La vie d'Amira en eaux troubles...

Amira s’accommodait à son nouvel environnement : l’eau y était bien plus chaude et claire qu’avant. Il y avait toujours du courant mais beaucoup moins fort qu’avant, permettant à Amira de se nourrir, agrippée au corail. La seule chose qu’elle faisait était de nager au dessus des jardins de corail en s’y posant dedans, de temps en temps, pour manger.

Beaucoup de choses avaient changé. La première étant le bruit : il y avait plus de bruit qu’auparavant et venant de différentes directions. Quelquefois, elle pouvait entendre un long son aigu venant de la surface. Quand elle regardait en haut, elle pouvait voir un gros poisson nager à la surface, battant si fort de sa queue que l’eau devenait blanche. Parfois, il y en avait beaucoup, nageant de haut en bas, en cercle et d’autre fois, il n’y en avait juste un. Ils étaient de formes différentes, petits et rapides ou d’autres gros et plus lents.  Certaines fois, elle voyait d’autres grosses et étranges créatures. Elles étaient sombres et pataudes, avec 4 grosses tentacules : 2 longues et 2 plus courtes sur le coté. Elles avaient aussi quelque chose de brillant sur leurs dos. Les 2 tentacules arrière bougeaient de haut en bas, avec des bulles bruyantes sortant de leur bouche. Leurs comportements étaient également très étranges : elles s’approchaient très près d’Amira, tout spécialement quand celle-ci mangeait. Certaines de ces créatures restaient là à la regarder, d’autres la touchaient et parfois, Amira était aveuglée par des flashs de lumière. Comme elles se déplaçaient lentement, Amira pouvait facilement nager loin d’elles et s’échapper. Cependant, il est arrivé que l’une de ces créatures l’attrapa avec ses tentacules avant, alors qu’elle nageait vers la surface pour respirer. Elle faillit se noyer ! Heureusement, elle put mordre la créature et se libérer !

Amira remarqua aussi le comportement étrange de ses compagnes. Une fois par exemple, l’une d’entre elles était posée sur le fond, sur sa carapace, avec quelque chose de long, fin et brillant, autour du cou. Cela allait du cou jusque dans le corail et cela serrait fort autour du cou. Une autre fois, elle vit une autre tortue, inanimée, avec la même créature dans sa bouche qu’elle aussi avait essayé de manger et qu’elle était parvenue à recracher. Même en nageant autour de la tortue, elle n’obtint aucune réaction. Malheureusement, cela arrivait souvent de voir des créatures flottantes qui ressemblaient à des méduses mais qu’Amira ne pouvait ni mâcher ni avaler, un peu comme celle avec laquelle elle avait failli s’étouffer mais plus petite. Des fois, elle trouvait aussi des créatures sur le fond, petites, rondes et blanches mais ne pouvait pas les manger. Il arrivait qu’elle pouvait avaler d’autres créatures mais cela ne lui faisait pas de bien, elle devait alors se poser au fond pendant un moment, incapable de bouger, avec des maux d’estomac atroces avant de pouvoir recracher.

Le jour commença à décliner et Amira sentit qu’il était temps de se reposer. Avant cela, elle avait besoin de remplir ses poumons avec suffisamment d’air pour dormir jusqu’au matin. Elle entama sa montée, doucement. Quand elle arriva en surface, elle entendit de nouveau ce son aigu, très clairement et se rapprocha. Cela devait être l’un de ces poissons qui nageait rapidement en surface. Elle releva la tête, une fois, deux fois, trois fois, respirant à chaque fois. Quand elle fut prête à plonger, quelque chose la percuta fortement, elle fut violemment projetée sous l’eau, en roulant plusieurs fois sur elle-même. Finalement, elle s’arrêta de rouler et il lui fallut un peu de temps pour reprendre ses esprits. Elle réalisa qu’elle était toujours en surface et avait très peur. Elle attendit que l’eau s’arrête de bouger pour essayer de se calmer. Le choc avait été fort, comme une vague dure et bruyante sur sa carapace. Elle ne savait pas combien de temps s’était écoulé mais elle reprenait peu à peu le contrôle d’elle-même. Il faisait sombre maintenant. Amira dressa sa tête et regarda autour, ne pouvant voir quelque chose. Elle essaya de nager mais ses nageoires ne répondaient plus : celles de devant bougeaient normalement même si elle les sentait plus lourdes alors que celles à l’arrière ne bougeaient plus. Elle tenta de plonger mais se sentant très faible, abandonna, s’enfonçant dans un état de demi-conscience. Elle se laissa porter par le courant, l’eau était calme et chaude maintenant.Amira avait été accrochée par un bateau rapide à moteur et abandonnée sans aide, au milieu de la mer. Après avoir échappé à de nombreux dangers naturels ou lié à l’intervention humaine, elle avait été victime de l’un des accidents les plus communs pour les tortues de mer. Heureusement, elle survécut grâce à la résistance de sa carapace, mais elle était maintenant beaucoup plus vulnérable. Elle était doucement emportée par le courant, dans la nuit, vers un futur très incertain…