Le nouveau film de Nathalie Lasselin est doté d’un titre étrange. En langue tlingit, Héen Tàak veut dire « le fond de l’eau » et c’est justement dans le milieu aquatique que la réalisatrice se sent le plus à l’aise.

’abord, quelques précisions :
les Tlingits sont un peuple amérindien qui habitent la côte sud-est de l’Alaska, une partie de la côte de la Colombie Britannique au Canada et l’archipel Alexandre, juste en face. Leur rapport avec la nature reflète ce que
Nathalie Lasselin avait envie de transmettre dans ce film et c’est pour cette raison qu’elle a emprunté aux Tlingits les mots étranges de son titre.
Héen Tàak est le quatrième film de Pixnat Productions et, selon la réalisatrice Nathalie Lasselin : «
Ce n’est pas une histoire, mais une réflexion à notre rapport avec l’eau. C’est un film poétique et allégorique. »
C’est aussi un film d’une très grande beauté avec des images superbes de paysages sauvages et d’espèces en voie de disparition.
Nathalie a choisi l’Alaska pour cette rencontre avec le milieu naturel parce que c’est là où les humains ont eu les effets les plus dévastateurs sur la faune et la flore.
Le film raconte la chasse aux baleines, la quasi disparition des loutres de mer et des aigles à tête blanche – l’emblème des USA – la malbouffe des otaries et les effets de la surpêche de certains poissons, mais avec des images douces et touchantes.
Ce qu’elle réussit à transmettre dans ses images est son admiration pour le milieu marin : « J’ai senti que là où j’en étais dans ma carrière, c’était le moment de poser un regard amoureux sur l’environnement, de découvrir des espèces. Nous vivons dans un monde qui va vite. Je voulais prendre le temps de me poser pour exprimer mon admiration. L’essence de la vie est dans l’eau. Je prends le temps d’aller au fond de l’eau. Et j’admire. »
Et pourtant, Nathalie a tourné son film en très peu de temps et dans des conditions à faire frémir la plupart des plongeurs européens. Avec les 7 nœuds de courant habituel à cet endroit de l’Alaska que l’on appelle le Passage Intérieur, elle et sa collègue cameraman,
Olivia Aravecchia, ne pouvaient plonger qu’à l’étal.
Le boom planctonique, qui nourrit les espèces, limitait sérieusement la visibilité et la présence de glaciers dans l’eau ne laissait aucun doute quant à la température.
Accompagné par une superbe musique originale composée par Mathieu Lavoie, on se promène chez les crabes et les crevettes, on visite les plumoses géantes, étranges fantômes blancs, on sourit aux bouffonneries des loutres de mer et on écoute le
message de Héen Tàak.
Regardez bien le fond de l’eau : il y a là tout notre passé et tout notre avenir dans cette vision de la vie sauvage.
Les DVD de Nathalie Lasselin sont disponibles dans
sa boutique en ligne.
Les films de Pixnat sont dispo en France chez
hlbdive.com.
Texte : Carole Pither
Photos : Pixnat