
Perdu sur l'océan Pacifique dans l'archipel des Tuamotu, Fakarava est le deuxième plus grand
atoll de Polynésie française. Cet archipel est composé uniquement d'atolls, anneaux coraliens qui enferment un vaste lagon, résultant de l'effondrement d'îles selon un processus naturel de plusieurs millions d'années. La plupart de ces anneaux coraliens sont entrecoupés de passes, vestiges immuables des anciennes rivières de l'île originelle.
Les passes occasionnent des échanges entre océan et lagon lors des marées, et deviennent à chaque flux le terrain de chasse des grands prédateurs. Les atolls, avec leurs couleurs éclatantes sont de véritables joyaux. Préservés d'une activité humaine encore faible, ils présentent une faune, flore, et configuration sous-marines qui en font une référence en terme de spots de plongée.

Développé pour le tourisme depuis relativement peu de temps et faisant partie d'une réserve de biosphère protégée par l'Unesco, Fakarava saura conquérir le coeur des voyageurs locaux ou étrangers désireux de sortir des destinations phares, Rangiroa, Moorea, Bora-Bora, Huahine...
L'arrivée sur l'atoll est tout ce que l'on peut attendre d'une virée authentique dans les Tuamotu : le turquoise du lagon, une bande étroite de terre de corail à fleur d'eau, les cocotiers... Le calme et la nonchalance vous envahissent dès que l'avion est reparti.
Nous prenons la route de la pension de famille. Pour l'hébergement, le choix n'est pas très compliqué, et reste surtout une question de disponibilité ou de prix. L'atoll tout en longueur est coupé à ses extrémités nord et sud par 2 passes. Seul l'Est de l'atoll est habité, et est dôté de la plus belle route jamais construite en Polynésie pour aussi peu d'habitants. Elle permet donc sans aucun GPS :-) de rejoindre le seul hotel ou l'une des 5 pensions de famille de Fakarava.
Pour notre part, direction la pension Vaiama, à environ 10 kilomètres de l'aéroport.

La pension ne déroge pas à la règle, on nous accueille avec le petit déjeuner, devant le long ponton si typique de ces îles.
Les chambres sont simples et sympathiques, toutes en matériaux (à peu près) locaux.
Cadre sympa, assez soigné, moustiquaires au dessus des lits, on peut donc enfin s'attarder à un petit repos réparateur en attendant la première plongée ! ... car c'est bien le seul objectif de notre venue : plonger à Fakarava.
Les centres de plongée sont peu nombreux, ce qui n'est pas un mal compte tenu de la taille de l'île. Les spots de plongée sont peu variés sur le papier, mais la configuration d'au moins un de ces spots permet de varier les plongées : une passe très large d'environ 1km d'où on part en dérivante.
L'intérêt reconnu de la plongée dans les atolls est de voir de la grosse faune dans les passes, au moment où le lagon intérieur se remplit. Les 2 passes représentent donc les 2 spots de plongée prisés de l'atoll. Sur le "catalogue" des spots, quelques autres endroits apparaissent. La passe nord est celle qui se trouve au plus près du village et des pensions tandis que la passe sud est plutôt le spot dédié aux sorties de 2 ou 3 jours compte tenu de l'éloignement. Peu importe, je ne connais rien, je suis là pour découvrir la "plongée à Faka".
La pension où nous sommes se trouve à 5 minutes à pied du centre Top Dive, notre choix de centre, question de commodité.
Top Dive Fakarava se situe dans l'hotel Maitai Dream, et est officiellement sur l'atoll depuis 10 mois. Tout le matériel est récent, jusqu'au bateau tenu par "Capt'ain". Matthias et Greg vous accueillent dans le bungalow de Top Dive pour l'équipement.

Toutes nos plongées se sont déroulées sur la passe nord, sur le site de Garuae. Les horaires des plongées sont calculés sur la marée afin de plonger dans la passe courant entrant. Cette règle est valable pour la très grande majorité des plongées dérivantes dans les passes. Le relief sous-marin des îles de Polynésie est très abrupt et on atteint très vite plusieurs centaines de mètres voire plus aux abords du récif. Sur une plongée non maîtrisée, la force phénoménale du courant sortant qui épouse le relief vous embarquerait facilement vers une profonde macabre.
Nous sommes au mois d'août, belle saison mais qui semble ne pas forcément être la meilleure pour la plongée, il y a pas mal de vent dans les Tuamotu, et la mer est souvent agitée.
Pour rejoindre la passe nord, depuis Top Dive, il faut compter 15 à 20 minutes. Le centre Te Ava Nui est 5km plus près de la passe. Nous avons plongé en petites palanquées de 5, ce que j'apprécie particulièrement.
Dès l'arrivée dans la passe, le courant se voit en surface: une zone de fortes turbulences est localisée sur la partie ouest de la passe, et ne donne pas particulièrement envie.
Nos premières plongées se sont faites à faible courant, sans doute pour nous tester...
Le fond corallien est superbe, préservé et sauvage. La vie est abondante, et peu farouche. Nos deux premières plongées seront belles, sans être encore exceptionnelles, avec une eau hélas un peu laiteuse, mais cela ne se prévoit pas. Tout est relatif, mais on nous parle tant du gros que l'on n'attend plus que ça, et l'on oublie le reste et même le pas si petit que ça !
La passe nord est tellement large que les rencontres sont moins calculées. Si vous aimez la surprise des rencontres, Fakarava est pour vous. Les requins abondent, pointes noires, requin gris, pointes blanches. Barracuda et beaux thons à dents de chien ponctuent la plongée le long du tombant. La pente est douce, et le relief est peu accidenté. Les plongées se font à environ 30m.

Mais faut-il rappeler que chaque plongée est différente ? Justement la dernière me réservera des sensations exceptionnelles.
Le point de départ est d'avantage centré sur la passe, tandis que les précédentes nous faisaient partir du bord Est, plus abrité.


La mise à l'eau se fait dans le bleu intense, on ne voit pas le fond, mais Greg nous indique de plonger à pic. Nous n'avons aucun repère, tête baissée dans le bleu profond, du coup nous n'avons aucune sensation de courant.
Au bout de 30 secondes, nous apercevons en dessous de nous une dizaine de pointes noires qui planent et peu à peu le fond à 50 ou 60m se dévoile sous les requins. Le fond corallien commence à défiler.
Nous passons le long de "la piste de ski", une pente homogène parsemée de sable blanc, qui se termine par un plat que nous survolons. Sans nous en rendre compte, nous sommes passés sous les requins, et le jus s'accentue peu à peu mais reste raisonnable.


Au détour de la piste de ski, le courant nous pousse vers un autre petit tombant. Greg nous demande de stopper, de nous cramponner au sol. Ce premier arrêt où nous nous retrouvons comme une brochette de plongeurs, permet de contempler les requins gris qui évoluent le long du tombant, mais surtout de sentir monter le jus comme une bourrasque en pleine figure. Le détendeur tremble en bouche avec le courant. Un moment de délire et j'imagine que les fabricants devraient étudier des détendeurs plus aérodynamiques. Les requins , eux, sont taillés en soufflerie semblent être totalement insensibles au courant.
La sensation nous prend. Le courant est comme une masse homogène, avec une force constante. L'attente du top départ se fait attendre...


Greg en se décrochant lance le feu vert, et nous sommes happés par le courant. Nous sommes à 28 m, le relief remonte et cela augmente rapidement la puissance et vitesse d'aspiration. On se sent accroché d'un seul coup à un train en marche. C'est à peu près à ce moment là que je me suis pris pour un avion de chasse. Un boulet de canon, en rase-motte à 1m ou 2 des champs de coraux, j'essaye de maîtriser mon "altitude". En effet, le relief devient parfois un peu plus accidenté et il faut faire attention à remonter à l'approche des pentes qui arrivent à grande vitesse, sous peine de s'accrocher violemment au corail saillant. Ca pulse de plus en plus ! Nous sommes passés dans la zone des 12m, comme un goulet d'étranglement à l'horizontale. Le corail défile à environ 3 ou 4m/s. Les plongeurs gesticulent pour corriger leur assiette, et il faut faire quelques corrections de trajectoire vives et musclées pour suivre le guide de palanquée. Habitué, Greg sait où le courant nous embarque, et il faut réorienter le groupe pour rejoindre un point remarquable.
Je ne sais pas à quelle vitesse on évolue... mais ça déménage et le corail défile à l'accéléré sous mes yeux. Etrange sensation de glisse, celle que j'aime et qui manque tant à la plongée qui cultive encore trop une image de loisir au ralenti. Point de narcose en vue, mais on est sur une sacrée piste, d'autant que la visibilité est très bonne à 70m sans problème, le panoramique renforce l'impression de vitesse. J'ai maintenant l'air des Beach Boys [California Girsl] qui agrémente ma voltige. C'est génial... je ne m'entends même plus respirer, j'ai l'air en tête et je vole.


Au détour d'un pâté de corail, Greg nous amène sur "Alibaba". Après un nouveau piqué, nous nous retrouvons sur un véritable oasis. Un genre de petite vallée enfoncée d'environ 200 m2, nappée de sable blanc et de patates de corail au look artificiel.
Le renfoncement atténue très fortement le courant qui nous passe au dessus, et permet de faire une pause dans notre course effrénée.
Un requin pointe blanche de 2m est posé sur le sable clinquant, comme si c'était préparé. On se fixe à 2m de lui, on l'admire, agrippé au sol comme des touristes dans leur autocar. C'est splendide ! ...et limpide, j'ai l'impression que la visibilité atteint 100m tellement tout est clair.
Alibaba est protégé, mais régulièrement, les remous du courant nous remettent une claque et veulent nous embarquer. C'est un peu plus vicieux car ce n'est plus cette force constante à laquelle nous étions habitués depuis 20 minutes au moins. Nous suivons Greg, en rampant, alternant coups de palmes vifs et prises de doigts sans abîmer le corail. Je ne sais pas ce qu'il y a comme poissons, ils sont partout. Quand je suis plaqué au sol agrippé à un corail, les poissons locataires me dévisagent, se mettent face à moi à 20cm du masque comme pour me dire quelque chose. Je crois que nous sommes leur spectacle.
Nous continuons la varappe, en passant de corail en corail, et en remontant sur le haut de cette "vallée". C'est la fin d'Alibaba.
Nouveau drapeau à damiers, nous redécollons (j'attendais ce moment avec impatience !), et comme les tortues du film Némo, nous nous rattachons à la colonne d'eau. Coup d'oeil sur l'ordinateur à qui il manque décidément un speedomètre (...), cela fait une trentaine de minutes que nous surfons, ça sent le début de la remontée, l'effort tirant d'avantage sur les blocs...


Cette fois, nous nous laissons faire, le courant nous prend et la remontée se fait très progressivement. La distance au sol augmente et change toutes les sensations. Le courant est toujours fort, mais les images défilent moins vite. J'arrête la musique, et nous entamons une remontée lente et un palier de sécurité. Greg sort le parachute, car pour le coup, nous sommes au milieu de nullepart. Nous sommes partis il y a 35 minutes. Après environ 40 minutes de plongée, fin du palier fait en accord avec les différents ordinateurs de la palanquée, nous remontons les derniers mètres en réalisant que nous avons atterri à l'endroit le plus agité de la passe, dans les remous.
Nous avons peut-être parcouru 1km sous l'eau, peut-être plus, mais le "Cap'tain" a un bon oeil et le bateau est sur place rapidement.

La remontée sur le bateau est sportive. Les fortes vagues rapprochées balancent le bateau comme un pantin. Dans ce nouveau manège, il faut attraper fermement l'une de deux énormes échelles, pendant leur phase descendante, et remonter tout équipé.
Fin du surf sous-marin, on en a tous pris plein le palpitant, dans un cadre féérique. Tout le monde est un peu lessivé, le retour sera calme sur le bateau, et la sieste qui s'annonce sera magique ! C'est peut être ça la nouvelle plongée : une plongée qui déménage !
Embarqué dans cette "plongée de glisse", j'en oublie presque les détours de Fakarava, cet atoll si généreux, si préservé d'une masse touristique, et avec ses habitants naturels et spontanés... Prenez aussi le temps d'une balade le long de l'océan, sur cette côte de corail déchiré. L'air du très grand large, le corail qui se casse sous vos pieds sur un air de porcelaines qui s'entrechoquent..
Depuis l'ensemble des pensions ou de l'hotel, vous avez accès en 3 coups de palmes à une faune et flore sous-marines exceptionnelles. Pour les plus terrestres, on vous sert sur un plateau un catalogue de cartes postales dont les plus typiques auront un frêle ponton qui se jette dans le lagon turquoise, sur fond de fermes perlières...


Vous serez bien évidemment sollicités par différentes fermes perlières pour des visites interessantes et instructives sur ce qui représente l'activité phare de cet archipel. Les prix pratiqués sont honnêtes, mais la perle reste un objet cher.

Le soir, si vous êtes un fêtard, vous serez malheureux dans les Tuamotu :) Heureusement, le snack juste à côté de la pension Havaiki est animé, le tout dans un décor très sympathique.
Vous l'aurez compris, ce qui m'a changé l'image de la plongée, c'est cette glisse à grande vitesse, qui m'a largement fait oublié la rencontre de gros prédateurs. Une sensation que je ne suis pas prêt d'oublier, et que je conseille à tous !
Fakarava pratique
Top Dive Fakarava
Tel: (689) 98 43 76
GSM : (689) 29 22 32
BP 174
98 763 Fakarava
Polynésie française
Site web Top Dive Fakarava
Te Ava Nui
Centre de plongée pionnier sur l'île.
3 bateaux et 3 à 5 moniteurs selon la saison.
1 base principale au village de Rotoava et
des safari plongée rganisés sur 2 ou 3 jours
à la passe sud de Fakarava et sur celles de Toau.
Plongée à la demande ou en venant se greffer sur
des sorties déjà prévues.
Site web Te Ava Nui
Fakarava Diving Center
Serge HOWALD
Bp 79
98763 Rotoava
Fakarava
Tél mobile : (689) 73 38 22
Tél/Fax : (689) 93 40 75
E-mail : fdc@mail.pf
Site web Fakarava Diving Center
Réglementation de la plongée sous-marine en Polynésie française :
La profondeur maximale est limitée à
29 m pour les plongeurs de niveau 1
(padi ow et padi aow, ffessm, anmp, cmas*, padi, naui, ssi)
49 m pour les plongeurs de niveau 2
(ffessm, cmas**, anmp, pado rescue diver, naui et ssi
60 m pour les plongeurs de niveaux supérieurs
Le site des pensions de famille de Fakarava
Le site de l'Hotel Maitai Dream Fakarava
Crédits photos : Marco Daturi, Bernard Begliomini