mieux... ! Je vous raconte l'histoire à chaud, j'ai eu le temps de réfléchir à ce qu'il m'est arrivé. Sans doute dans quelques jours ou dans quelques semaines, avec le recul, j'arriverais peut être à d'autres conclusions.

 

Donc, nous avions prévu avec Hervé Cordier, d'aller faire un « petit » tour au Gouron, dans le Doubs. Tout annonçait une belle exploration. Enfin il faisait beau, nous étions en forme, le matériel était fin prêt, nous étions motivés par cette belle ballade. Programme ambitieux, comme d'habitude, plonger le S6 et aller dans la mesure du possible voir le bout du fil et ce qu'il y avait derrière. Pour ceux qui ne connaissent pas, le premier siphon se développe sur 500 mètres, avec un point bas à – 53 et une partie assez importante dans la zone des 40 mètres. Ensuite, un S2 shuntable, un S3 et S4 et ensuite le S5/S6 pour atteindre le fond. La progression entre les siphons n'est pas très compliquée, mais c'est de la progression spéléo avec quelques passages sur corde. Vendredi nous devions déposer des blocs au départ du S5, poser des cordes neuves et prendre la température de la cavité. Le samedi nous avions prévu d'aller au bout du fil.. ! Une ballade entre 6 et 10 heures environ. Pour gagner du temps et éviter des séances d'habillage et de déshabillage, j'avais choisi l'option franchissement rapide du S1 en humide, dans une eau à 9°... ! En propulseur, le franchissement se fait entre 25 minutes environ, voir moins. Cette stratégie aura été, dans le cas présent, un mauvais choix, car le froid ressenti aura été un élément déclencheur important dans ce qui va suivre... !

 

Nous sommes partis, un peu chargé, mais comme d'habitude. Pour ma part, j'avais un Joky monté en dorsal avec une 4 litres d'oxygène et une 4 litres de diluant Trimix 19/34. Je précise que tout était nickel au niveau du matériel : tous les gaz analysés, chaux neuve, conditionnée avec soin et dépoussiérée, cellules vérifiées, calibrées, détendeurs en parfait état de marche, batteries neuves sur le scooter, tests d'étanchéités faits sur le Joky... !

 

Pour le reste je disposais d'une S80 de sécurité avec un Trimix 19/34, un bi 4 litres conditionné dans un kit bag, deux 6 litres carbone 300 bar d'Air et un kit de corde et matos spéléo. Chargé mais comme d'habitude... ! Ma bouée dorsale me permettait d'être parfaitement équilibré au fond. La progression s'est faite avec un scooter, équipée de deux lampes pour voir devant soi. J'emportais mes caissons étanches, l'un avec mon kit de survie et un autre avec de quoi préparer des boissons énergétiques, plus deux bouteilles de 0,5 litres déjà conditionnées.

 

Au niveau de ma condition physique.. ! Je suis plutôt en forme, reposé. Je cours environ 2 à 3 fois par semaine, je plonge très régulièrement, je ne fume presque plus, je bois très peu, hormis certains traquenards amicaux tendus dans la région de Gramat... ! Quoi au niveau de la santé, c'est plutôt pas mal. Au niveau psychologique, pareil. Pas de stress majeur, un rythme de vie plutôt calme et apaisé. Pas d'hypertension... ! Hormis les petits tracas habituels quotidiens, plutôt dans une bonne période... !

 

Donc nous voilà parti. Comme toujours, je ressens un peu de stress avant une plongée d'exploration engagée. Mais dans mon échelle de 7, je devais être à 4.. ! La visibilité est très mauvaise, à peine deux mètres. L'équipement de la cavité n'est pas terrible, certains passages sont rock'n roll, avec une tripoté de fils... ! La descente se fait sans soucis. J'aimerais aller un peu plus vite, mais j'attends Hervé. Arrivée dans la partie basse, je mets les gaz et je trace. Je sens le froid mais ça va. Je franchis le point bas, ça remonte assez vite dans la zone des quarante mètres. J'avance vite et je ressens la pression du froid et de l'eau sur la poitrine. Difficile de dire quand exactement j'ai commencé à moins bien respirer. Mais j'ai l'impression qu'à partir des 35 mètres dans la partie remontante, je me suis mis à tousser, à avoir des sécrétions, une respiration épaisse. Je suis remonté au propulseur jusque dans la zone des 25 mètres. J'ai respecté les paliers qui se sont d'ailleurs effacés lors de la remontée. A partir de 25 mètres, je suis remonté à la palme. J'ai donc fourni un effort un peu plus important. La respiration est devenue de plus en plus anarchique avec une forte sensation d'oppression thoracique. Vers les 12 mètres, je suis passé sur ma bouteille de sécurité de Trimix 19/34. J'ai avancé en scooter jusqu'à 6 mètres environ. Là, pour le coup, ça n'allait pas du tout. Le sentiment d'oppression thoracique était très fort. Je perdais le contrôle de ma respiration. Je me suis délesté du kit de matos spéléo. Là, j'ai commencé à ressentir une perte d'intensité lumineuse, comme si mes lampes s'éteignaient progressivement toutes en même temps, avec une sorte de rétrécissement du champs de vision, une sorte d'effet tunnel. Tout devenait gris, presque noir. Je me sentais partir et je savais que là, ça y était j'étais au bord de l'accident. Je sentais qu'il ne me restait que quelques secondes à vivre. Non, ça n'est pas possible, pas moi, pas aujourd'hui... ! Merde, merde... ! Je me débattais comme un forcené pour m'alléger, pour attraper mes kits, pour attraper mes bouteilles. Pendant deux secondes, j'ai pensé à ma fille et à mon fils et ça m'a donné la force de reprendre le contrôle de la situation. Je me suis vu là, allongé, inerte, mort. J'ai vu l'image de mon corps, celle qu'allait voir Hervé en arrivant dans quelques minutes. J'étais littéralement en train de suffoquer, de m'étouffer, de m'asphyxier. J'ai décidé que ça n'était pas possible et que ça ne serait pas pour cette fois là. J'ai dit merde à la mort et je me suis battu contre cette saloperie. Je suis passé sur ma six litres d'air, je me suis immobilisé totalement et par miracle, la crise s'est calmée... ! Ne plus bouger, tenir, revenir, ne pas partir. Je n'allais pas bien, mais je contrôlais à nouveau ma respiration. Disons suffisamment pour ne pas me noyer. Hervé est arrivé derrière moi et après quelques minutes, j'ai décidé de sortir le siphon. Il restait trente mètres à faire environ. Après 31 minutes de plongée, je me retrouve seul derrière le S1. Hervé ne me rejoindra pas, problème de fil cassé. Lorsque je suis sorti, le fil était déjà cassé, mais un autre fil à vue, à portée de main conduisait à la sortie du S1. En temps normal, j'aurais du le connecter, mais là, après ce que je venais de vivre, j'ai préféré sortir, je ne me sentais pas capable de jouer avec le fil. C'est ce qu'on appelle la gestion des priorités... !

 

Je suis resté 1H18 en post siphon. Je me suis totalement déséquipé, j'ai marché un peu, mais j'étais incapable d'avancer. Hervé ne savait pas ce qu'il m était arrivé et il est donc ressorti. J'ai bu un litre de boissons énergétiques, j'ai avalé une barre et là j'ai pris le temps d'analyser la situation. J'étais mal, mais vivant. Je toussais, je crachais une sorte de mousse, je ressentais toujours cette oppression thoracique. Je n'avais aucune idée de ce que je pouvais avoir. Craignant une atmosphère médiocre, j'ai respiré sur une bouteille d'air, mais ça ne changeait pas grand chose. J'ai fini sur le recycleur à l'O2 pur. Ça m'a fait du bien.

 

J'avais deux solutions. Attendre et provoquer un secours ou ressortir seul. Vu le contexte de la plongée, visibilité pourrie, équipement médiocre, j'imaginais la comédie pour venir me chercher. Et après comment me ressortir dans ce bordel de fils. Impensable... !

 

De plus je ne me sentais pas attendre six heures ici. J'étais transi de froid et même si j'avais mon kit de survie avec moi, je savais que vu mon état, ça risquait de devenir un peu compliqué aussi bien au niveau de l'attente que du secours. Donc, d'une certaine manière, je n'avais pas d'autre choix que de ressortir par moi même... ! Bienvenu dans le monde de l'auto secours... ! Je tremblais de froid et rester ici à attendre aggraverait la situation. Je récupérais quand même un peu, suffisamment pour envisager de ressortir par mes propres moyens.

 

J'abandonnais mon kit de matériel spéléo et mon kit avec les deux quatre litres. Plus léger et moins encombré, je pourrais sortir plus vite. Je conservais les 6 litres, en cas de besoin. De toute façon, j'avais fait le deuil de l'exploration depuis belle lurette... ! Je ne vous cache pas que je me suis quand même mis un très gros coup de pied aux fesses pour me remettre à l'eau. Le froid et la peur de revivre la même situation ne me motivaient pas trop. Mais je crois que c'est le froid qui m'inquiétait le plus. Mais ça n'est qu'un mauvais moment à passer, assez court dans le fond.. !

 

Et me voilà donc reparti pour une seconde plongée, de merde... ! Très vite, je me retrouve avec mon bout de fil accroché à rien, mais je retrouve la ligne principale assez rapidement. Je descends « tranquillement », j'essaie de ne faire aucun effort, de bien contrôler ma PPO2, de ne pas taper, de ne pas prendre le propulseur dans un vieux fil. Le retour se passe bien. Je respire pas très bien, j'ai toujours une gène importante mais ça va. J'arrive dans la partie basse à 40 mètres, je franchis le point bas, à nouveau dans la zone des 40. Je suis à fond avec le scooter et ça avance bien et vite. J'arrive en bas de la remontée, je suis proche de la sortie. Le gaz se dilate dans le recycleur, je laisse partir, j'injecte de l'O2 pour maintenir ma PPO2. Et là ça recommence. Je respire mal, le gaz se dilate, il gène ma respiration. En temps normal, j'expire, je laisse sortir le gaz, je fais la lunette, il sort par la purge du poumon. Mais là dans mon cas, c'est terrible. Je recommence à suffoquer, à respirer très mal. Je remonte, je vois la lueur verte du jour en haut de la pente. Ça y est j'y suis, je sors... ! Dans l'absolu, j'aurais du repasser en ouvert. Grossière erreur.. ! J'aurais pu respirer plus facilement, ne pas être confronté à la gestion du recycleur. J'ai deux minutes de paliers à faire. Des clous, c'est pas deux minutes qui changeront quoi que ce soit. Là encore, gestion des priorités, froid, détresse ventilatoire. Je sors... ! C'est pas pour le peu de temps passé au fond que ça changera grand chose de toute façon. Enfin, j'émerge dans la Loue, j'ai franchi le S1 en 21 minutes.

 

Je retrouve le grand ciel bleu d'été et le soleil, je suis sauvé, en vie.. ! Hervé se trouve là, au bord de l'eau, avec l'hélice de son scooter dans la main. Décidément... ! Il s'aperçoit très vite que ça ne va pas. Je suffoque, toujours cette impression d'oppression de la cage thoracique. Je suis à l'air libre, mais je ne parviens pas à respirer correctement. Je crache toujours ma mousse, un peu rosée. Pas terrible.. ! A partir de ce moment, il va assurer comme une bête. Il m'aide à me déséquiper, il ressort tout le matériel de l'eau, il remonte tout et range tout dans la voiture. Je suis incapable de rien. Le moindre geste me demande des efforts démesurés. J'ai l'impression d'être en haute altitude. Je parviens à enlever ma combinaison et à m'habiller. Je respire de l'oxygène. Et on appelle les secours. La première chose qui nous vient à l'esprit, tout du moins à celui d'Hervé, c'est un oedeme pulmonaire. Bigre, pas très réjouissant... !

 

A partir de là, les pompiers arrivent, le SAMU 25, l'hélicoptère de la REGA et ensuite prise en charge au CHU de Besançon. Je subis une tripoté de tests, examens, bilans, avec radio, electro cardiogramme, scanner. Je passe même par le caisson, 90 minutes à 18 mètres sous oxygène avec coupures à l'air. Le caissonnage a été fait par sécurité, par acquis de conscience, suite aux troubles visuels... !!!! J'ai retrouvé mes forces assez rapidement. Je ressentais toujours une gène respiratoire, mais de plus en plus faible au fil des heures... ! Le cœur va bien, la fréquence cardiaque est encore un peu haute, mais en fin de journée elle redevient normale. J'éprouve encore une gène respiratoire, j'ai du mal à inspirer complètement. Mais d'ici quelques jours, ça sera terminé. Je m'en tire bien et jamais je ne retrouverais ma petite famille avec autant de joie et de bonheur... ! A priori, il ne devrait pas y avoir trop de séquelles... !

 

Alors au final, le premier bilan médical conclue sur un ADD, avec un choke pulmonaire avec saignement et dilatations de quelques alvéoles.

 

Mon bilan à moi, vaut ce qu'il vaut, n'étant pas médecin, ni spécialiste en médecine plongée et hyperbare. Mais disons que je ne suis pas tout à fait convaincu de la conclusion des médecins. Un ADD qui apparaît à 35 mètres après seulement 10 minutes passées dans la zone des 40 mètres, en CCR à ppO2 constante... ? Pas convaincu du tout... ! Ma vision des choses seraient plus celle-ci :

 

- Le froid a provoqué :

 

Sans doute un début d'essoufflement.

 

Peut être une sorte de réaction au niveau des poumons. Gène respiratoire ressentie assez tôt dans la zone des 30/35 mètres, avec encombrement des voies respiratoires et quintes de toux.

 

- Une vitesse de remontée trop rapide pour un Trimix a peut être provoqué un dégazage important au niveau de certaines alvéoles pulmonaires, entre 35 et 25 mètres.

 

- Une hypercapnie avec baisse du niveau d'oxygène et augmentation du taux de CO2 dans le sang. Confirmé par les tests sanguins effectués dès l'arrivée des secours.

 

- Bien que je n'en sois pas totalement convaincu, une remontée rapide aurait pu entraîner une surpression pulmonaire légère, sans doute lors de la sortie de la seconde plongée. Si tel est le cas ?

 

Au niveau des conclusions purement pongée, j'aurais sans doute dû passer le S1 en étanche quitte à enfiler une néoprène humide pour la suite. Mais bon, avant on sait certaines choses et après on en connaît d'autres... !

 

Si je suis encore là aujourd'hui pour vous raconter la fabuleuse épopée du monde souterrain, c'est grâce à une seule chose dans le fond. Toujours, même jusqu'à la dernière seconde garder son calme et son sang froid. Je le dis et le redis lors de mes formations. J'en ai la preuve formelle aujourd'hui, c'est la seule chance de s'en sortir. Je n'ai pu récupérer la situation qu'à partir du moment où je me suis mis à penser à nouveau et à me calmer. S'ajoute à cela, bien évidemment quelques années d'expérience. Mais le calme et le sang froid, même aux portes de la mort sont les seuls et uniques garants de s'en sortir... ! Je l'avoue, je n'ai jamais eu autant de mal à appliquer cette devise que lors de cette plongée... !

 

Je tiens à remercier du fond du cœur, pour leurs compétences, leur gentillesse, leur disponibilité, toute la chaîne de secours et médicale. Ils ont été absolument formidable, toujours d'une gentillesse exceptionnelle et de bonne humeur. Cette chaîne se décompose ainsi :

 

Pompiers d'Ornans.

 

Samu 25 de Pontarlier.

 

Équipe hélicoptère Suisse du REGA.

 

CHU de Besançon : service des urgences, service de médecine hyperbare, service des hospitalisations courtes durées.

 

Enfin, je remercie du fond du cœur Hervé Cordier pour son aide et son soutien et Michel Dessenne pour ses témoignages et messages réconfortants... !

 

Voilà, une histoire qui se termine bien... ! Je suis sorti de l'hôpital, je vais retrouver ma petite famille ce soir. Et maintenant quand je parlerais de caisson, je saurais de quoi je parle.... ! Et puis, dès que possible, on va retourner au Gouron pour terminer la ballade. C'est comme à cheval, il faut remonter dessus après la chute... !"

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C'est pas tellement du courage. C'est surtout que je n'avais pas le courage d'attendre une "éternité" dans le froid...!

Pour ma décision, non, j'ai pesé le pour et le contre. Et après 1/2 heure environ, je savais que j'allais y retourner...!

Bon, en même temps, nous avons l'habitude des plongées difficiles. Il n'y a pas d'accoutumance à la souffrance mais tu sais à quoi tu t'exposes. Je savais que la seconde plongée serait difficile, désagréable, mais courte...! Juste un mauvais moment à passer.

Tu sers les dents, tu te concentres et t'y vas...!

J'ai sans doute eu un peu de chance que ça ne parte pas en sucette lors du retour. Mais dans la vie, des fois la chance ça arrive...!

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Tu yoyotes PE, tu nous as déjà raconté tout ça y'a deux mois ;)

 

http://www.plongeur.com/forums/showthread.php?t=61823

 

On m'aurait menti alors... J'ai de séquelles...!

Pourtant sur l'IRM on voit rien....!:surpris:

Comme quoi...!

Merci de me le rappeler si délicatement...! :D

En effet, il y a doublon, mais dans cette liste et vu le post précédent, c'est sans doute approprié...!

Ca permet de croiser les informations...!

Hé c'est bien ce que je dis, rien ne t'échappe, t'es le Colombo de la plongée.:) En moins décontracté...!:grimace:

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