15/01/2010
par Plongeur.com
Caisson Sea&Sea RDX et Canon 450D : vers la démocratisation du reflex en photo sous-marine.
En mer
Le bruit sec du mouvement miroir, perçu à travers le caisson, procure au plongeur photographe une satisfaction encore inconnue des utilisateurs d’apn. La commande de zoom est considérablement plus précise que celle des compacts. L’action directe sur l’objectif à l’aide d’une molette est très instinctive.
commande du zoom sur le caisson
La levier du déclencheur est intelligemment pensée : on peut soit la presser vers le bas
, soit vers l’arrière, grâce à son dessin en L, avec des surfaces de contact bien matérialisées.
détail déclencheur
Le tas de plastique qu’est le Canon 450D connaît une petite limitation, contrairement aux grand frères (50,7,1D) qui en possèdent deux, il ne possède qu’une seule molette de réglage. C’est moins pratique en mode manuel, qui est le mode par défaut du photographe sous-marin expert.
C’est effectivement un défaut sur terre, car pour régler le diaphragme, il faut simultanément maintenir un bouton et tourner une molette. La vigilance des ingénieurs de Sea&Sea est venue pallier cette carence. Pour cela, ils ont rendu verrouillable le bouton poussoir qui bascule le réglage de la vitesse à celle du diaphragme. L’existence de cette astuce indispensable devra impérativement être vérifiée si vous vous décidez pour un caisson d’une autre marque.
Le grand écran arrière facilite la lecture des paramètres de prise de vues. Les reflex de gamme supérieure affichent ces valeurs sur un écran auxiliaire. La simplicité du 450D devient donc un atout sous l’eau:
Utilisation des flashs avec les fibres :
Lors du test du Canon G9, j’avais regretté l’impossibilité de conserver la mesure TTL de l’exposition au flash avec le mode manuel de l’appareil. Fort heureusement, ce comportement ne se trouve plus sur les reflex Canon. Sur le 450D le pré-flash est systématiquement envoyé, même en mode M, ce qui signifie que le contrôle du flash intégré est TTL dans tous les modes.
Qui peut le plus, peut le moins : les flashs déportés, ici de marque Inon, peuvent donc être utilisés en sTTL ou en manuel.
La fibre apporte un confort considérable. Manuel ou TTL, l’avenir est clairement au pilotage par fibre, dès lors que le reflex est équipé d’un flash intégré. Ce qui n’est pas le cas des modèles professionnels.
Le mode haute lumière :
Il reste un domaine ou la pellicule argentique garde une avance sur le capteur numérique, c’est la dynamique de l’image : la capacité à enregistrer sur une même photo les zones les plus sombres et les plus hautes lumières. Sur ce point, les capteurs sont plus proches des diapositives (plus limitées) que des négatifs couleurs.
Sur le 450D, Canon utilise une astuce qui améliore très sensiblement les choses. Le mode haute lumière, sous-expose volontairement l’image, ce qui est favorable aux parties les plus lumineuses de l’image, et remonte de manière logicielle les parties les plus sombres. Les caractéristiques modernes du capteur CMOS associées à un processeur musclé permettent ce genre de manipulations. En photo, sous-marine d’ambiance, ou la scène photographiée est généralement prise en contre-plongée avec la lumière qui vient de la surface, ce mode sera utilisé en permanence.
La sensibilité nominale de cet appareil qui est de 100 ISO, monte alors à 200 ISO.
Le poids apparent de l’appareil en situation, avec toute son armada, sous l’eau n’est que légèrement positif (flottabilité légèrement négative). Il semble plus léger que le G9, dans la même configuration. C’est encore plus vraie avec le dôme en acrylique qui augmente encore le volume en diminuant le poids.
Avec un équipement de cette importance je ne saurais que trop vous conseiller de savoir le protéger dans le bateau. J’ai testé pour vous la solution cheap : la glacière souple Ikea à 3 € (rayon frais),
glacière Ikea
puis la solution grand luxe, expérimentée lors de l’opération Osiris la glacière Picard grand format à … 10€ :
glacière Picard
Résultats en ambiance
La vraie grande différence entre compact et reflex se situe au niveau de la formule optique au grand-angle. L’écart entre les solutions autour des compacts et ce 450D avec le fish-eye Tokina est saisissant. Avec le dôme retenu, pourtant le modèle le, meilleur marché de Sea&Sea, choisi selon les préconisations du fabricant, les résultats sont remarquables. Les déformations classiques des fish-eyes sont bien présentes, et jamais gênantes en photo sous-marine, mais le piqué sur les bords est remarquable. Il faut noter que pour ce système caisson-objectif, Sea&Sea propose deux autres solutions moins biens notées sur son tableau des compatibilités, Zoomer un fish-eye, ce que seul cet objectif permet, ouvre la porte aux macros d’ambiances : Ce jour là, si j’avais un fish-eye traditionnel, j’aurais eu peu de chance de pouvoir exploiter cette rencontre exceptionnelle. Grâce au mode haute lumière, associé au capteur du 450D, la dynamique des images permet d’avoir des Jpeg directs très propres. La proportion des images nécessitant une retouche est réduite à presque rien. Elle reste alors de la responsabilité du photographe et non plus de son équipement.Résultat en macro
Il faut le reconnaître on fait de très bonnes macrophotographies avec les compacts actuels. Avec le 450D, nous gagnons un objectif macro remarquable avec le EF-S 60 et la réactivité de l’autofocus du reflex. Les habitudes sont bouleversées. Le photographe habitué à son écran arrière sera dérouté par la visée directe quelques instants, mais le confort du déclenchement instantané dès que le sujet apparaît net dans le viseur convaincra les irréductibles. Photos réalisées avec l’objectif trans-standard 18-55 :Logiciels du Canon 450D
Le dématriceur DPP a fait de gros progrès depuis les premières versions. Si l'on fait une mise à jour gratuite sur le site Canon, on trouvera une version avec de nouveaux curseurs permettant un travail dissocié entre les bases et les hautes lumières. Il n'est pas encore au niveau de Lightroom ou Adobe Camera Raw pour rattraper les grands écarts de dynamique. En revanche il produit des images de qualité avec une colorimétrie irréprochable. Le dématriceur Raw Image Task fourni avec ZoomBrowser produit à partir des Raw, des clones parfaits des fichiers JEG issus de boîtier. C'est le troisième larron de la suite logiciels Picture Style Editor qui a retenu mon attention. Alors qu'avec la balance des blancs vous faite une correction colorimétrique globale, avec ce produit vous pouvez corriger sélectivement une couleur (le bleu de l'eau, par exemple…). Vous définissez, ainsi un profil que vous pourrez appliquer à tous vos fichiers Raw. Mais plus fort encore vous pourrez injecter ce profil à travers le câble USB (fourni) dans la mémoire du boîtier et traiter directement les JPEG à la prise de vue. Un bon moyen pour faire de l'eau bleue… dans l'étang de Thau…Conclusion
Investir dans un équipement reflex, est, il faut l’espérer, un engagement dans la durée. Y mettre les doigts, c’est rompre à la frénésie de changement d’équipement que l’on voit chez certains sur les forums. De la même manière que le Nikoniste / Canoniste, risque de rester longtemps fidèle à la marque du fait des investissements en objectifs, flashs et accessoires déjà réalisés, l’achat d’un caisson vous engage pour les mêmes raisons. Il sera très coûteux de s’équiper en une seule fois bien sûr. Il est courant de voir les candidats au reflex , commencer par la macro et poisson, avant d’investir pour la photo d’ambiance. En mars l’équipement suivant a été acheté en Espagne : Caisson RDX-450 + hublot standard : 1108 € L’équipement dôme + extension + commande de zoom pour le Tokina alourdi la facture de 695€. Il faut bien sûr ajouter le prix de l’appareil et des objectifs (450D + 18-55 acheté 550€). Le prix de ce caisson, surtout comparé à certaines solutions de luxe pour compact, peut être une vraie opportunité pour amorcer le grand virage. Ses qualités m’ont convaincu et je ne vois pas bien ce que m’apporterait un caisson en alu en dehors de l’intégration des poignées porte flash. Caisson RDX-450 :- PRIX
- Ergonomie générale
- 2 prises fibre optique
- Le système de fixation à baïonnette non rotative
- Poids
- Robustesse après 9 mois d’utilisation
- Facilité de mise en place de l’appareil
- Non sujet à la corrosion
- Pas de poignées fournies
- Je cherche encore
- Excellent rapport qualité / prix
- Encombrement, poids
- Qualité des images
- Appareil très complet
- Mode haute lumière
- Compatible avec le Tokina 10-17
- Suite de logiciels
- Pas de balance des blancs en degré Kelvin
- Liveview anecdotique (comme tous les autres reflex)
Glossaire :
Commande de zoom : Zoom gear en anglais, bague crantée que l’on fixe autour de l’objectif et qui est commandée de l’extérieur du caisson par un système d’engrenages.
détail commande zoom objectif
Dôme : on parle de dôme pour un hublot de forme hémisphérique. Ce type très particulier de hublot est utilisé avec les objectifs grands-angles ou fish-eyes. Ils permettent de conserver sous l’eau, l’angle de champ initial de l’objectif qui derrière un hublot plan se réduit considérablement comme derrière le masque. Le dôme améliore également s’il est bien adapté les performances de l’objectif par rapport à un hublot plan pour les objectifs grands-angulaires. Il se comporte comme une lentille divergente, une image viruelle est créée devant le dôme.
Extension : (port en anglais) sont des bagues allonges qui assurent le lien entre le caisson et le dôme. Un même dôme peut nécessiter une extension différente pour parfaitement s’adapter au couple caisson objectif utilisé. Voir à ce sujet l’excellente discussion ouverte par Bernarb animateur de notre forum favori. Elles ne sont pas toujours nécessaires : c’est le cas pour le hublot standard de ce test qui est d’un allongement parfaitement adapté pour plusieurs objectifs.
Fish-eye et grand-angle : dans les deux cas il s’agit d’objectifs à large champ, qui permettent sous l’eau d’approcher le sujet au plus près tout en cadrant le plus large possible. La différence se situe au niveau de la formule optique. Un grand-angle dit orthoscopique limite les déformations sur les bords de l’image : une droite reste une droite. Un fish-eye ne cherche pas à limiter ces déformations. En contrepartie à distance focale identique il embrasse un champ bien plus large. Par exemple un 10-20 Sigma aura un angle de champ très inférieur au Tokina 10-17.
Format APS : les capteurs des reflex grand publics ont un capteur dit APS en souvenir du format de cette pellicule née et morte peu de temps avant l'avènement du numérique. Le capteur mesure chez Canon 15x22 mm à comparer au 24x36 des pellicules historiques et des capteurs dit "plein format" des appareils hauts de gammes. Le champ couvert est donc 1.6 plus petit que sur un 24x36 (1.5 sur les Nikon).
Hublot : on parle de hublot quand celui-ci est plan (voir dôme). On l’utilise en macrophotographie où la réduction de l’angle de champs est ici favorable : le sujet semble plus proche et plus gros.
TTL au flash et sTTL : La mesure de la lumière du flash est réalisée directement sur le capteur à travers l’obectif (Trough The Lens), par l’analyse d’un pré-éclair. Dans le sTTL, la commande des flashes externes (allumage et extinction) se fait à travers une fibre optique (et même aujourd’hui sans fibre du tout) selon un protocole très simple. Voir les explications
- Photo et Video sous-marines
- Tests Photo