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Plongeur.com - Le site de la plongée sous marine

Timor-Leste, juillet 2019


TeBu

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Pour tous ceux qui cherchent une destination un peu originale, encore peu reconnue et peu plongée malgré des sites sublimes, le Timor pourra satisfaire les plus curieux et les plus aventureux.

Petit retour donc sur un peu plus d’une quinzaine de plongées dans les mers de ce très jeune pays…

 

 

Pas la peine sur ce forum de retracer en détail l’histoire et la géographie du Timor Oriental, petit pays d’Asie du Sud Est au bout des îles de la Sonde occupé jusqu’à la fin des années 90 par l’Indonésie, Wikipedia est là pour ça.

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A garder en tête pour les plongeurs de métropole, plonger au Timor depuis Paris ça se mérite. Il n’y a plus de vols directs depuis Singapour depuis quelques mois (la longue histoire derrière la suppression de ces vols semble d’ailleurs rocambolesque), le plus « simple » est de transiter via Bali par l’un des deux vols quotidiens d’un peu moins de deux heures entre Denpasar et Dili, la capitale. Au minimum absolu, donc, c’est 2 escales et quoi, à peine 1 jour ½ à visiter des aéroports et/ou comparer des sièges d’avion. Les bagages entre Dili et Denpasar sont limités à 20 kg, avec un poil de matos ça devient très vite compliqué, il faut donc se préparer à payer des extras et ne pas oublier que la franchise est visiblement plus élevée dans le cas de matériel sportif, dont la plongée.

Il y a quelques sites près de Dili et sur la côte Nord du pays (que je n’ai pas essayés), visiblement plus pour le muck dive, mais les sites de plongées les plus réputés sont à Atauro, une île à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale. Il y a une traversée hebdomadaire vers Atauro et le village de Beloi sur la côte Est (1h30 ou 2) mais le plus simple est de laisser le club gérer les transferts. Le côté Sud n’est visiblement pas plongé, point barre.

 

Petit shootout au passage à Fizzy Moslim, la dynamique malaysienne qui gère d’une main de fer et dans la bonne humeur Compass Diving (l’un des 6 clubs du pays), et semble déployer des efforts surhumains pour impliquer les communautés locales et leur faire comprendre l’intérêt d’un tourisme durable plutôt qu’une pêche à outrance sur les récifs. Le message semble peu à peu passer, les villages d’Atauro mettent peu à peu en place des zones marines protégées par les locaux. Le club est pro, le matériel est raisonnablement neuf, les plongées prudentes. On ne « tape » que très rarement au-dessous de 30m. C’est tout à fait normal, le premier caisson est à Darwin en Australie, et il faut prévenir avant 1h de l’après-midi en cas d’accident, sinon l’avion ne vient pas…

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Entre Atauro et Dili est situé un très profond passage de 3 km, faisant de ce petit bout de mer l’un des plus grands points de passage de mammifères marins du monde. En saison, Tonga n’a qu’à bien se tenir, mais pour nous, juste plusieurs douzaines de dauphins pour nous saluer. La routine, quoi.

 

Le vent souffle parfois fort autour d’Atauro et il peut y avoir un peu de houle. Lors de notre passage, la mer côté Est où est situé Beloi était très mouvementée et les sorties (surtout les remontées, en y réfléchissant), un peu plus risquées. L’autre côté, protégé par l’île, était beaucoup plus calme. La plupart des plongées ont donc naturellement eu lieu à l’ouest de l’île, et c’est tant mieux, les tombants y sont encore plus remarquables. Nous sommes restés 2 nuits à Beloi et tout juste quelques plongées, le reste à Adara, sur la côte Ouest (à 1h30 de bateau ou 4 heures de marche, mais avec le matériel c’est un peu plus jouable par bateau). Le camp de Compass à Beloi est rustique mais pratique : quelques tentes protégées par des toits de paille, des douches à l’eau froide, de l’électricité sur générateur en soirée et un peu d’eau douce pour rincer le matériel. Le tout est à quelques minutes à pied du village.

 

Adara, du côté ouest, est… reculé, très reculé. Drame pour les instagrammeurs influenceurs rêvant de partager en live leurs plongées et les magnifiques couchers de soleil, il n’y a pas de couverture téléphonique et bien sûr pas un petzouille d’internet (c’est suffisamment rare de nos jours pour être souligné). La tension de l’électricité disponible en journée fournie par les panneaux solaires est un peu aléatoire, ce qui n’aide pas pour recharger les batteries des torches et des caméras. Il n’y pas de douches mais des baquets d’eau douce partagés, et trois-quatre huttes surmontant une jolie plage de sable protègent des matelas confortables pour la nuit, en bordure d’un petit village de 28 habitations. Les repas sont toujours les mêmes, riz, nouilles, maquereau péché du matin frit, et un légume bouilli. Avis personnel, les nouilles sont bonnes.

 

 

 

Le bateau du club doit transporter le compresseur et les bouteilles depuis Beloi et le transfert du bateau mouillé au large jusqu’à la plage avec un tout le matériel (bouteilles comprises…) nécessite un peu de souplesse, de sport, et d’allers-retours successifs sur des pirogues. Il faut reprendre ces pirogues le matin et le soir. Le divemaster pourtant aguerri nous fait un Martin Riggs et se disloque temporairement l’épaule en trébuchant pour monter. C’est absolument obligé qu’il y ait eu un sac rempli de matériel ou quelqu’un à l’eau … c’est sûr…

 

IMG_20190716_135723.thumb.jpg.18d3e4fb85494b3db440d467a8fd9b9b.jpgAu large d’Adara, sous l’eau, c’est le grand festival son et couleur sans le son. Les tombants sont proprement hallucinants, les récifs sublimes en pleine santé, pas de corail cassé, pas de corail mort, une multitude et une densité d’espèces vues nulle part ailleurs.

En tous cas, le Timor, ce n’est pas pour le gros. Sur la semaine, on verra une fois dans le bleu un requin pointe blanche de taille honorable, quatre belles raies aigles feront leur petite danse le long du tombant, quelques thons de ci, de là, une tortue fuira effrayée au premier mouvement, quelques barracudas, de beaux poissons perroquets, mais ce n’est clairement pas la Polynésie.

Par contre, pour du « moyen » et du « petit », c’est de la balle, de l’effet wow garanti à chaque plongée ou presque, une sortie sourire aux lèvres et un safety stop à 5m passé à tenter de se rappeler d’un peu tout pour pouvoir décrire en confiance de retour sur le bateau et pouvoir chercher la bonne photo sur l’encyclopédie papier le soir pour retrouver le bon poisson ou le bon « machin » (pas sur google… ben oui, pas d’internet). Et le corail, pour le fond, est tout simplement sublime.

La faune est un peu farouche par rapport aux autres pays d’Asie que j’ai pu plonger. Le moindre bruit d’expiration de détendeur un peu brutal et les poissons retournent vite fait se planquer dans leurs coraux.

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La visibilité reste moyenne tout au mieux, un petit 15-20m, la zone des 10m est envahie de plancton à tel point qu’il est parfois amusant de faire le focus sur la courte distance près de la surface pour découvrir des formes plus ou moins filandreuses un peu surprenantes. L’eau reste péniblement au-dessus de 26 degrés. Je supporte complètement mon inner de 1.5 et ma combi complète à 3mm, les habitués des eaux tropicales à 30 en shorty risquent eux de sortir tremblants et un peu frigorifiés. Il y a un peu de courant le long des tombants, rien d’insurmontable, pas de machine à laver (en tous cas pas pendant notre passage), mais c’est de temps en temps du flux suffisamment fort pour que les grands débutants soient pris au dépourvu. Nous ferons d’ailleurs la seule plongée de nuit du séjour au milieu d’un peu de jus bien fourni en plus de la pelletée de langouste de sortie. De toutes façons, la distance jusqu’aux fameux sentiers battus et ses facilités médicales rend la destination peu adaptée à qui n’a pas un tout petit poil d’expérience (rien non plus qui ne soit complètement injouable cependant) pour en profiter pleinement.

Les autres plongeurs au Timor sont rarissimes. La plupart sont des étrangers des ONG internationales de développement basés à Dili en sortie le week-end pour passer leur open diver, voire quelques expats d’Asie du Sud-Est lassés de Bali. En une semaine, nous n’avons croisé –aucun- autre bateau de plongeur. Sur 5 jours sur 6, nous avons été tout bonnement les seuls clients plongeurs du club et étions les seuls bulleurs à Atauro. Ce sentiment d’être le premier depuis plusieurs mois sur un tombant splendide, voire d’être le premier tout court à croiser telle ou telle patate de corail, contraste très violemment avec les autoroutes à bulles dans d’autres destinations d’Asie du Sud-Est, le tout pour des plongées bien, bien plus riches en sensations et en couleurs.

 

 

Hors de l’eau, j’avouerais avoir été surpris par l’aridité des paysages. Les arbres sont rabougris, l’atmosphère sèche est des plus poussiéreuses. Pas de cocotiers sous les tropiques et de jungle infranchissable. Sur la côte est d’Atauro, les plages de gravier et de sable noir rajoutent au côté presque désolé et lunaire de la chose. C’est la saison sèche, et la saison humide est, si on en croit les locaux, un peu plus verte (même si la visibilité en perd un peu).

Le Timor est pour les plongeurs une très belle gemme très brute, un diamant brillant pas encore poli. Il faut pouvoir oublier son petit confort, vérifier la validité de son assurance, et faire le bond pour le découvrir au plus vite. Il faut oublier les soirées de débrief autour d’une bière ou d’un cocktail entre plongeurs au bar. IMG_20190714_092511.thumb.jpg.2467901ed05004b7a304ab0519cf483b.jpgLe Timor, c’est plus roots, un petit jus de fuit (amené depuis le bateau ou pressé au village) en regardant un splendide coucher de soleil et le tour est joué. Au lit à 21h au plus tard, réveil pour le lever du soleil, et c’est parti. C’est très probablement une des futures grandes destinations de plongées de ce monde. Certains liveaboards des alentours, y compris depuis Raja Ampat, ne s’y trompent pas et ont visiblement des vues pour faire le détour et ajouter le pays au menu, et un grand hôtel international est même en construction à Dili, c’est pour dire.

 

Un peu d’effort, et au Timor.

 

J’ai essayé de faire une rime pour conclure, et c’est nul.

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Le coté "roots"...

 

Il n'y a que deux clubs avec des bases sur Atauro, mais sinon tous les clubs de Dili proposent des sorties journées sur Atauro. Ca fait des beaux trajets (2h pour Dili/Atauro, donc 4h par jour), mais tout à fait jouable avec des cétacés sur le trajet. Aquatica Dive Resort, à Dili, a des chambres avec air conditionné, ils ont visiblement une piscine d'entrainement, donc c'est loin d'être la zone... Par contre, honnêtement un des côtés intéressants du voyage est justement ce côté très roots!

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Merci pour ce CR.

 

Le coté Roots humm comment dire il ne convient pas à tous. ;)

 

Je pense a mon matos photos dans la valise… qui tombe à l'eau…. :(

 

Oui, je comprends tout à fait. J'avais des sueurs froides quand mes sacs (avec PC, passeport, portefeuille et compagnie) étaient mis sur la pirogue. Comme évoqué avec Alain76, on peut éventuellement faire Atauro en daytrip depuis Dili, même si ça fait quand même pas mal de trajet.

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