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Plongée profonde et surveillance surface
Pour cette étape, tout est affaire d'information et de rigueur. Les outils à disposition porte le nom de carte marine, GPS et enseignures, qui se révèlent être aussi irremplaçables qu'au temps où le mot électronique n'était pas encore dans le dictionnaire. La carte marine permet de déterminer une zone grossière où se trouve le site à explorer, et la route à suivre pour y arriver. Le GPS s'avère particulièrement pratique pour retrouver précisément et rapidement un site déjà repéré au préalable. Les enseignures, pour peu que les amers soient réellement caractéristiques, ont fait suffisamment leurs preuves pour repérer sans difficulté une zone que le sondeur viendra affiner. Car c'est le sondeur qui est au final l'élément clé de ce repérage. Et sa lecture n'est pas toujours facile, car parfois rien ne distingue vraiment une epave dont la plus haute partie remonte de moins de trois mètres, des éléments du fond alentour. Rien si ce n'est un changement de couleur sur une toute petite zone, une minuscule tâche de couleur qu'il faut immédiatement interpréter comme étant une partie métallique. Là réside " le coup d'œil du maître ", la lecture de l'habitué des tôles. La phase de balisage peut commencer.
2. Le balisage
Nul ne peut espérer plonger sur une épave profonde aussi petite, tout comme sur une épave d'avion ou une petite roche, en se jetant à l'eau sans point de repère. Ce point de repère peut être le mouillage du bateau, si les conditions météo le permettent et si le fond n'est pas trop important. Mais c'est plus souvent grâce à une balise que les plongeurs retrouvent avec précision l'endroit où se trouve le site repéré quelques instants auparavant au sondeur.
Mais une balise est bien plus qu'un simple flotteur lesté. C'est avant tout un compromis entre différents éléments qui doivent lui permettre de rester bien en place, quelles que soient les conditions.
- Un flotteur trop volumineux et la prise au vent fait dériver l'ensemble. Trop petit et il risque de couler s'il y a du courant.
- Un cordage trop long et le pendeur est oblique, rallongeant le temps de descente des plongeurs. Trop court et le pendeur ne touche pas ou peu le fond, ce qui le fait dériver.
- Un cordage trop gros et le pendeur subit les assauts du courant. Mais s'il est trop fin, il devient difficile à remonter car il coupe les doigts, n'est pas facile à distinguer sous l'eau et risque de casser.
- Enfin le lest ne doit être ni trop lourd ni trop léger, afin de ne pas dériver mais être malgré tout récupérable après la plongée.
Cette balise doit être jetée le plus rapidement possible dès le site repéré au sondeur. Elle doit descendre rapidement pour en être la plus proche possible. L'idéal pour cela est qu'elle ne subisse aucune tension durant sa descente, le cordage amoureusement lové dans un bac, afin de favoriser son déploiement. Tout est affaire de doigté et il est plus prudent de remonter une balise qui ne semble pas correctement positionnée plutôt que de vouloir s'entêter à plonger rapidement, parfois inutilement.
3. La mise à l'eau et la surveillance
Une fois les plongeurs mis à l'eau et descendus le long de la balise (sans la toucher…), le rôle du pilote n'en est pas terminé pour autant. Une grande partie de la sécurité de la plongée dépend de lui et de son équipage.
Le pilote surveille les conditions météo et leur évolution, la présence de courant et le déplacement des bulles en surface. Il peut même vérifier au sondeur la présence de panaches de bulles au dessus du site, afin de confirmer que les plongeurs sont bien descendus là où ils le souhaitaient.
Nul n'est plus angoissé, lors d'une plongée profonde, que celui qui reste en surface à attendre que tout le monde remonte, sans jamais réellement savoir ce qui se passe sous la surface. Le pilote, qui cumule parfois le rôle de directeur de plongée, attend en essayant de vérifier que le timing est respecté. L'arrivée de parachutes de palier et la progression de bulles le long de la balise ou du mouillage sont autant d'éléments qui rassureront un peu le pilote.
Un œil sur le sondeur et le GPS, l'autre sur les alentours et les bateaux qui s'entêtent à ne pas vouloir voir le pavillon de plongée, le cerveau monopolisé par la conduite du bateau, les oreilles assourdies par le moteur et la VHF, le pilote ressemble à une pieuvre multi-tâches et doit malgré tout rester disponible pour parler à son équipage ou à d'autres plongeurs qui se préparent. D'autant que la manœuvre d'un bateau n'est jamais facile si la mer s'en mêle et si les plongeurs s'ingénient à rester en surface quelques minutes.
4. La remontée
La plongée touche à sa fin et les plongeurs commencent leur décompression. C'est le moment pour le pilote de favoriser à son niveau le bon déroulement de cette phase critique. Il peut s'agir de se positionner à proximité de la balise afin d'envoyer une ardoise ou un plongeur de sécurité. Mais le pilote peut également mettre en place un pendeur plus important, du gaz de secours, un narguilé oxygène fixé au bateau ou accroché sous une grosse bouée, ou tout simplement faire descendre du matériel de communication, de la nourriture et des boissons dans un sac, ou un tuyau d'eau chaude pour les plus prévenants.
Là encore les minutes sont longues pour le pilote, surtout si les plongeurs sont positionnés sous le bateau, ce qui le rend moins maître de sa manœuvre. C'est en général un soulagement discret lorsque les plongeurs réapparaissent en surface et que tout semble bien aller. Inutile de croire que le rôle d'un bon pilote est terminé. Il lui faut encore récupérer le plus délicatement possible ses plongeurs, leur assurer une certaine stabilité à la mer au moment de la remontée à l'échelle et du déséquipement sur le bateau. Il doit aussi récupérer le balisage et les pendeur, tâche qu'il mène parfois à bien tout seul, les plongeurs prétextant une absence d'efforts après la plongée afin d'éviter de lui donner un coup de main…
Mais le pire, ce sont les commentaires émerveillés des plongeurs après une plongée mémorable et la frustration d'un pilote qui, comme Bernard, est aussi moniteur de plongée et aurait sûrement préféré plonger avec eux. Mais sans rien dire, il écoute le récit des plongeurs, qui prend déjà des allures de roman. Et progressivement un grand sourire barre son visage, car il sait que sans lui, cette plongée n'aurait pas existé.
- Plongée Tech, Spéleo, Epaves
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