Plongée et handicap: un dimanche à Gennevilliers
La section plongée du CVHG est née en 2000 de la volonté de deux hommes Mohamed Grichi et Daniel Sarrazin l’un des précurseurs de la plongée pour handicapés en France . Au départ l’idée de Mohamed, aujourd’hui président du club, était de créer une section plongée-handi au sein du club de plongée local.
Cette section ne voyant pas le jour, Mohamed et Daniel se sont lancés dans l’aventure de la création d’un des rares club spécialisés dans la plongée pour handicapés.
Ils ont reçu l’appui du CVHG, une association locale tournée vers l’insertion des handicapés, qui a modifié ses statuts pour étendre son activité au handisport. L’activité a débuté en 2000 avec les 5 premiers élèves.
Ce qui surprend en arrivant c’est qu’aucun équipement spécial n’est installé pour accueillir ceux qui laissent leur fauteuil au bord du bassin. En fait tout repose sur la volonté des élèves et la disponibilité des encadrants.
Et de la volonté il en faut comme dans le cas de Didier que ses jambes portent avec difficulté. Il plonge depuis 2005 et il a pratiqué la relaxation pour vaincre son aqua-phobie. Deux ans plus tard il reconnaîtqu’il lui a fallu une vingtaine de plongées en mer pour surmonter son inquiétude et que, sans la confiance totale dans ses moniteurs, rien n’aurait été possible.
Au cours du séjour organisé en Egypte en septembre dernier pour fêter les 25 ans de la plongée au sein de la FFH (fédération française handisport), il a inscrit la 30eme plongée sur son carnet.
Humberto a connu la mer de son Cap Vert natal mais il a découvert la plongée bouteille ici, à Gennevilliers. Il n’avait pas d’appréhension mais n’imaginait pas la liberté que pourrait lui procurer sous l'eau la stab. et le détendeur.
Et en fin de séance, quand tout le monde est sorti de l’eau il est le seul, toujours accompagné de ses encadrants, à faire une longueur à la force de ses bras. Humberto est paraplégique.
Un jour, c’est sur, il plongera en mer.Les moniteurs sont tous diplômés FFESSM mais également FFH, comme Thierry, moniteur fédéral FFESSM et C3 FFH. Pour lui chaque niveau acquis par l’élève est le fruit d’une progression individuelle prenant en compte le handicap. Pour le premier niveau, le HP1, l’élève saura s’équiper et pourra faire un baptême en mer. Pour le HP2 l’élève sera autonome dans son handicap. Viendront ensuite, peut-être, en fonction du hadicap et de la volonté, le niveau HP3.
Dans l’eau l’organisation de l’encadrement des HP1 et HP2 repose sur la présence de deux moniteurs : l’un est chargé d’assurer la flottabilité et le déplacement de l’élève, l’autre observe son comportement. Au-delà, pour les HP3 les règles de l’encadrement sont allégées mais, dans le cursus FFH, le handi-plongeur est toujours accompagné d’au moins un moniteur.
Pour être « autonome » le handi-plongeur devra passer les niveaux 1 puis 2 FFESSM. Yann , moniteur C2 et niveau 4 initiateur regrette qu’il n’y ait pas d’équivalence vers le niveau 1 et 2 pour les élèves les plus à l’aise ce qui les oblige à suivre un nouveau cursus alors même que leurs acquis ont été validés.
A la piscine de Gennevilliers ce dimanche il y avait également 12 stagiaires en voie d’acquérir les niveaux de monitorat C1 et C2 FFH. Lors du debriefing, Thierry, C3 et MF1, leur a rappelé qu’il fallait laisser aux élèves le maximum d’autonomie permis par leur handicap.
En fait tout repose sur un principe : le handicap propre à chacun constitue un butoir que chaque plongeur doit repousser en douceur, sans se préoccuper du temps passé, toujours accompagné de ses moniteurs.
Le dernier mot revient à Philippe, infirme moteur cérébral, qui lui aussi avait la phobie de l’eau et qui, après deux ans au sein du club, revient d’Egypte avec un nouvel objectif : surmonter son vertige quand, de la surface, il voit le fond. Mais comme il le dit lui-même avec un brin de satisfaction : « A 53 ans, c’est plus difficile que pour les autres handicapés plus jeunes, non ? ».
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