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Derrière la Photo


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L’art et la maniere. Photographie subaquatique en grotte.


Récemment, je découvrais sur un forum “postez votre photo du moment”, avec un thème associé. Interface plutôt bien faite et facilitant la participation, avec un petit bouton “browse file” pour pouvoir y télécharger une photo de maniere rapide avec un espace pour laisser un petit commentaire.
Passant pas mal de temps sur mon ordi en ces temps de confinement, j’ai sur mon desktop un fichier avec une sélection des meilleures photos de plongée en cave prisent sur les 4 dernières années avec différents photographes. J’en poste donc une où j’apparais comme “modele” dans un décor magnifique avec une bonne quantité de lumière et de matos. Rapidement la photo attire l’oeil, mais je me retrouve dans une discussion de politicien avec des arguments du type “la photo n’est pas de toi?” “tout le monde peut poster une photo de google?” “C’est pas parce que tu tiens un phare que tu es photographe ou parce que tu apparais 1 min dans

un film que tu le presentes au festival de Cannes”...


Ayant tenté d’expliquer le travail d’équipe nécessaire a un telle prise de vue, et me fatigant tres tres vite de la tournure de la conversation, je demande simplement un retrait du media et passe a autre chose... Ironie du sort, le même jour mon ami photographe qui avait réalisé le fameux cliché “du scandale” poste sur la toile un album avec le autres photos prisent ce jour la, en détaillant un petit peu l’endroit et le travail d’équipe. Cela m’a donc donner envie d’écrire sur mes amis photographes, ces héros derrière l’ombre de leur appareil, mais aussi de comment nous prenons des photos ou des vidéos dans un environnement comme une grotte immergée et toutes l’organisation/logistique que cela impose.

Je vais donc dans un premier raconter une journée classique de shooting (la fameuse photo en question) avec Dimitri Efremychev (Dima), Instructeur TDI, propriétaire du centre Scuba Mafia a Samara en Russie, et photographe reconnu internationalement pour son travail.
Ensuite, j’analyserai avec plus de détails sur la préparation pré plongée, les paramètres de plongée, le type de matériel, et la sécurité. Ce sera déjà bien assez long et détaillé.

Je rédigerai plus tard une seconde partie dans laquelle je parlerai rapidement d’analyse d’accidents qui ont eu lieu au Mexique sur les dernières années ou l’usage d’un appareil ou d’une caméra était involucré. Et ce, dans le but de bien mettre en évidence que la sécurité des plongeurs, photographe ou non doit être au centre de la planification.
Loin de vouloir finir sur un ton sécuritaire ou dramatique, j’expliquerai ensuite comment se déroule une journée typique de prise de photo en grotte ou en caverne avec quelques plongeurs qui ont contracté ce service avec nous et comment l’expérience que j’ai acquise avec de talentueux photographes permet d’offrir la capture de belles images de qualité en toute sécurité.

 

La journée
 

C’est un jour classique de décembre dans la Riviera Maya, cela fais plus d’un mois qu’on plonge tout les jours, la fatigue se fait sentir mais rapidement oubliée avec une tasse de café et l’ouverture du shop. Pendant que le café coule en attendant l’arrivé des premiers plongeurs, un petit tour a la station de charge où les lampes primaires se chargent, ainsi que la quinzaine de lampes “vidéo” et les scooters. Déconnection une par une, inspection et une fois dans le sac, il faut bien vérifier que la sécurité soit en place pour pas qu’elles ne s’allument accidentellement, se déchargent ou chauffent et brulent. A peine le temps de fermer le Scooter après avoir inspecté les joints que le premier guide arrive avec un couple de plongeurs et on prend donc 5 min autour d’un café. Et les questions fusent sur le matériel... “ou allez vous avec tout ca?” Combien de lumens? Combien de plongeurs êtes vous? Y en a pour combien de tout ce matos ?
Toutes ces questions, avaient en fait déjà été discutées avec le photographe la veille.

En général on choisit toujours 2 endroits aux paramètres similaires en termes d’espace (petite grotte ou grosse grotte?), de la couleur de la roche (claire ou sombre), de la profondeur et du courant (résurgence, siphon ou pas de courant?), navigation (a quel endroit précis de la grotte,

distance de la sortie, temps de palmage ou scooter) et aussi en fonction du type de photo que le photographe souhaite réaliser.
Nous prévoyons deux endroits car il se peut, et s’est déjà arrivé, qu’une fois sur place le site est fermé, ou qu’un bus avec 100 personnes soit sur place, que les proprios soient en train de pomper du sédiment (pourrissant ainsi la visibilité) ou de faire des travaux... bref tout types de petits imprévus de dernières minutes.

Un autre facteur important est aussi la météo. Particulièrement le jour même, notamment pour les photos dans la zone de caverne ou l’attrait principal est la lumière naturelle du soleil, mais aussi des jours d’avant qui peuvent changer les conditions sous l’eau (présence d’eau tannique, courant du aux pluies, visibilité etc...)

Les plongeurs prennent leur matos et partent avec leur guide, et pendant que les étudiants en formation cave prennent leur café avec ma collègue qui commence deja a les briefer, je gare mon pick up le plus prêt possible de la porte en attendant l’arrivé imminente de Dimitri.
Il faut donc se donner a la tache a laquelle j’ai donné le nom “Mexican Tetris”. C’est a dire de chargé l’arrière du pick up d’une maniere précise et ordonnée, afin que les 12 tanks, les 3 scooters, les deux caisses de matos plongée, les combis étanches, les 2 caisses de matos photos (lampes, flotteurs, accessoires, batteries...) s’imbriquent parfaitement. Une touche finale pour être sur que rien ne s’envolera (comme ma combi 7mm sous une pluie battante le 31 décembre cette année la...) et on commence le chargement du matos “délicat” a l’arrière de la voiture (appareil etc...).

Dima, le photographe a le même problème que moi avec la patience mais aussi le syndrome du plongeur cave qui a toujours peur d’oublier quelque chose et de s’en rendre compte une fois dans l’eau. Un dernier café donc avec inspection avant le départ et rapide discussion sur Plan A et Plan B. Le plan A est d’aller a Tulum, au Cenote Muchachos. Le plan B sera Mayan Blue. Bref le choix était fait sur “Tomorrow my friend, DARKCAVE”...

Une fois en route, dans un mélange de russe et d’anglais on repasse les points essentiels.Navigation, sortie de secours, description de la grotte et de l’endroit, quelle position etc...Une pause pour chopper quelques tacos et un bon jus d’orange bien frai, histoire de ne pas oublier de profiter des délices gastronomiques de ce beaux pays et on reprend la route pour enfin arrivé sur le site, généralement aux alentours de Tulum.

La chance est de notre coté, nous sommes pour l’instant les seuls sur les sites. Une discussion avec le gardien, paiement des droits d’accès et inscription sur le registre des visites pendant que Dimitri fait un petit tour de reconnaissance et prend quelques photos sur terre.
Direction l’entrée en y amenant un Scooter, premier d’une longue série d’aller retour. Je rappelle donc les points clés, localisation de l’entrée, disposition du matos et en observant le cenote, j’en déduis que les conditions sont normales.

Retour au pick up, et préparation des tanks. Au total 6 tanks pour la première plongées qui une fois prêts sont disposés au bord de l’eau dans un ordre bien précis facilitant l’équipement de chaque plongeur.
De retour a la voiture, j’utilise mon tableau pour faire une carte de la navigation et des lignes. Même si j’ai avons plongé plusieurs fois dans cette grotte et sur ces lignes, le fait d’y aller en binôme spécialement pour prendre des photos change considérablement la donne.

Je donne donc des indications précises grâce a ma connaissance des lieux et marque les endroits “clés”. Avec les explications du photographe, nous décidons ensemble où poser les bouteilles de secours, la pression de retour, l’orientation des lampes et comment le modele doit poser.

Il est maintenant pas loin de 11h du matin et on se met a l’eau. Vérification de l’ ́équipement avant la plongée, rappels des paramètres essentiels et invention de signaux de communication pour mieux exprimer des nuances dans l’argot subaquatique.
La navigation consiste a prendre un premier jump a environ 10 minutes de scooter. Mais nous irons jusqu’a une pression déterminée le plus loins possible sur la ligne principale pour poser des marqueurs afin de repérer des endroits aux caractéristiques spécifiques et y retourner en 2eme plongée. Ensuite on revient à la ligne de jump et une fois connectée, nous posons un cookie et observerons l’endroit pour un futur shooting. Apres le ok de mon binôme, nous

arrivons a un bel endroit du “dark forest”, nom de cette section secondaire. On s’arrête, il m’indique ou il veut le modele et ou il se positionnera pour shooter. Un ok approuve et je lui indique un endroit pour clipper les sacs de lampes sur la ligne sans impacter la grotte. Je clip non loin de la le scooter de secours sur la ligne, prend des références visuelles et fais le point sur mon gas, le temps, la deco etc...

Je place ensuite le stage (bouteille extra) de secours pour le photographe et attend sa confirmation qui arrive avec un signal de lampe. Il a deja placé deux lampes et me demande de lui passer celle avec les flotteurs pour les mettre au plafond. Avec l’aide des scooters, cela va assez vite. La grotte commence a être bien illuminée et revele ses détails. Il ne reste maintenant plus que des lampes sans flotteur et il me demande d’aller en placer 2 en arrière plan.
12 minutes plus tard, la scène est en place et je suis contemplatif de la beauté de la grotte... Je n’avais jamais vu cet endroit aussi illuminé en pouvant y apprécier autant de détails et de magie même en y ayant plonger un bon nombre de fois.

Derniers moments de communication avec indications extrêmement importantes pour moi, qui devient modele a l’instant même. Il m’indique l’orientation du scooter et du faisceau dela lampe qu’il veut et lorsqu’il donne le feu vert le temps est compté. Le sédiment qui tombe du plafond, appelé percolation est tres fin et réfléchit énormément la lumière. Une en position donc, j’ai 2 a 3 respirations, ou plutôt expirations avant que “la neige” soit trop forte.

La position dans laquelle pose un plongeur pour une belle photo est rarement un vrai position de plongée. Par exemple, pour bien faire ressortir le scooter, il faut le mettre dans une position qui créerait beaucoup de résistance pour un usage normale. La direction de la lampe primaire, position par rapport a ligne, les palmes bien vers le haut, les coudes qui poussent les valves des bouteilles vers le bas, le cou bien étiré... bref tout ces petits extras qui font que les bouteilles se voient bien horizontales, le faisceau de lampe primaire parfaitement incliné, les logos et les couleurs ne sont en fait que le résultat d’une pose qui n’est pas toujours facile a maintenir. Etre immobile sous l’eau souvent a faible profondeur (dans ce cas précis, c’est plus profond, 18m) avec 3 tanks et un ou deux scooters, les jambes, les bras dans une position “bizarre”, tout en sachant que après chaque expiration le photographe a de moins en moins de temps, tout en regardant le photographe qui peut aussi demander de changer un détail, de remonter, de descendre, de tourner, qui change de position. Parfois il a besoin d’un signal pour ne pas toucher le fragiles formations qui l’entourent, ou de ne pas “foncer dans une colonne” lorsqu’i est focus sur son écran...

Un travail d’équipe donc, ou parfois un simple regard suffit pour se comprendre, mais aussi des situations ou on doit s’écrire sous l’eau pour que je puisse comprendre ce qu’il attend de moi en tant que modele pour pouvoir exprimer son art et réaliser la prise qu’il souhaite.

On change d’endroit, parfois juste a coté, mais la ce sera de quelques mètres, avec un angle différent. Plus difficile pour moi car plus étroit et plus proche des formations, il faut donc faire tres attention a ne pas impacter la grotte. AUCUNE PHOTO NE MERITE D’ENDOMMAGER LA GROTTE. Il change de position a son tour et je dois nager un petit peu pour revenir a l’endroit exact. Apres ça, on vérifie notre air et avons donc quelques minutes pour essayer un dernier endroit avec un différent angle. Au total, ca fait plus de 40 min qu’on est dans cette salle et Dim atteint sa pression de retour. On coupe donc et commençons a récupérer les lampes. C’est un moment critique où il faut bien les récupérer dans un ordre précis pour ne pas oublier une possible lampe “éteinte” (plus de batterie par exemple). Les aller retours entre les sacs clippés sur la ligne un peu plus loin et “la scène du crime” où nous collectons les couteuses lampes s’enchainent. On recompte pour être sur, Dima récupère le stage et commence a respirer dessus, je récupère le scoot de secours et on se lance vers la sortie. Je suis deuxième et récupère la les éléments de navigation et on continue jusqu’au palier de sécurité où Dima en profite pour prendre quelques photos de la lumière et des restes de poteries mayas autour de l’entrée. Finalement on sort, on expire et on rigole un peu... C’est l’euphorie du moment... La sortie de l’eau doit être bien organisée aussi car ce n’est pas le moment de casser du matériel.

J’enlève rapidement mes tanks et mes scooters puis je sors de l’eau et commence a aider Dima. Premièrement je prend l’appareil et le remonte a la voiture. Ensuite on sort les sacs de lampes, et les tanks. On accroche les scoots et laisse mon stage qui est plein dans l’eau fermé et sous pression.

Une fois le matos remonté, on prend 5 min bien méritées pour boire un coup et discuter. Et on commence ensuite a changer les bouteilles avec un taco par ci par la pour reprendre des forces.

Moins d’une heure après, on refait le point, revoit le plan une dernière fois, dernières indications et on commence les a/r pour amener les bouteilles pleines. Une équipe de plongeurs arrivés tout droit de Belgique arrive sur le site, et on prend quelques minutes pour se présenter et chacun explique ses plans de plongée. Pas besoin de modifier quoi que ce soit, les plongeurs se dirigent vers une autre section du système et tous laisse cordialement le temps de nous équiper et faire nos controles pré plonger avant de repartir.

La navigation étant déjà en place, nous arrivons rapidement sur la nouvelle scène du crime. Nous répétons la même procédure, poser le scoot extra, clipper les sacs ou ils ne laissent pas de marque, disposer les lampes une par une aux bons endroits. Vu l’immensité de la section et aussi que nous sommes relativement loin de l’entrée, je pose une ligne temporaire car un des endroits et assez loin de la ligne principale avec du sédiment. Même si on est 2, une perte de visa totale est possible, est cette ligne aiderai directement a maintenir le calme et retrouver la ligne principale.

Pendant la deuxième plongée, même si on plonge au nitrox 32, on entre en déco. On communique donc aussi régulièrement sur ce que montrent nos ordis qui sont de marques différentes. Un des miens d’ailleurs vient de bugger et change de profondeur entre 3 et 20m et n’arrête pas de bipper... Cette deuxième session est plus demandante, il a une vision tres précise de la photo (apres avoir eu un premier aperçu de la grotte, les idées deviennent plus précises) et je dois avoir une position pas facile pour faire ressortir le matos. De plus, pour l’angle avec lequel il veut la photo, il est assez loin, donc une fois en place, la communication se limite a des signaux de lampe.
Notre temps de déco max est maintenant atteint et marque la fin de la plongée, ou presque car en grotte la fin c’est quand on est dehors, et la il faut encore sortir.
On commence a ramasser les lampes. Avant de reprendre le chemin de la sortie il manque une lampe. On cherche un peu, mais entre la déco, et aussi la pression de retour de Dima, nous n’avons donc pas d’autre choix que de laisser la lampe.
Une fois a 6 m, on passe sur le bloc d’oxo laissé avant pour faire notre décompression, on regarde quelques photos sur l’appareil avant qu’il n’ait plus de batterie.
A la sortie de la deuxième plongée, nous sommes bien claqués et seulement a moitié contents car il y a une lampe a presque 2000 dollars quelque par dans la grotte. Et il faut refaire le Tetris a l’envers... Enchainer les a/r entre la mise a l’eau et le véhicule, pour remonter l’appareil, 2 sacs de lampe, 7 blocs, 2 blocs d’oxo, 3 scooters...
En plus la propriétaire du lieu, qui est une personne tres spéciale, demandant un sixième sens pour pouvoir lui trouver un peu d’amabilité, me met la pression, puis se relaxe mais m’engage dans une (trop) longue conversation... Une fois le quart d’heure politesse/cordialité/politique fini, on charge la voiture, je négocie l’entrée pour le lendemain car il faudrait y replonger pour aller chercher la lampe.
Maintenant qu’on est sur d’être les bienvenus le lendemain, il reste une bonne heure de route.Parmis les exigences de Dimitri, il y a le “pivo stop”, (“pause biere”). Donc 5 min a Tulum pour qu’il s’approvisionne d’une bière bien fraiche, perso je tourne encore au café (Décembre pour moi c’est l’hiver et quand la température chute en dessous de 25 C, rien ne vaut un café!).
En route, il transfère les photos de l’appareil sur l’ordi et le smartphone et jette un coup d’oeil. Je vois déjà qu’il est content et que les photos sont belles. Mais il y en a des centaines, il faut trier, éditer... et ca c’est son boulot.
Arrivée a la station de gonflage, un bon quart d’heure de manutention pour décharger les blocs, une discussion relativement rapide car on sait déjà ou on plongera le lendemain, donc le choix des gaz est simple. On reprend la route et 20 min on arrive a ma base de plongée.
Les étudiants caves font leur théorie avec ma collègue, on discute brièvement et avec Dimitri, nous allons dans la salle d’équipement. En effet, il veut essayer un nouveau “truc” le lendemain, pour prendre un autre style de photo. On passe donc une bonne demi heure, a essayé en vain, de fabriquer un système d’attache pour fixer une de ses grosse lampe de vidéo a l’arrière de mon harnais de sidemount (Razor)... Finalement, la fatigue et nos compagnes nous force a rentrer chez nous, on fixe donc ma lampe de 3500 lumens qui est plus petite et donc beaucoup plus facile.
Voila, il est presque 20h, et chacun prend ses quartiers. La vie normale reprend le dessus, avec l’organisation des plongeurs cenotes et des guides pour le lendemain, répondre une dizaine de mails en 3 langues di
fférentes et attendre impatiemment les premiers résultats de l’édition. L’excitation s’apparente a celle d’un gamin qui attend ces cadeaux de Noel. Voila le résultat, après avoir reçu cette photo, je peux enfin aller dormir et remettre ça le lendemain.

Et ce n’est que la première de l’album. Je la dédie donc a tous ces figurant qui pour une minute dans un film ne seront jamais présentés au festival de Cannes ou a ceux qui ont tenus un phares pendant une minute sans être pour autant photographe hahaha !

 

Pour celles et ceux qui ont lus jusque là, je vais donc rapidement finir avec les spécifités du matériel.

Dimitri utilise un appareil Canon 5 D Mark 3, avec un caisson fait en suisse sur mesure.
Il utilise aussi des lampes de différents fabricants, mais pour cette photo et les jours suivants les lampes sont de fabrications Russe, la marque s’appelle AMG et ont jusqu’a 12,000 lumens

(réels) chacune. Dimitri est en lien direct avec le fabricant et a aider a améliorer les lampes pour une meilleure utilisation en plongée (L’usine produit normalement des phares pour l’industrie automobile). Ces lampes sont en forme de cylindre, entre 15 et 20cm de diamètre et pèsent bien 2kg. Pour cette photo, 13 lampes ont été utilisées. Il a fabriqué lui même des systèmes de flottaison pour rendre certaines lampes neutres et d’autres positives.

En plus de cela, son matériel de plongée cave se constitue d’une combi étanche de marque Frogman, un système de sidemount de la marque Helium (tout cela est manufacturé en Russie). Régulateurs , lampe primaire et palmes DiveRite, ordis suunto et hélium
Comme il transporte l’appareil qui est assez lourd (pas de flash ce jour la, mais des bras avec des lampes) il plonge avec 1 stage en plus de son jeux principales de bouteilles sidemount (tous des S80/11L alu).

Je suis donc a la charge de transporter (clippés au D ring au dessus des fesses) les deux sacs de lampes et le scooter de secours. J’ai donc en plus de mes deux bouteilles de sidemount, un stage pour moi, plus un extra pour le photographe. 4 au total.
Ce jour la j’étais en humide car deux jours avant mon étanche s’était mise a fuir au niveau du coup. Donc une combi 7mm tribord (plutot 5mm car elle était vraiment en fin de vie), un harnais Razor, des palmes avant Quattro (avec 4 tanks c’est moyen), ordis Shearwater et Diverite. Lampe primaire et casque light monkey, détendeurs Diverite et Apeks.

Les scooters utilisés son Suex Halcyon T16 et deux DiveX piranha.
Pour la deuxième plongée, nous avions déposé a 6 m de fond deux blocs de 4L rempli d’O2.La planification d’une telle plongée prend du temps, et même si je parle en plus de ma langue natale 5 langues couramment, le russe n’est pas a mon répertoire et l’anglais de Dimitri était a l’époque limité... Donc pour les premiers jours, tous conscient de l’importance de la planification, des numéros, des pressions, et de tout les paramètres tant important pour notre sécurité, un autre ami, patron de centre plongée russe a Playa a servit de traducteur. Cette première “mise au pointait deja bien pris deux heures dans une salle de classe. Apres ca on a mis en place une communication entre écriture et anglais russo basque pour planifier chacune de nos plongées la veille sur un tableau. Le tableau où je dessine les navigations (topo) et fait un récapitulatif de tout les points importants (temps, distance de pénétrations, éléments de navigation, morphologie de la grotte et les scénarios d’évacuation si quelque chose tourne mal.
Pour cette plongée précise, il faut une pénétration 10 min de scooter a une moyenne de 40m / min Pour arriver au premier endroit. Dans le cas ou un scooter tombe en panne, il y en a un autre, ce qui nous permet de pouvoir utiliser plus que des quarts. Cela rend aussi moins plausible la panne de 2 scooters qui obligerai un remorquage ralentissant considérablement la sortie (bien que de fait cela pourrait arriver, il faut donc en parler). La profondeur a laquelle les photos ont étés prise est de 18m, et pour y arriver c’est entre 14 et 18m. Il faut donc faire des estimations avec les calculs de consommation de chacun réajustés. Ce jour la on plongeait deja ensemble depuis plusieurs jours, mais Dimitri qui tourne entre 11 et 12l en temps normal passe a 14 voire 16 l/min avec le stage et la camera. Tout autant que moi tournant a cette époque entre 9 et 10l/min, chargé comme ça j’oscille entre 12 et 14l facile.
On se base donc la dessus pour estimer avec la profondeur moyenne, combien de temps sera nécessaire pour consommer le gas que nous prévoyons pour la pénétration et le shooting. Viennent ensuite les plans de contingence encas de faille du matos ou de mauvaises communication. Ensuite, on utilise des tables et un software (decoPlanner) pour estimer la déco de la deuxième plongée et donc décider de la taille du bloc d’oxygène.
Dans tous les cas, il faut qu’il y ait assez de gaz pour un retour des deux plongeurs a la palme depuis le point de pénétration le plus loin ainsi qu’assez de gaz pour faire la déco.
Pour des raisons de sécurité, les plans sont en général faits la veille pour pouvoir aussi dire a des personnes qui ne plongent pas ou nous prévoyons d’aller. Dans le cas d’un non retour cela aide a commencer les recherches.
Il faut faire bien attention a ne pas s’essouffler, facile avec beaucoup de matos et lorsqu’on passe au placage après 10min de scooter. En plus de l’inertie crée par le poids de l’équipement, la fatigue, le froid, un essoufflement aussi loin de la sortie serait une véritable

catastrophe (et ca peut arriver a n’importe qui, et tres vite). Je n’ai que brièvement décrit la planification des plongées photos que nous faisons avec Dimitri et c’est deja bien long a lire.

La sécurité est primordiale, et il faut aussi avant d’en arriver la, “avoir de la bouteille” et des centaines d’heures de plongée en grotte pour ne pas abimer ce fragile environnement. Avec une pareille quantité de matos, les erreurs de flottabilité sont beaucoup plus “faciles”. Il ne faut pas se laisser distraire, et bien percevoir son espace d’évolution pour ne rien toucher lors de la pose ou de la prise de vue. Les bulles font deja du dégât, et c’est le seul qui peut être tolérer.

Pour conclure, il faut beaucoup d’heures d’entrainement, beaucoup de plongées pour connaitre les lignes, les grottes et les paramètres. Il ne faut pas être une tete brulée et faire une planait rigoureuse qui est le fruit d’un bon entrainement de qualité et de plongées fréquentes a un niveau élevé (pas seulement sur la toile). Il faut communiquer, être en forme physiquement, correct et assidu dans son travail (les 35 h ici c’est pas en une semaine mais plutôt en 3 jours), savoir dire non. Et enfin une quantité de matériel tres cher.
Les heures que j’ai dédiées a cette rédaction m’ont aussi fait réaliser de petits détails que je corrigerai lors de mes prochaines plongées. En attendant ma candidature au festival de Cannes en tant que figurant ou assistant temporaire de l’éclairage, n’oubliez pas que pour prendre de telles photos dans une environnement comme une grotte immergée, être seulement photographe ne suffit pas, et que les dernières fatalités en plongée souterraine au Mexique engagées toutes, sans exception une caméra ou un appareil photo.


PS

La rédaction de cette journée mémorable m’a pris pas mal de temps, surtout avec un clavier en allemand et un correcteur orthographique qui me joue des tours.
Le français n’étant pas ma langue maternelle, je fais cependant de mon mieux pour éviter les fautes d’orthographe et de lexique, je demande juste un peu de compréhension pour les accents autres que l’accent aigüe et l’utilisation d’anglicismes.

Agur. 


Voici un des liens fb ou j'espere que pas seulement la photo mais l'album entier apparaitra.

 

L'album de la plongée du jour d'apres

 

foton.pdf

J'ai joint le texte en pdf avec la photo, c'est plus facile a lire que direct sur le forum. Bonne semaine !

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  • 2 weeks later...
Le 11/05/2020 à 18:26, bardass a dit :

Superbe

Merci !

 

Le 12/05/2020 à 08:20, Leopold Anasthase a dit :

Bonjour,

 

Merci pour ce récit très instructif. La photographie subaquatique est un monde à part dans la photographie. La plongée souterraine est un monde à part dans la plongée. Alors, la photographie subaquatique en plongée souterraine...


Merci. c'était lon mais j espere avoir assez détaillé pour que les raleurs me laissent rentrer au frstival de Cannes meme si j'ai apparu seulement une minute ou "tenu un phare "hahaha.

Plus sérieusement, je me suis moi meme rendu compte a la longueur du texte et avec la chronologie de la narration a quel point prendre des photos en mélangeant ces deux mondes de plongée a parts, requiert une organisation, logistique et previsualisation globale de la plannification pour le faire afe.

Je suis pas mal occuppé en ce moment, je n'ai donc toujours pas fini d'écrire la deuxieme partie qui ce veut annalyser des dangers ou accidents spécifiquement liés a la photo en plongée spéléo. Il y a des articles pas trop mal en anglais meme si un peu exagerés ou centrés sur une localisation particuliere plutot que le sport en général. Certaines publications de GUE expliquent bien dans un anglais tres cru ce que je voudrait faire ressortir dans ce prochain texte.

En expérant que vous pouvez enfin faire des bulles ou mouiller vos rebreathers,

Bonnes plongées !

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