CR 1ère croisière en Egypte / débutant / octobre 2024

[Laga]

Introduction : DÉPRESSION SAISONNIÈRE

 

Je suis un type du Sud.

 

Je suis à peu près certain, si ma vie en dépendait, et contre un stock suffisant de livres et de membres du sexe opposé, que je pourrais passer ma vie dans un bunker, style Fallout, mais je suis un type du Sud et en attendant l'Apocalypse (qui ne saurait tarder, toi-même tu sais) j'ai besoin de lumière. Aussi cette année quand vient l'automne et une crise professionnelle et qu'en plus l'eau de la Méditerranée tombe à 15 degrés sans prévenir, la fourbe, je me mets à pousser, avec Verlaine, des sanglots longs.

 

Ce samedi 10 octobre j'ai Liveaboard.com ouvert sur mon ordinateur, à la page de M/Y JP Marine, l'un des bateaux de croisière plongée les plus cheaps de la Mer Rouge. Les quelques avis glanés sur le web parlent de soirée entre Russes, d'odeurs de kérosène dans les cabines et de fuite au plafond dans la salle commune. M'en fous. Plus c'est déglingo et improbable, et plus ça m'attire. La perspective de travailler mon russe à coups de shots de vodka me ravit presque autant que l'argumentaire de leur croisière plein sud, « Deep South Expedition: Secrets of Zabargad ». J'ai beau savoir que leurs promesses de récifs « intouchés depuis dix ans » doivent être effeuillées depuis un bail et ne sont plus là que pour les gogos, j'en rêve depuis des semaines. Je suis trop snob, je déteste trop la foule pour me mêler à la populace des BDE, et ce sera certainement moins mondu dans le sud, croiyé-je (chasse la naïveté, elle revient te mordre les fesses au galop).

 

Sauf que le temps que je passe à rêver éveillé d'un sud sous les cocotiers à siroter des pinas coladas à Zabargad - oui, tu sauras que mon imaginaire, c'est le bordel - le départ vers le deep south et ses secrets est complet. Vu mes contraintes de dates, ne reste plus qu'une place en pont supérieur (100 euros de plus, merde !) pour une croisière « Golden Mix : 20 plongées sur les récifs de Daedalus, Sataya, St Johns, Rocky, Zabargad » (ah!) avec « requins marteau, dauphins, grottes, épave de Zabargad ».

 

Départ encore plus tôt, dans 9 jours. Gloups. Ça laisse moyen le temps de couper les cheveux en 4 quant à savoir si je suis suffisamment bon pour ne pas dégommer du corail à coups de palmes comme un idiot, et surtout, quant à ma capacité à survivre le rythme, dément quand tu t'y arrêtes deux minutes, de 20 plongées en une semaine alors que j'en ai même pas 90 au compteur.

 

Je vérifie la date de validité de mon passeport, pour la forme. Lève les yeux au plafond en sachant qu'au fond, ma décision est prise depuis quelques semaines. « Tu fais jamais les choses à moitié », m'a dit ma sœur quand je lui ai annoncé qu'un an après mes premières bulles, j'avais passé mon N3 et que je pouvais descendre jusqu'à 60 mètres.

 

Je pense à ma sœur – elle s'appelle Barbara - en sortant ma carte bleue.  Golden Mix, ça n'est pas secret, certes, et c'est plus trop sud sud, mais ma foi, n'ayant jamais bullé en dehors de la Med', je suis sûr que ça allait le faire et que j'en reviendrai grandi.

 

Si je survis à 20 plongées en une semaine et si je ne me fais pas tèj dans une geôle pour avoir marché sur une tortue.

 

… date d'expiration...

… code sécurité...

* clic *

Et quelques instant plus tard, dans ma boîte mail (cf illustration en PJ)

 

ÉPISODE 1 : L'ODEUR ENTÊTANTE DU SABLE A HURGHADA

 

Il est 3 heures 30 du matin et je suis sur les nerfs.

 

Je me suis fait refouler d'un premier hôtel, je traîne ma valise qui pèse un âne mort sur les trottoirs défoncés d'Hurghada et dans des ruelles coupe-gorge où même les lampadaires ont peur de leur ombre. J'ai dans un coin de la tête que j'ai certainement beaucoup trop donné au taxi de l'aéroport, je suis au bord d'une artère où les voitures klaxonnent sans raison, il y a beaucoup trop de monde surtout d'hommes en bandes pour l'heure tardive, je ne vois aucune enseigne familière et j'en mène pas large.

 

Alors pour me donner une contenance je me penche sur mon téléphone portable et je traîne cette valise démesurée dans une direction choisie au pifomètre.

 

Comment est-ce que j'en suis arrivé là ?

Il y a ¾ d'heures l'Airbus A321 de Pegasus airline m'a vomi à l'aéroport d'Hurghada en même temps que des familles avec des t-shirts bariolés venus s'entasser dans les hôtels clubs. Juste avant la douane, on a été nombreux à se diriger vers les guichets de banque pour prendre les visas (25 euros par tête de pipe) et changer quelques billets.

 

Non, mais en vrai, comment est-ce que j'en suis arrivé là ?

Malgré l'insistance de Liveaboard.com à me conseiller de prendre un hôtel à l'aller et au retour vu mes horaires d'avion, je me suis pointé les mains dans les poches en me disant que je verrai bien sur place, quitte à me mettre dans un coin et à attendre le minibus du croisiériste prévu... vers 13h.

 

C'est à 3h30 du matin sur les trottoirs défoncés d'Hurghada que je m'aperçois que des fois, je suis pas fini. J'ai aucun repère, je stresse, je n'ai plus 20 ans et arriver en faisant nuit blanche c'est le meilleur moyen de me flinguer la moitié de la croisière.

 

Malgré le stress, ces premiers instants en Égypte sont riches en excitation et une odeur s'impose à moi : celle du sable, ou de la poussière. Même de nuit, en ne voyant rien de la ville qu'un ou deux lampadaires cassés et les phares des voitures sur la rocade, l'odeur est vive, m'impose l'image d'une ville qu'on a arraché au sable et ce sera, de loin, l'odeur de ce voyage, tout comme malgré deux semaines au Japon j'ai été marqué à vie par le fumet de la bonite fumée au feu de paille au restau le premier soir, quelques heures après avoir atterri à Tokyo.

 

Je finis par échouer à l'hôtel Dexon Roma où je paie l'équivalent de 32 dollars en monnaie locale (1970 livres égyptiennes, de mémoire) pour pouvoir me poser jusqu'à midi. C'est censé être un 3 étoiles, mais ceux qui savent ne seront pas surpris si je dis que le Dexon Roma semble s'être figé dans les années 70. Bien que tout semble en cours de rénovation, l'hôtel semble baigner dans son jus depuis l'année de sortie de Love Story, dont la ritournelle façon Bontempi reprend à zéro à chaque étage dans l'ascenseur si bien qu'au niveau 3 on l'a gravée dans le cerveau pour deux jours, merci pas merci.

 

J'hérite d'une chambre à l'avenant, et fais la gueule quand je m'aperçois que la clim – que j'éteins, ayant une trouille bleue d'attraper la mort avant de plonger – masquait un buzz électrique venu du plafond encore plus irritant à l'oreille. Je pourrais demander à changer mais il est 4h du matin, j'ai des boules Quiès, et il est temps d'accélérer ce récit. Reste branché pour l'épisode 2.

 

Pratique :

 

Liveaboard.com : entre ma commande et le départ, Liveaboard s'est montré super carré, avec une demi douzaine d'échanges par mails et un appel au téléphone. Charmante attention, ils m'ont même fait parvenir pour le compte de l'opérateur une liste de choses à ne pas oublier dans les bagages.

 

Vol Pegasus Airlines (le Ryan Air de Turkish Airlines) : bagage 20 kilos en soute + valisette 8 kilos cabine inclus. Correspondance de nuit à l'aéroport d'Istanbul Sabiha Gokcen avec +- 5 heures d'attente. Mon bagage soute a été enregistré au départ et je n'ai eu qu'à le récupérer à Hurghada.

 

A Sabiha Gokcen, qui fait office aussi de grand mall (galerie commerciale et galerie de restaurants), pour meubler l'attente, on peut réserver une cabine de repos avec paiement à l'heure et/ou se doucher à www.keplerclub.com. Possibilité de charger son tel à des bornes gratuites.

 

Arrivée à Hurghada : prendre son Visa 25 euros (en cash) aux guichets des banques avant la douane.

Il n'y a rien à l'aéroport qui encourage à rester / se reposer. Pour rejoindre Hurghada, il y en a pour ¼ d'heure en taxi et on a le choix : soit négocier avec le chauffeur qui ne manquera pas de te repérer à la sortie, lui et 5 autres, soit télécharger inDrive, le Uber local. L'un dans l'autre, le trajet, de nuit, coûte environ 60 livres, soit dans les faits un billet de 100 lires (1,90 euros au cours de 2024).

 

Hôtel Dexon Roma : +- 32 euros la nuit pour une chambre pleine de charme... local.

 

 

Edited November 3 by Laga
Psychorigide de l'orthographe

[Fuori]

 Il y a du Cendrars en toi @Laga !!! Merci !

Hâte de lire la suite 

[papiboilo]

moi aussi  

[LGF]

Quel teaser! Vivement la suite!

[nnl]

Le style est génial. Hâte de lire la suite.

 

 

[Falkor]

Ce CR commence bien, hate de lire la suite

[autrichon gris]

Il y a 16 heures, Fuori a dit :

 Il y a du Cendrars en toi @Laga !!! Merci !

Hâte de lire la suite 

 

On recommandera donc comme livre initiatique à tous les voyageurs de la Mer Rouge "Moravagine" dudit Blaise Cendrars, et bien entendu "les Secrets de la Mer Rouge" livre inégalé d'Henry de Monfreid, certes d'un autre temps.

[Laga]

Merci à tous pour vos encouragements

 

ÉPISODE 2: C'EST LE PLUS BEAU DES BATEAUX, COMME DIRAIT ERIC MORENA

 

Un camion citerne, trois motos, un gosse qui barbote dans l'eau (je dis rien. J'ai les mêmes, à la sortie du Vieux Port, qui vivent leur meilleure vie dans une eau allongée au kérosène) les autres en claquettes et djellabah qui jouent les porteurs de bagages pour gratter un billet, et en fond, l'un de ces immenses ensembles immobiliers dont la construction s'est arrêtée nette entre deux étages, comme beaucoup, beaucoup trop de constructions en Égypte. Ça m'a rendu fou jusqu'à la fin du voyage, ça, jusqu'à ce que je pose la question à un chauffeur de taxi : pourquoi autant d'immeubles à Hurghada, et, sur la côte, de projets immobiliers pharaoniques stoppés net comme si le contremaître était parti un matin avec la caisse et la femme du patron ?

 

La Marina de Marsa Alam donc, est toute pourrie et je me demande si le zodiac qui a chargé nos bagages et tangue dangereusement sur sa ligne de flottaison va tenir le choc jusqu'au bateau sinon il ne me restera plus que mon passeport dans une pochette étanche nouée autour de mon cou pour pleurer.

 

Contre toute attente, ma nuit à l'arrache au Dexon Roma a été réparatrice. Alors qu'on fend l'eau sur un deuxième zodiac, je suis hypé comme jamais, même s'il reste encore dans mon cerveau des notes de Francis Lai au Bontempi. Dans le soleil couchant, le liveaboard apparaît, son nom écrit en arabe, il a 3 étages, pardon, 3 ponts, je comprends que ça y est, j'y suis, 14 mois après mes premières bulles : je vais trouver l'amour m'envoyer en l'air vivre, pendant une semaine, une expérience hors du commun.

 

En dévisageant mes compagnons de route, je me dis qu'on a tous une chance phénoménale d'être là et mon sourire s'élargit de plus belle. Fuck l'automne et mort aux vaches. Et puis c'était ça où me laisser pousser des hémorroïdes sur le canap' en essorant le dernier Call of Duty avant de reprendre un boulot.

 

Si tu as lu le premier épisode, tu as dans un coin de la tête que M/Y JP Marine, le bateau que j'ai retenu pour cette première croisière plongée en Mer Rouge (spoiler : il y en aura sûrement d'autres), n'est absolument pas le plus luxueux. A 1062 euros la semaine, je n'aurais d'ailleurs pas été surpris qu'on nous retrouve 15 jours après en panne, à dériver dangereusement près de la frontière avec le Soudan, amaigris et moitié délirants de fièvre, survivant sur trois paquets de chips, deux lignes de pêche et le mauvais vin vendu 15 euros la bouteille à bord.

 

Re-spoiler : j'ai passé une semaine comme un coq en pâte sur un engin flottant dont j'ai senti que les gens faisaient au mieux avec les moyens qu'ils avaient – et le prix qu'on a payé. Laisse moi te raconter les petits rouages d'une croisière en pension complète en Mer rouge en 2024, petit scarabée fraîchement émoulu de ton Open Water qui envisage de faire comme moi pour 2025 ou 2026.

LA VIE A BORD : LOFT STORY EN ÉGYPTE

 

Déjà, à l'inverse de l'hôtel Dexon Roma à mon arrivée à Hurghada, difficile à l’œil nu de jauger l'âge du bateau. Il fait bateau, quoi, comme toi tu as deux bras et deux jambes en principe. Il y a pas mal de choses en bois, comme je m'y attendais, et puis c'est un engin soumis aux éléments, dont j'attends pas forcément une peinture sans rayures. Une semaine huit jours après, j'ai beau récurer dans ma cervelle à la louche, à part la peinture un peu défraîchie au plafond de la salle commune, je n'ai rien à lui reprocher, à ce rafiot. C'est un bateau de croisière plongée, quoi. Je n'ai aucun autre moyen de comparaison et ce que je vois me plaît. D'autant que le sentiment d'aventure écrase toutes les autres considérations, en fait, tout comme, la première fois qu'on fait l'amour, on se fiche bien de la taille des pieds ou de la marque de petite culotte de son amoureuse.

 

On m'attribue une cabine avec un Grec 20 ans plus jeune que moi venu accompagné de sa sœur et de leur mère, dans la cabine d'à côté. Si j'apprécierai son respect de mon besoin de m'enfermer dans ma bulle avec un livre, lui dira en retour qu'il est bien tombé : je ne ronfle pas (mesdames, vous êtes déjà nombreuses à vous êtes manifestées en MP. Je me dois de préciser ici que je ne suis PAS célibataire). On a souvent mangé tous les 4, A. sa sœur, sa mère et moi. Famille de plongeurs qui tiennent un club hôtel sur une île grecque dont je garderai le nom pour moi tellement ça a l'air chouette.

 

Neuf nationalités se rejoindront chaque soir dans les parties communes, avec une majorité de francophones en comptant un trio de Suisses. Inévitablement des groupes se formeront, le plus souvent par regroupement de langue, mais par affinités aussi, tandis que certains resteront entre eux, soit par défaut d'anglais, soit par paresse (je ne citerai personne, mais je pense à vous, les français, là). Si deux potes bulgares déploieront moults efforts pour s'intégrer malgré un anglais chancelant, un père et son fils russes, embarqués avec leur guide privé rien que pour eux, ne se mêleront strictement à personne, tandis qu'un Hongrois maqué avec une espagnole assurera l'ambiance à lui tout seul avec force facéties. A ma connaissance, en dehors des couples déjà formés avant le départ, aucune galipette ou dérapage ne sera à recenser. Je dis ça pour ma copine parce que c'est le genre de choses qui arrive dans des expériences de vie confinées et protégées de l'extérieur, remember Loana et Jules-Edouard, là. (C'est bien Jules Edouard son nom?)

 

Heureusement qu'on s'entendra tous car l'espace sur un bateau n'est pas extensible, alors sitôt ta valise défaite dans ta piaule, on te la confisque, de même que tes chaussures : pas la peine, pas la place, pouf, envolées.

 

La cabine me rappelle des souvenirs de cité U mais en plus propre, moins enfumé et avec la clim. Clim qui sort directement du caisson sous ta banquette et dépote, aussi si tu as le malheur de laisser ta couette dépasser, elle agit comme un conduit qui t'envoie la fraîcheur Kisscool (réf de vieux, je sais) directement sur tes guiboles. Il y a moyen de régler, mais il faut s'entendre avec la cabine d'en face car les deux sont reliées à la même clim. Mais je n'ai jamais su qui était dans la piaule d'en face et comme ça n'a pas perturbé A. plus que ça...

 

Oh, et petit détail : les toilettes sont dans la douche !

 

Avant le départ de la marina le directeur de plongée / directeur du bateau récolte nos passeports, nos certifications et on passe à la caisse pour régler en espèces et en euros tout ce qui n'est pas dans le prix de base mais obligatoire (taxe, surcharge carburant), la location éventuelle de matériel et le nitrox (je ferai les comptes et le bilan en fin de compte-rendu).

 

Dans un premier brief, il nous explique que quand un bateau navigue, on fait attention où on met les pieds et on se tient qu'on laisse pas les verres traîner sur les tables parce qu'on est sur un bateau et qu'un bateau ça tangue et renverse les verres, nous enjoint à ne pas laisser sécher nos affaires n'importe où n'importe comment sinon elles vont passer à l'eau (et on nous fera payer les serviettes) et nous assure qu'il vaut mieux fermer les cabines pendant la navigation sous peine de les retrouver inondées après quelques heures de navigation dans la houle.

 

En écrivant ça, je souris en repensant à ce jour où je profitais de l'air frais, assis à l'avant du bateau qui traçait entre deux récifs, quand je me suis fait surprendre par une lame qui m'a entièrement aspergé, mon poncho, mes lunettes de vue. J'étais pas aussitôt relevé pour aller me sécher que mes petits pieds nus glissaient sur le sol et m'envoyaient sur les fesses. Le capitaine, qui avait tout vu, est sorti m'aider à me relever, on était tous les deux hilares.

 

Près des côtes, le wi-fi anémique du bateau sera gratuit, en mer, grâce à Elon Musk, on pourra avoir une connexion tout aussi famélique pour 5 euros de l'heure. Si l'eau en fontaine, le thé, les infusions, les sodas en bouteille (Sprite, Coca, Coca zéro), jus de fruits, collations, Nescafé seront à volonté, le café Lavazza en grains se négociera 2 euros et la Stella 50 cl s'arrachera à 2,50 euros. A commander suffisamment en avance pour être sûr que le petit frigo en libre service dans la cuisine de la salle commune puisse faire son boulot.

 

Pas grand chose à redire sur la cuisine façon cafétéria, avec des part généreuses et variées et le gâteau occasionnel d'anniversaire qui va bien.

 

Sauf exception, les journées seront réglées sur 4 plongées et autour des intervalles de surface : réveil à 6h20, brief de plongée à 6h40 puis première plongée, petit-déj, deuxième plongée, déjeuner, 3e plongée, la plongée de nuit ayant lieu à 18h30 (en octobre en Égypte, c'est la garantie d'expérimenter la nuit noire ).

 

Il est temps d'aller dormir. Demain, on plonge.

Edited November 6 by Laga

[Laga]

Enfin, je sais que tu l'attendais depuis des jours : on entre dans le vif du sujet.

Dans ces épisodes 3 et 4, tu verras que 

- j'ai trouvé comment mettre des photos dans le texte ! Note qu'à l'exception de la première, elles sont toutes de mon binôme

- tu liras de belles rencontres sous-marines, et, à Daedalus, un raté qui fait que je serai obligé d'y retourner,

- je te raconterai comment j'ai sauvé mon binôme de la noyade

- et comment, N3, j'ai malgré tout commis une erreur de N1 qui aurait pu très mal se terminer. 

 

ÉPISODE 3  : « ICI, ON PLONGE SELON LES RÈGLES PADI, LES MECS »

 

 

On est tous réunis dans le salon de la salle commune, devant une petite télé qui affichera les schémas du briefing de plongée, et les choses sérieuses commencent. Il y a 3 guides pour 24 plongeurs : Michael, Abu, Abdo, ce qui fait, si tu te souviens bien de tes souvenirs de maths (moi-même j'ai du mal, des fois) 3 groupes de 8 plongeurs, tous niveaux confondus. Les plus novices ont une petite trentaine de plongées, les plus aguerris dépassent les 2500. Il y a deux ados venus avec leurs pères, et des jeunes sexagénaires moniteurs. Les binômes ont été constitués par couples, en famille, entre potes « mais il y a moyen de changer si vous voulez », sourit Mickael, le directeur de plongée et directeur de la croisière. Imagine le choc : « chérie, finalement, j'ai décidé de ne pas plonger avec toi, j'ai un ticket avec l'Ibérique à gros tétés. A bien y réfléchir, je te quitte. Et je garde René » (René, c'est le nom du chat).

 

Les groupes partiront chaque fois avec 10 / 15 minutes de décalage, afin de ne pas faire moulon sur les sites, comme on dit chez moi.

 

A +- 90 plongées, j'ai été binômé avec F, un photographe amateur lillois de + de 350 plongées quasi exclusivement enregistrées au cours de croisières sur les spots les plus beaux de la planète. Ça colle sans difficultés entre lui et moi. Je me contraindrai à garder son rythme, à prendre mon temps, je développerai la patience, m'inspirerai de sa redoutable flottabilité (« obligé. C'est le premier truc que tu dois maîtriser si tu veux faire de la photo » me dit-il) et, en échange, obtiendrai de super souvenirs sous-marins de mon premier liveaboard, moi qui ne suis parti qu'avec une GoPro 6 que j'ai jusque là très peu utilisée dans l'eau. Je garderai un super souvenir de ce binôme.

 

« Ici, on plonge selon les règles PADI, les gars. C'est 40 mètres maxi pour les advanced, sans déco. Si j'en prends un à entrer en déco, je lui coupe une couille » assène Mickael lors de ce premier gros briefing. On en aura un second, la veille d'aller sur Daedalus, à propos des règles à observer avec les requins. « On sera à huit heures de navigation du premier caisson et si vous croyez qu'en Égypte on va envoyer un hélicoptère pour sauver vos petits culs blancs, vous vous gourez le doigt dans l'oeil jusqu'au genou ».

 

Mickael n'a pas vraiment dit ça comme ça, mais mais c'est tout comme. Une ou deux minutes de déco par inadvertance et ça irait, mais qu'il nous prenne à faire plus et on pourrait se gratter pour la prochaine plongée  car "ça veut dire que vous n'êtes pas responsable". Prière, quand le guide pose sa main de profil sur son ordinateur, de lui répondre les doigts pointés au dessus de son propre poignet pour dire « je suis encore dans la NDL », ou bien, doigts pointés vers le bas, pour autant de minutes entrées en déco.

 

  

 

En pratique, à Daedalus, je me ferai contrôler une fois, mais personne n'ira relever les ordinateurs à la fin de la plongée. Ce qui importait, c'était que le message passe. A ma connaissance personne ne fera le con de toute la semaine.

 

Mickael insiste néanmoins bien fort. "Prenez pas de douches trop chaudes parce que ça favorise les ADD. C'est arrivé à un touriste, une fois, il était fan de douches chaudes sitôt sorti de plongée, il a fini au caisson à la fin de la semaine". Ou encore "parlez-nous si vous vous sentez mal et demandez de l'aide. Ne cachez pas un problème. On a eu ce cas avec une plongeuse qui refusait de prendre une douleur au sérieux. Elle est morte".  

 

Pression ? Check.

Détendeur ? Check.

Allez, on y va.

 

 

SHOAP MARSA ALAM (ou SHA'AB MARSA ALAM)

Trois plongées sur le récif ouest, sur le jardin de corail, et de nuit, à un jet de pierre de la marina de Marsa Alam. Histoire que les guides puissent vérifier qu'on coule pas comme des enclumes. J'ai un bloc 12 litres aluminium (une première pour moi) avec une combi 5 millimètres (je ne connais que le 7). La salinité de la Mer Rouge étant plus élevée qu'en Méditerranée, je pars sur + 2 kilos de lest supplémentaire contre 4 habituels sans rencontrer aucun souci pendant 6 jours. Au final je pense même que j'aurais facilement pu enlever le supplément mais la flemme a eu la peau de ma recherche de flottabilité parfaite.

 

Bon, et sinon ces premières bulles en dehors de la Med' sont un enchantement, une claque intégrale.

 

Je suis au manège, au cinéma, à l'église, à communier avec la nature, le souffle coupé. Les formes, les couleurs, la pouascaille n'ont RIEN – A – VOIR avec ma Méditerranée jusque là adorée (sorry, chérie. Va falloir qu'on parle).

 

Sur la première plongée j'évolue au dessus de sortes de cactus de coraux disséminés sur le fond de 20 mètres, et je me prends des fractures des rétines. J'étais pas prêt pour tant de beauté. Mais ce n'est rien en comparaison avec la plongée suivante, où on sinue 40 minutes dans un jardin de corail dense et plein de vie. J'arrêterai assez vite de vouloir recenser toutes les nouvelles espèces que je découvre tant il y en a et mon cerveau est incapable de tous les retenir pour les identifier correctement en fin de plongée. Je m'aperçois même que mon Marine Picto Life acheté en cata au Vieux Campeur juste avant de partir est lui-même impuissant à tout recenser ! 

 

Je vis un deuxième baptême, born again dans l'eau, sourire d'une oreille à l'autre, c'est sensationnel et je souhaite à tout le monde de vivre ça, n'en déplaise aux esprits chagrins qui, après avoir eux-mêmes bien essoré ses fonds marins à coups de trajets en avion, te disent que la Mer Rouge c'est plus ça.

 

DAEDALUS NORD, SUD EST, SUD OUEST

Trois plongées sur le mythique Daedalus, jusqu'à 40 mètres, et si tu as tout suivi, sans déco, pour essayer attraper au vol du requin marteau. On s'éloigne du récif pour poireauter dans le bleu. Sauf que l'eau est à 30°, et que le marteau l'aime plus fraîche me dit-on dans l'oreillette. On fait chou blanc sur la première plongée.

 

Je me retiens de m'acheter un t-shirt souvenir au phare de Daedalus (20 euros le t-shirt) pour ne pas vendre la peau avant de, et me porter la poisse. En vain.

 

On poireaute à blanc en flirtant avec la NDL – tout juste je crois discerner la queue d'un marteau deux secondes et demie à 15 mètres dessous. Mais à la deuxième plongée, juste sous le bateau, après 40 minutes d'attente, le lot de consolation arrive droit vers moi sous la forme d'un longimane de deux mètres. Mais vraiment sur moi, au point que je commence à me glacer et jette un regard inquiet au guide, avec une forte impression de déjà vu quand je suis tombé nez à nez avec un ours noir dans un camping du Colorado. Évidemment, le longi bifurque deux secondes avant de me rentrer dedans et s'éloigne, grand seigneur, m'offrant juste ma meilleure rencontre du voyage.

 

 

La dernière plongée à Daedalus se fera 58 minutes uniquement dans le bleu.

 

ROCKY ISLAND NORD, SUD, SHA'AB ZABARGAD SUD

Quatre plongées dans le bleu ou le long de tombants renversants et de nuit, où la variété des situations rencontrées me fait faire des progrès spectaculaires. C'est un festival de premières fois ou quasi premières fois qui m'épuise et me ravit à la fois.

 

La flottabilité dans le bleu sans repères sur un tombant ? Check.

Imiter mon guide et me tenir immobile droit, aussi cool et stable que possible, pour attendre du gros ? Check.

Ralentir pour attendre mon bînome photographe ? Check.

Basculer du zodiac en flottabilité négative ? Check aussi (j'adore).

Remonter sans échelle en enlevant mes poches à poids et en dégréant dans la houle ? Check encore. Le soir, me laisser dériver entre les excroissances de corail sur le tombant, en adoptant une position de Bouddha placide ? Check, check, check. Alors qu'approche ma 100e plongée, je suis comme un poisson dans l'eau, je progresse de fou, et je me régale.

 

PARADISE REEF EST, SOUTH, et UMM EL KHARARIM, alias La mère des grottes

Bon, je fais des progrès, mais non sans effort, sur les oreilles notamment. Je vais pas mentir. C'est la première fois que j'utilise une Go pro de manière intensive, y'a pas mal de mini variations de flottabilité dans la zone des dix mètres, et mes écoutilles commencent à fatiguer, ce qui m'entraînera à sauter la 4e plongée prévue de nuit ce jour.

 

ÉPISODE 4 : TOUS LES HÉROS NE PORTENT PAS DE CAPE

 

J'effectue ma 99e plongée sur Paradise reef Est. Après 10 plongées ensemble – déjà - avec F., mon binôme,  on est à peu près réglés comme un vieux couple, c'est à dire : complaisants. Le remplissage très généreux des blocs nitrox – on part avec 260 bars en moyenne, parfois 300 me dira F ! - couplé à des profondeurs limitées fait qu'on ne se demande absolument plus l'air en cours de plongée. Et alors que des petites mains nous aident à enfiler notre matos et l'enlever en remontant, on ne se pose plus trop de questions, on se contente de faire un check mutuel visuel symbolique, avant de sauter et de faire notre vie en bas, pas trop trop loin l'un de l'autre, mais pas non plus hyper soudés.

 

Ce matin là, c'est le drame, et je vis un moment qui me fait encore une fois grandir à vitesse grand v dans ma vie de plongeur.

 

On s'immerge à 27 mètres et on commence à batifoler sur un fond absolument ouffisime, quand je le vois écarquiller de grands yeux en se tournant vers moi – il doit être à 4 ou 6 mètres. Et là, pour une fois dans ma vie, je ne réfléchis pas. Alors qu'il passe sur son octopus avec le même regard interloqué et me fait le geste panne d'air, je suis déjà sur lui avec mon détendeur de secours, cool as a sea cucumber comme on dit en arabe égyptien (non) : d'un calme olympien. Premier réflexe : donner un coup de poignet sur son robinet, et m'apercevoir qu'il faut bien 4 ou 5 tours pour l'ouvrir à fond. Cherchez plus, inspecteur Clouzot, on a le coupable. Je teste son détendeur principal, je regarde son mano, tiens, reprends ton détendeur, lui lancé-je en mimant. Ce qu'il fait, avant de m'adresser un signe OK.

 

Arrêt sur image : Laga à 27 mètres de fond, incarnation du flegme devant le devoir accompli, entouré de tous les moniteurs et monitrices de son club qui applaudissent ou lui mettent la main sur l'épaule avec le signe OK. L'une d'elles écrase même une larme, mais sous l'eau, ça se voit pas trop. « C'était pas gagné au départ, j'avais même parié 20 balles que tu abandonnerais avant la fin de ton PA40, mais tu as assuré aujourd'hui et je suis fier de toi », murmure d'une voix chevrotante le fou furieux qui a failli me noyer à ma deuxième plongée de N2.

 

F et moi on reprend la plongée comme si de rien n'était. Il me dira, une fois remontés, qu'il avait laissé l'une des petites mains du bateau ouvrir le robinet pour lui. Il ne refera plus l'erreur, de mon côté j'ai en une plongée gagné 1000 points de confiance en moi.

 

La suivante, ma 100e, est la plus longue à ce jour : 1h13 sur des patates de corail d'un autre monde à 20 mètres de fond. Sur mon carnet de plongée, je note : « J'ai pas assez d'un seul cerveau pour enregistrer toute cette beauté ».

 

A UMM EL KHARARIM, petit ensemble caverneux qu'on passe dans un sens puis dans un autre par un autre passage avant de sortir sur un joli jardin de corail, il se passe autre chose. Malaise devant tout le noir de coraux morts qui tapissent le sol des grottes. Ca sent vraiment beaucoup la mort. Ca confirme les discussions avec les habitués, le soir au repas, ceux qui étaient déjà là il y a 10 ans et ont fait plusieurs croisières, sur la Mer rouge qui se réchauffe et morfle. A partir de cette plongée, le double sentiment d'émerveillement devant ce nouveau monde, et d'inquiétude pour l'avenir ne me quittera plus, charriant avec lui tout un tas de questions insolubles.

 

 

SATAYA SUD, HAVEN, BIG ABU GALWA (EPAVE DE KEBIR), SMALL ABU GALWA

Sur Sataya sud, on part du bateau à 4 sur le tombant avec un couple d'Espagnols sympa, l'idée est de remonter vers un jardin de corail, sauf que je sais pas ce qu'il se passe, on passe beaucoup trop de temps sur le tombant et on se retrouve surpris par le courant au retour, on fatigue et en n'en voit plus le bout. L'Espagnol est short en air, prend sur sa copine, sur mon binôme, comme je suis un peu moins profond qu'eux je remonte voir et... bah le bateau est encore super loin. Je leur fais signe, en bas, ils me disent de lancer le parachute. Dont acte. Le zodiac vient nous chercher quelques instants plus tard.

 

 

Ce jour là, après un petit déj revigorant, le bateau nous emmène sur le Dolphin House de Sataya pour un moment que j'attendais pas spécialement mais qui m'apportera au final une pure joie enfantine. Le zodiac nous dépose chez les dauphins, un banc d'une cinquantaine, et on pique une tête avec eux pendant 20 bonnes minutes magiques. C'est sportif, faut palmer, faut suivre – je sors de plongée donc pas d'apnée pour moi – mais les dauphins reviennent, au bout d'un moment on arrive à prédire où ils bifurquent pour anticiper et pointer notre Go-Pro, le sourire qui s'élargit de minute en minute. Bon, évidemment, en octobre, ça se partage avec une douzaine d'autre bateaux de croisières...

 

Haven est un superbe tombant, et à Big Abu Galwa, plus que la petite embarcation de pécheur qui gît au départ de la plongée, je retiens la première rencontre de ma vie avec une tortue, qu'on a regardé chiller 2 minutes avant qu'elle ne remonte prendre l'air à la surface. J'étais venu pour les marteaux et les tortues.

 

J'ai eu la tortue. Succès débloqué à 50%. Je reviendrai pour les requins marteaux.

 

 

Sur Small Abu Galwa je fais ma 4e plongée de nuit. Je pointe à F le seul nudi croisé de tout ce voyage, une doris pyjama, et en acculant avec ma lampe de poche un banc de mini poissons type sardines contre le récif, j'assiste à ma première scène de chasse. En échange, F me pointe les mini-crabes, dont un à pois rouges, cachés dans les branches de corail.

 

SHA'AB MARSA ALAM et GOTTA MARSA ALAM

Retour au bercail, à un jet de mégot de la marina de Marsa Alam (le premier que je vois jeter un mégot dans la Mer rouge, je le passe par dessus bord avec 15 kilos de lest). Je me suis levé la veille avec la gorge qui gratouille, et j'ai bien senti le fond de l'air frais en sortant de la plongée de nuit. Entre les deux, la température de l'eau, jusqu'à 31 degrés dans le sud, est revenue à un plus raisonnable 27-28 degrés. Je suis sûr que j'en rêverai, de retour à la maison, mais je suis pas épais, j'atteins les limites de la combi 5 millimètres, je commence à avoir froid en sortant de mes plongées et je sors les kleenex. Il faut me rendre à l'évidence : je suis en train de m'enrhumer et je suis un quart sourd, je sens mes oreilles comme des gobelets en carton dans lequel on aurait mis deux gros pétard.

 

Je ne devrais pas faire ces deux dernières plongées.

Mais mes sinus sont clairs.

Et c'est ma première croisière, et c'est mon dernier jour.

Alors évidemment que je plonge...

 

 

RAS sur la première plongée – un poisson scorpion à houppe, une raie, etc - sauf que je ressors avec le nez plein de mucus.

La deuxième et dernière plongée est celle de trop, dès l'immersion, avec une oreille qui pour la première fois de ma vie de plongeur, ne passe pas. Je reste toute la plongée au dessus des autres, et je ressors avec la certitude de m'être barotraumatisé.

 

Je te passe les détails, la sensation, encore une fois pas vraiment douloureuse, mais d'être désormais à moitié sourd, l'angoisse de savoir si je vais pas exploser un tympan dans l'avion. 

 

Je donne tous les détails sans égards pour mon égo pour que cela puisse servir à d'autres (c'est le but de mes contributions sur internet. Autrement je me tais). Merci de ne pas m'accabler de reproches en me disant qu'en tant que N3, j'aurais du, blablabla. Le diagnostic de l'ORL, plongeur, que j'ai eu la chance de pouvoir trouver dès le retour m'a dissuadé de jamais refaire ça : double otite séreuse, 8 jours sous anti-inflammatoires, privé de plongée pendant 15 jours.

 

(J'ai replongé depuis, sans souci).

 

(Détail cocasse, mon ORL m'a dit qu'il avait commencé la plongée dans des endroits tellement dingues dans le monde, qu'en se fixant au bord de la Méditerranée, ça lui avait passé l'envie...)

 

Sinon, merci de m'avoir lu ! J'espère que ça t'a plu et donné envie. Pour terminer, je poste dans quelques instants le bilan.

Edited November 12 by Laga

[Laga]

SUITE ET FIN : RAPIDE (PROMIS) BILAN

 

Si c'était à refaire, je referai (presque) tout pareil. Disons que j'essaierai d'éviter de m'enrhumer, quitte à embarquer une combi 7 millimètres. Je sais qu'il y a débat, évoqué sur ce forum, entre croisière et centre du bord, surtout en première expérience Mer Rouge. Moi je dis, dans le doute : go pour la croisière !

 

Je me suis malmené, sur la fin, mais sache que beaucoup n'ont pas hésité à sauter une, deux, trois plongées voire plus. Ca se fait. Je suis obligé de te dire qu'il faut écouter son rythme et son corps, même si en pratique, pour certains d'entre nous, c'est difficile de se dire qu'on a fait autant d'avion et payé autant pour ne pas pleinement en profiter.

 

Le parcours choisi, Daedalus + récifs sud, nous a confronté à une variété de situations très stimulantes : plongées dans le bleu en attente de gros, plongées dans du courant, de nuit... avec des procédures d'entrée et de retour elles aussi variées (départ et retour du bateau, en zodiac, immersions négatives, remontée 2 par 2 à la bouée en dégréant dans l'eau avant de se hisser sur le zodiac...).

 

Les plongées dans le bleu à Daedalus et Rocky Island demandaient une bonne forme physique et d'être un minimum dégourdi, à la fois pour plonger en immersion négative, et remonter au zodiac de manière un peu funky pour ne pas servir d'appât à requins. En dehors de ça tout le reste passe crème, je veux dire que c'est accessible à un jeune PE40 (l'opérateur demande 30 plongées d'expérience et un advanced. Il y avait avec nous des ados avec 30 plongées au compteur).  Sache aussi que certains sites faciles aidant, tout le monde a eu l'opportunité de faire, je dirais, un bon gros tiers de plongées en autonomie, les guides souhaitant se reposer nous ayant fait comprendre qu'on n'avait pas besoin d'eux (mais restant dispos pour qui éprouverait le besoin d'être encadré).

 

A 90 plongées, tout juste sorti d'un niveau 3, j'ai vécu cette croisière comme une expérience intensive, puissante, qui m'a permis d'énormément progresser en peu de temps (19 plongées en 6 jours ) et j'en ai pris plein les yeux.

 

Il y a enfin l'expérience pension complète et service à l'égyptienne, qui fait que tu es chouchouté du matin au soir, et que tu n'as même pas une tasse de café à laver de tout le séjour.

 

Juste à te concentrer sur la plongée. C'est génial !

 

A l'heure où j'écris ces lignes, la communauté plongistique française et P.com bruissent de débats sur la sécu des bateaux en Mer Rouge (j'y étais la même semaine que le naufrage d'un bateau de 18 français).

 

Je n'ai pas visité la salle des machines, et je ne suis pas spécialiste en infrastructures nautiques. Tout ce que je peux dire, c'est que

- nos passeports et certifications ont été conservés dans une pochette étanche par le dive master tout le long du voyage

- on a tous été briefés sur la sécurité dans l'eau (plongée sans déco...) et sur le bateau (défense de laisser les appareils charger sans surveillance, exercice évacuation incendie réalisé à l'improviste, présentation d'une courte vidéo sur les issues de secours, le maniement de gilets de sauvetages et des extincteurs présents dans chaque cabine).

 

Enfin, les blocs 12 L alu chargés nitrox à 260 bars et plus, comment dire... si les gens de Divesafari Master passent ici, surtout, ne changez rien, les mecs !

 

Croisière réalisée en octobre, sur le JP Marine, bateau de www.divesafarimaster.com, aussi présent sur liveaboard.com

 

COMBIEN CA COUTE ?

 

1063 euros : une cabine en pont supérieur pour semaine en pension départ / arrivée à la marina de Marsa Alam (enlève 100 euros pour le pont inférieur), transfert de et vers Hurghada inclus.

70 € de taxe environnementale

50 € de surcharge carburant

25 € de taxe portuaire

25 € de Visa

 

50 € de pourboire obligatoire pour l'équipage, 20 € pour les guides (c'est un minimum).

 

Ce que j'ai payé en supplément :

70 euros de nitrox illimité

36 euros location de combi 5 mm à la semaine

18 euros location de palmes à la semaine

 

10 euros pour deux heures d'internet via Starlink

2 x 2 euros pour du café grains Lavazza

2,5 euros x 3 Stellas 50 cl

 

 

C'est tout pour moi. Si tu as des questions, n'hésite pas et encore une fois, merci de m'avoir lu !

 

 

Edited November 12 by Laga

[VincentD]

Merci @Laga pour ce CR très complet et écrit avec style...

Quitte à me répéter, vraiment merci, parce que je crois savoir que c'est long à faire, ce genre de CR

 

Et re-merci pour partager sans fard ce qui va, comme ce qui va moins. Comme cela est souvent rappelé ici, on peut aussi apprendre des erreur des autres.

 

Juste pour avoir une vue complète, est-ce que tu peux nous indiquer ce que t'as coûté le vol (ça donne une référence pour estimer le coût complet de ce genre de trip - et il me semble que Pegasus, c'est 20kg de franchise, mais je ne suis pas très certain de mon affaire).

[Laga]

@VincentD merci pour ton retour !

 

Le vol c'est 660 euros Marseille-Hurghada allez-retour, trouvé sur Opodo.com 10 jours avant. Je le mentionne car je trouvais moins cher sur d'autres comparateurs, mais dans des conditions clairement acadabrantesques et sans bagages.

 

Chez Pegasus c'est bien 20 kg en soute et 8 kg en cabine inclus.

 

A ce tarif là, tu es assuré d'arriver et de partir de nuit : il te faudra prévoir un hôtel à l'arrivée et au retour.

 

Au retour, tu es à Hurghada vers 13h, 13h30. Selon les conditions d'entrée à l'hôtel, tu peux soit booker une chambre jusqu'au soir, soit demander un day use, qui te laisse poser tes affaires dans un coin et profiter de la piscine.

 

 

[Falkor]

Merci pour ce CR qui retransmet bien les émotions et l'émerveillement 

 

En effet, se "sentir" et arriver à sauter une plongée quand on est en vacances, avec le trajet et pour un peu que ce soit "la" plongée avec des trucs qui peuvent passer....c'est pas évident.

Et je pense qu'on l'a tous fait, de sauter alors que c'est un peu le bordel dans les sinus et/ou dans les trompes

Avec plus ou moins de reussite....

 

[VincentD]

il y a 58 minutes, Laga a dit :

A ce tarif là, tu es assuré d'arriver et de partir de nuit : il te faudra prévoir un hôtel à l'arrivée et au retour.

De mémoire, très similaire en termes d’horaires à ce que fait Turkish de son côté.

Merci pour les précisions

[papiboilo]

Merci @Laga pour ce fabuleux reportage et tellement bien écrit